Récit de la course : L'O'Rigole - 82 km 2014, par Jam

L'auteur : Jam

La course : L'O'Rigole - 82 km

Date : 6/12/2014

Lieu : Le Perray En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 3208 vues

Distance : 82km

Matos : Fellraiser aux pieds
Short Salomon
Sac Oxytis
3 couches + gants
lampe Armytek

Objectif : Terminer

4 commentaires

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Mon Origole à moi elle me parle d'aventure

Avant avant l'Origole

2014 était une année de première. Premières longues distances et premier ultra (l'UTV début septembre). Je n'ambitionnais plus rien après cela. Juste une ou deux petite course comme les 7 Hameaux pour dérouler tranquille jusqu'à la fin de l'année.
Titillé par les échanges sur le forum à propos de l'Origole...voilà qu'un soir j'annonce à ma tendre épouse, que finalement, à bien y réfléchir....en fait...ben...je me suis inscris à cette petite course. Faut dire que cette course n'a lieue que tous les 2 ans alors attendre 2016 ça m'embêtait un peu aussi :)

Ah, et puis je me suis donné un objectif tout bêta: avoir mes points UTMB, même si je n'ai pas l'intention de m'inscrire à cette course dans un futur proche. C'est juste un objectif de point et pouvoir me dire...c'est donc possible.
Voici donc pour les motivations. Bien bien bien. Mais y'a un petit hic. C'est qu'on est déjà en octobre, que j'ai bien récupéré en septembre de l'UTV, c'est à dire que j'ai mangé et grossi, et pas beaucoup couru non plus! Il y a donc un déficit d'entraînement certain ! Il faut que je passe rapidement de 2 sorties par semaine à 4/5 et que cela ne viennent pas trop empiéter sur la vie de famille car madame crise un peu.
Pour remplir cet objectif, et vu qu'il y a beaucoup moins de dénivelé qu'à l'UTV je décide de changer radicalement de méthode d'entraînement. De 4 séances de CAP variées (cardio, VMA...) + 1 vélo que j'avais mis en place pour l'UTV, je passe à 5 séances: 2 CAP (1 VMA et 1 longue le dimanche) + 1 vélo (pour les jambes) + 1 natation + 1 Viet Vo Dao (art martial vietnamien plutôt très dynamique et physique pour le cardio).
Je peux d'ores et déjà donner ma conclusion: ça a fonctionné à merveille et je pense continuer à l'avenir à m'entraîner sur ce mode afin de préserver mes articulations.

Avant l'Origole (la semaine et les heures qui précèdent quoi):
Bah, j'ai fais du jus...donc rien du tout enfin si un dernier entraînement de Viet le mardi qui a été particulièrement physique...j'ai eu peur d'en avoir trop fait et de ne pas être bien pour l'Origole, mais cela n'a point été le cas au final.
Samedi:
Les affaires sont prêtes depuis vendredi mais le sac pas rempli. Bah voyons, je veux pas faire mon Etienne. Sauf que ça a failli Déçu Fin de journée cata, retardé je dois partir en catastrophe à l'Origole. Je m'habille à toute vitesse, j'englouti mon GatoSport et je saute dans la voiture avec ma tendre épouse direction Le Perray.
Pas trop dur de se garer malgré le monde. En sortant de la voiture le froid me saisi d'un coup...je m'interroge alors sur mon choix vetimentaire: le short ! Mais bon je me rassure en me disant que je souffre rarement du froid au niveau des jambes. Et puis c'est l'arrivée dans le gymnase, celui où nous entrerons et ressortirons. Un moment clé de cette course. Le dossard est vite récupéré auprès des gentils bénévoles, la charte signée et direction les bancs. Je trouve une petite place et je fini de m'équiper. Vu mon heure tardive d'arrivée, pas question d'aller voir les kikous, j'ai trop à faire.
Briefing, que je n'écoute que d'une oreille très distraite, je me sens dans une certaine forme d'euphorie. D'inconcience ? Et c'est la direction de la ligne de départ. Premier embouteillage pour le badgage post départ. Un dernier bisous à ma tendre et je me positionne dans le milieu du peloton tout en ayant un peu froid. La tension monte, le départ tarde un peu à venir et je me refroidis un peu. Et c'est le départ qui est donné !

B1
Je me mets en branle tranquillemennt, surtout pas trop vite j'ai le temps (ça va finir par devenir ma devise ça). M'enfin, le Mulot a dit qu'on avait 900m pour se chauffer et après que c'était du sentier. J'accélère donc un peu pour me positionner et me réchauffer.
On attaque donc le sentier, je dois être au beau milieu du peloton. Pas trop de bouchon. J'ai une vitesse très correcte, ni trop rapide ni trop lente. Je place quelques accélérations à l'occasion pour dépasser quelques concurrent un peu plus lent que moi.
Je n'ai pas gardé de souvenir particulier de cette première boucle. Je l'ai courru quasi tout le long ou presque, marchant en de rares occasions. Si je n'ai pas gardé un franc souvenir de cette B1 c'est à cause de ma cheville gauche. Ma dernière sortir longue 15 jours auparavant avait déclenché une douleur assez vive dans la cheville qui avait fini par disparaître à l'approche de l'Origole. Sauf que voilà, dans ce terrain là ma cheville a tournée quelques fois, et il y a eu une fois de trop. La douleur est revenue progressivement. Sur certains appuis la douleur, très vive, finissait toujours par s'atténuerau bout de quelques mètres. J'ai donc chercher à adapter ma foulée afin de soulager ma cheville. Conséquence: la cuisse droite morflait car je compensait beaucoup avec la jambe droite pour alléger au maximum mes appuis à gauche.
Cette B1 était sympathique au demeurant. J'ai bien aimé ces enchaînements de montées descentes, tournicotantes, avec les faisceaux des frontales qui s'entrecroisaient dans les bois. Pas très difficile avec du D+ très supportable. J'étais suffisament bien d'ailleurs que je me suis surpris à courir dans les petites montées, chose que je ne fais quasiment jamais pour me préserver, car le cardio monte en flèche et je me grille assez facilement dans ces moments là. Mais j'étais bien en-dehors de cette cheville contre laquelle je pestais à haute voix à intervalles réguliers. Je me suis donc beaucoup concentré sur ma course, pour éviter d'aggraver la douleur. Chemin faisant j'oscilais entre l'idée d'abandonner et celle de continuer, repoussant au plus tard la prise de décision, tant que j'étais capable de tenir et que la douleur ne m'enquiquinait pas trop.
Dernière longue ligne droite et arrivée aux stands en 3h32. Un temps de malade (pour moi, hein Langue tirée ). Je m'interroge sur le fait d'avoir été un peu vite.
L'entrée dans le gymnase me déstabilise pourtant alors que cela aurait du être un instant de bien être. J'hésite sur la marche à suivre. Je me ballade de mon banc au Ravito plusieurs fois, ne sachant pas quelle attitude avoir. Je me couvre pas alors que j'ai un peu froid avec l'arrêt de la course, ma cheville me fait mal. Après moult hésitations et avoir finalement avalé une soupe, je plonge dans mon sac à la recherche d'Elasto. Quelle bonne idée j'ai eu d'emmener une belle bande déjà découpée ! Je me bande la cheville. J'enfile ma veste et je décide de repartir.
Durée de l'arrêt: un peu plus de 25 minutes. C'est beaucoup trop long.
Durant cet arrêt, je vois Bubulle rentrer, et je me fixe mon petit challenge: finir devant. J'ai presque un quart d'heure d'avance, si ma cheville me laisse tranquille ça devrait le faire. Ben oui, voyez vous. J'ai commencé l'année au trail d'Auffargis par me faire griller dans la dernière bosse juste avant la dernière montée avant l'arrivée et à l'époque le Bubulle avait sa grosse chevillère. Puis il a recommencé un peu plus tard dans l'année aux 7 Hameaux. Dans la dernière montée...paf, repacmanisé par Bubulle. Donc là, petit challenge, va pas me refaire le coup une troisième fois naméo Innocent !

B2
A la sortie du gymanse je suis saisi par le froid et par l'horrible traversée en ville avant d'attaquer les bords du lac. Un terrain tout moisi, dans lequel j'avance à pas de loup par peur de me tordre définitivement la cheville. Je croise d'ailleurs un gars qui fait demi-tour. Dés que le chemin tourne à droite dans les bois, l'appréhension s'envolle. Je me met glisse dans ma bulle et me concentre sur ma course.
Cette B2 ne me laisse pas un souvenir particulier si ce n'est cette seconde partie de plus en plus boueuse. La moyenne va en prendre un premier coup. Et puis cette fois-ci ce sont les douleurs lombaires qui vont apparaître. Décidément mon corps a décidé d'en rajouter une bonne couche côté douleurs. Autant la cheville va bien très curieusement, la boue c'est plutôt souple en fait Rigolant, ma cuisse droite est un peu contractée mais va pas mal, autant je me mets à souffrir assez fortement du dos. Je vais donc passer mon temps à alterner course et marche pendant laquelle je me masse les reins avec les pouces.
En-dehors de cela, je me fais doubler par les quads ambulances qui passent à toute vitesse (j'espère qu'aucun courreur n'est en situation grave à ce moment là, mais je ne verrai rien plus tard).
La boucle se termine par un passage sur un "pont" de planche qu'il faut passer en vitesse afin de passer la butte qui le termine sur l'élan. On enchaîne sur le retour par les routes. Bon, j'ai pas aimé là. Entre le mal de dos, le froid qui commençait à piquer sérieusement, la fatigue et la monotonie du truc. Je me suis un peu traîné jusqu'au gymnase que j'ai été bien heureux de trouver à cet instant.
Cette fois-ci le gymanse sera beaucoup mieux optimisé: d'abord le ravito (même alimentation qu'au premier arrêt qui m'a bien réussi). Puis direction mon bout de banc. Tient, y'a beaucoup moins de monde dans le gymnase là ! A oui, y'a plus que nous ;) Je me couvre pour avoir chaud et décide de changer de chaussette. Et là je vais commettre l'erreur fatale, je l'ai dit dans mes commentaires sur le site: pas remis de Nok. Mais quel c... j'ai été!!! Ah, ce que je m'en veux! L'erreur nullissime. Le pire c'est que je me fais la remarque dans ma petite tête. Peut-être que la fatigue me pousse à négliger ce point. Et puis j'ai mal au dos, alors je décide de passer un bon moment à m'étirer pour alléger la douleur. Pour le coup, ce sera cette fois une bonne décision, ouf, pas complètement à l'ouest le Jam.
Il est grand temps de repartir. Le temps défile, j'ai plus d'une heure d'avance sur la BH à ce moment, donc je repars l'esprit tranquille en me disant et sauf incident, que cette Origole était dans la poche. Y'avait pus qu'à...enfin, le plus dur nous attendait.
Et puis mon challenge me parait toujours bon. Je n'ai pas vu Bubulle dans les stands, je dois donc avoir une bonne avance pensais-je...
En fait je repars avec un grand gaillard qui se présente en même temps à la porte, se prénommant Bart aka Trailaulongcourt, mais comme je ne remarque pas de signe kikouresque nous n'abordons pas ce point.

B3
On discutaille le bout de gras avec Trailaulongcourt. je l'incite à trotiner pour nous réchauffer en attendant les premières difficultés dont il m'informe ayant fait l'Origole 2012. Mais il l'a trouve moins dure que la précédente. Ce qui de mon point de vue me rassure quand à l'issue probablement positive de cette première.
Alors que nous abordons les premières difficultés, nos façons d'aborder la course, lui dans une marche nordic plus qu'efficace, et moi trottinant nous finissons par nous séparer. Je prend temporairerement les devants.
J'arrive aux bougies, des flèches sur un arbre m'induisent en erreur et attiré par les lumières je ne vois pas la bifurcation qui grimpe. Les bénévoles à cet endroit me remettent dans le bon chemin. La boucle est un peu bizarre, alors que je pensais qu'on allait revenir vers les bougies, j'ai l'impression de m'égarer encore un peu plus. La confusion augmente quand je croise les premiers passant en sens inverse. J'ai l'impression que je ne tourne plus à l'endroit non plus. Heureusement je fini par retrouver les bougies et les sympathiques bénévoles. Tout va bien. Les montées/descentes s'enchaînent sérieusement, je commence à souffrir dans les montées. Dans l'une Bart me reprend sans difficulté et s'envole sans que je puisse faire quoique ce soit. Je le recroiserai à la faveur d'un tout droit un peu plus tard (je me suis rendu compte plus tard que j'ai coupé 400m) sur le retour vers le Perray.
Le jour pointe doucement le bout de son nez. C'est assez magique. Surtout que je suis seul à ce moment là et j'ai l'impression d'une immense liberté. Malgré tout le pied gauche commence à montrer des signes d'ampoule en phase d'approche, mais rien d'alarmant à ce moment là. Et ça monte et ça descend encore. J'ai l'impression que je ne cesse de m'éloigner du gymnase et à chaque fois de me dire, mais quand donc allons-nous entamer le retour. Le jour est là maintenant. J'ai pris le temps d'envoyer un sms à ma douce pour lui dire qu'il me restait à cet instant environ 2h de courses et qu'il ne fallait pas qu'elle traîne à venir si elle ne voulait pas rater mon retour triomphant (oui, bon, faut se faire du bien à cet instant Cool).
Je suis encore seul. C'est marrant comme on peut être seul par moment et puis se retrouver d'un coup avec plusieurs autres coureurs.
A la faveur du jour, il me semble reconnaître un bout du tracé du trail d'Auffargis (à la lecture IGNesque de Bubulle il semblerait que ma mémoire soit pas mal). C'est un peu après que je recroise Bart que je redépasse à la faveur d'un tout droit ! Suis très déçu d'avoir coupé sans m'en rendre compte un bout de la course et d'avoir gratter 400/500m. Un autre coureur qui était quelques dizaines de mètres devant moi m'a induit d'autant plus dans l'erreur. Cet avantage n'en sera pas vraiment un. Prenant concience de mon erreur, je cède bien volontier ma place à Bart. Il s'envolera définitivement. Je ne le reverrai plus.
Quelques longues minutes plus tard alors que je suis en compagnie d'un jeune traileur (c'est sa première année de trail) en mode marche nordic lente, le pied qui commence doucement à me faire mal, voilà que je ressens comme un coup de vent par derrière. "Flash" vient de me passer, avec un Bob l'éponge accroché à son sac. Il vole, il planne. C'est hallucinant de voir ça. Bubulle est en totale apesanteur. Il vole de sommet en sommet avec une facilité déconcertante. Je suis scié par tant de facilité, moi qui commence à être dans le dur à cet instant. Bien sûr je ne le reverrai plus. Et avec ce coup de vent, mon challenge qui tombe à l'eau pour la troisième fois de l'année. Je l'aurai ! Un jour je l'aurai !
Ces 10 bons derniers kilomètres vont me paraître excessivement long. J'ai l'impression de ne plus avancer. Je focalise sur ma montre en voyant les kilomètres ne pas défiler. J'ai le moral un peu en berne. Je suis alors en compagnie de mon jeune traileur et de David. On est tous les trois très lent.
On arrive au point où le Mulot se trouve. Il est déjà en grande conversation, alors on trace. Plus que 6,5km. Pour moi, le début de l'agonie. L'ampoule commence à se faire bien sentir. Puis ma cheville va se rappeler à moi à la sortie du bois avant de d'attaquer la traversée des villes. Je me fais distancer par tous mes petits camarades. Je m'enferme dans ma bulle et me concentre pour ne pas laisser la douleur vaincre. Le chemin le long du ruisseau est un calvaire. Je n'avance plus. J'appelle mon épouse pour lui dire que je vais avoir un peu de retard mais que j'irai au bout et pour faire passer le temps.
Plus que quelques hectomètres...je serre les poings et les dents, le gymnase est en vue, ma femme aussi, et nous franchissons ensemble la ligne d'arrivée.
Bien heureux d'être arrivé, je récupère ma polaire Origole. Je suis finisher et (très) fier de l'être.
Je le suis d'autant, que cette course qui n'est pas forcément très difficile d'un point de vue physique est constituée d'ingrédients qui augmentent considérablement sa difficulté. La nuit et donc le manque de sommeil; Le froid qui rend difficile l'alimentation; La boue qui entrave et gène la course; enfin, le gymnase, pour moi l'épreuve la plus dure: y rentrer est simple, en sortir après avoir bien gérer le pit-stop est crucial et mentalement compliqué.

Pour finir, un grand merci aux bénévoles sans qui cette course n'aurait pas lieue, à l'orga pour sa précision milimétrique, aux kikous que je découvre au fil des courses, enfin à mon épouse qui me supporte chaque fois tant dans mon entraînement que dans mes courses.
A dans 2 ans.

4 commentaires

Commentaire de arnauddetroyes posté le 12-12-2014 à 21:38:33

Félicitations !
Imagine sans la cheville, avec de la NOK ce que ca aurait put donner....
RDV en 2016 ;)

Commentaire de bubulle posté le 12-12-2014 à 21:45:34

Allez, la quatrième fois sera la bonne, va....;-). Je te jure que je l'ai pas fait exprès et puis, finalement, on n'est pas bien loin car, je te rassure, je n'ai pas volé comme ça jusqu'au bout. En tout cas, c'est globalement une excellente gestion de course que tu as faite avec deux premières boucles pas totalement aux taquets, qui t'ont permis de faire une troisième loin d'être ridicule (suivre Bart sur la première moitié de la boucle, ça pose son homme car c'est un animal quand il marche).

A un de ces jours, donc, pour réussir ce challenge !

Commentaire de trailaulongcours posté le 16-12-2014 à 17:25:14

Bravo Jam! Bonne gestion de course? Dis-toi qu'en réduisant tes arrêts au ravito, tu peux aisément gagner 20 minutes sur ton temps et passer sous la barrière des 12h. Moi je suis déjà court sur les ravitos, donc en moyenne tu es comme Bubulle, ta vitesse horaire est supérieure à la mienne...

Commentaire de caro.s91 posté le 21-12-2014 à 22:42:29

C'est sûr que le Bubulle en mode pacman est redoutable !!! :) Bravo pour ta course et ce récit !

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