Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées - Le Tour des Cirques 2014, par ced2nay

L'auteur : ced2nay

La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Le Tour des Cirques

Date : 22/8/2014

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 3027 vues

Distance : 80km

Objectif : Terminer

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1er 80km, challenge relevé !

Après 2 saisons à découvrir le trail à travers des épreuves de 20 à 40km, la 3ème saison a été planifiée avec le GRP 80km en apothéose (ou cauchemar selon son déroulement…). En décembre, je propose à quelques amis le défi, dont 2 relèvent le challenge ! Merci Pierre et Stéphane sinon je ne sais pas si je serai parti seul.

 

Début janvier, la chance nous sourit au tirage au sort (1500 pré-inscrits pour 1000 places), donc voici la saison à planifier en conséquence désormais. En lisant les programmes d'entraînement des magazines ou sur internet, j’hallucine car les conseils prévoient toujours des programmes de 4à 6 séances par semaine. N’ayant pas la possibilité de m'entraîner autant, les forumeurs GRPistes confirment que certains GRPistes réussissent les 80km sans en faire autant, avec 2à3 séances/semaine. Déjà, 3, c’est une super semaine pour moi !

 

Pré course.

Jamais fait plus que 40km… une course semble parfaite pour se tester, l’Euskal Raid annonce un 2x40km cette année.

Février : je prévois d’augmenter mon kilométrage habituel, pour « faire du fond ». Au lieu de 70 à 100km, je passe à 150km dans le mois.

Mars & Avril : objectif d’augmenter le dénivelé. Finalement, peu de différence avec l’année précédente, pas trop réussi (6900m D+ sur 2 mois).

Cependant, la course des Gypaètes mi-avril à Lourdes est réalisée tranquillement, sans crampes (un peu grâce à mon Pierre qui lui a explosé au 3ème sommet).

Mai : accélération de l'entraînement en montagne, et test grandeur nature pour connaître notre capacité à faire le GRP : Euskal Raid 2 x 40km.

Le mois de mai est une parfaite réussite ! 162km et 10000m de D+ !

L’Euskal Raid est accompli en bonne gestion de course, sans crampes !

Quelques pistes pour la disparition des crampes dont je suis tant habitué :

- meilleure préparation hivernale

- utilisation de bâtons

- consommation des boissons Nutratlétic et NutraRécup

- la tête qui est en confiance grâce à tout cela !

 

Juin : petite coupure de 15bons jours après l’Euskal pour bien recharger les accus, petite visite chez le garagiste (Osteo). Je me connais, ça fait 2 ans d’affilée que je suis blessé fin août donc pas cette année ! Et fin juin et juillet, on va en remettre une bonne dose ! :)

En 8 semaines, 250km (165/mois) et 12000m de D+ (soit 8000/mois).

 

3 sorties de reconnaissances permettent de rencontrer tous les jolis caillloux qui vont nous martyriser le 23/08. Et, accessoirement, de voir le paysage que nous pourrions complètement manquer le jour J en cas d’intempéries.

 

Vendredi 22 août

Nous voici donc le vendredi 22, tous les voyants sont au vert. La confiance est là grâce L’Euskal Raid fin mai, et la préparation ne fût pas interrompue pour une fois par une blessure.

On ne plaisante pas avec la liste du matériel. Mes gants ont été oubliés à l’appartement, je n’obtiens pas mon dossard. Il faudra repasser…

Petite anecdote, sur 1143 inscrits, je suis dossard 55. Favori ? lol

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Du coup, à la file d’attente, je n’ai quasiment personne devant moi contrairement aux potes :)

Les petits cadeaux offert au retrait du dossard ne sont pas déplaisants :

- beau saucisson

- pâté de chez Laguilhon

- 1 bouteille de Madiran

- 1 petit paquet de gateaux apéro

- des manchons de trail (pas de canard je vous vois venir !!) pour se couvrir les bras, avec le logo du GRP.

Après débat, nous passons à 1 cheveu de s’enfiler la bouteille de Madiran le soir à table. Ouf! :)

 

Les sacs prêts pour le lendemain matin, nous prenons un peu peur au vu de leur poids. Mais pas question de renier sur le matériel obligatoire.

D’aillleurs, liste du matériel emmené :

Sur moi :

- Chaussures Asics Gel Fuji Trabuco 2

- Chaussettes Quechua

- Mini Guêtres Raidlight (pour éviter les petits cailloux dérangeants)

- short Quechua (poches de rangement pratiques)

- T-Shirt Euskal Raid 2013

- Frontale Petz (prêtée par un cador donc au top ;) !)

Le sac :

- Sac à dos Raidlight Olmo 12L

- Batons Leki 3 brins

- Veste Quechua à membrane imperméable

- Haut polaire

- Cuissard long

- 2ème frontale demandée par l’organisation, et des piles de rechanges.

- Buff Citadelles 2013 et casquette Euskal Raid

- 2 barres sucrées et 1 barre salée, 1 gel coup de fouet

- 9 doses Nutraperf et 4 NutraRecup (soupe)

- 2 bidons pour les produits Nutratlétic

- Téléphone portable

- Mémo temps de passage de la course

- Gants

- Couverture de survie, bande elasto




Samedi 23 août

3h45, réveil après 4h de sommeil environ.

Petit déjeuner traditionnel, mais avec peu d’appétit forcément.

4h30, nous quittons l’appartement détendus et motivés.

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1km de marche à pied depuis l’appartement pour rejoindre le départ, c’est nickel, pas de stress de route, de parking etc.

Sous la banderole, c’est un peu le bazar pour se faire bipper mais on  arrive 5mn avant le départ.

Ambiance sympa avec un petit feu d’artifice sur le vieux pont, 100m devant notre départ, puis feux de bengale rouge.

5h Nous partons au petit trot dans les 9/10km/h.

Sur la route montant vers Vignec, je peux me retourner et vérifier que nous ne sommes pas calés dans les tout derniers. C’est bon, on doit être dans le milieu du peloton. Pas facile de se situer au milieu de 1000 frontales.

Traversée de Vignec sous les encouragements de courageux, puis attaque d’une “bosse” de 12km et 1500m. Au bout de 10mn de montée, j’ai déjà chaud, je retire la veste. J’ai repéré début août cette partie, je sais où je mets les pieds. La piste monte tranquillement jusqu’aux granges de Lias.

Après ces granges bien rénovées (peu visible de nuit, dans le brouillard et la bruine…), la piste se resserre pour grimper jusqu’au Pla D’Adet (enfin “La Cabane”). Nous sortons de la forêt et passons sur un peu de route pour remonter des pistes de ski. La pente se durcit un peu alors que le jour se lève. Mais nous sommes toujours dans les nuages, snif. Nous redescendons sur Espiaube, et quelques coins de ciel bleu apparaissent, et nous laissent espèrer.  A l’approche du tunnel juste sous le col de Portet, ça y est, c’est la délivrance, nous passons au dessus de la mer de nuage. Tempête de ciel bleu. Tel un jeu vidéo, nous regagnons 10 points de vie ! Le soleil, le paysage, les supporters qui nous accueilllent au col nous transmettent un surplus de motivation.

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Col de Portet 2215m. 7h35. 13,5km. D1500+

Malheureusement, à la bascule, on constate qu’on redescend dans les nuages du côté du restaurant Merlans, le 1er point de ravitaillement.

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Début août, c’était plutôt ...comme ça:

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Restaurant Merlans 2038m. 7h45. 14,9km. D1500+. D260-. 611ème. 2h45.

Je refais déjà le plein des 2 bidons avec une soupe et un Nutraperf.

Côté alimentation, c’est l’embarras du choix.

Super conseil tiré du livre de Guillaume Millet, j’ai décidé d’emmener une petite poche zippée afin de prendre à manger pour plus tard. Cela permet d’étaler la prise alimentaire, et d’éviter un certain “goinfrage”. Stéphane et Pierre ont adopté la même stratégie. Je mange un peu de tout et prends quelques réserves. La pause ne dure pas 5mn comme escompté mais facilement 10mn je pense :(

Nous repartons sur un sentier en balcon qui monte très légèrement. On peut même trottiner, ce qui fait du bien. Pas de vue sur le lac d’Oule, qui est recouvert d’un nuage. Nous passons au bord des lacs de Bastan, puis à partir du refuge de Bastan, le sentier devient un peu plus technique.

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Place un peu plus au mode rando. Nous atteignons le col de Bastanet et prenons une pause non prévue tant le paysage est magnifique. Photos, vidéos… plus beaucoup de places au col pour les arrivants.

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En direction du col de Bastanet

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Le chemin parcouru, depuis les lacs de Bastan

 

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Notre destination. Redescente vers Artigues et mer de nuages

 

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La banane :)





Col de Bastanet 2507m. 9h05. 20,4km. D1978+. D262-.

 

La suite avait été repérée fin juin, et malgré de nombreux névés, c’était très rocailleux. Dans les temps de passage, j’avais donc noté une descente peu rapide à 6km/h jusqu’au barrage de la retenue des laquets. Nous longeons au moins 6 lacs dès le début, jamais facile à parcourir car nous sommes souvent en équilibre sur les rochers.

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Entre 2 lacs, Pierre fait une mauvaise chute en avant, sans rien contrôler, les 2 pieds ayant glissé ! Résultat, grosse plaie à la main droite, ce qui l’handicape pour tenir son bâton. Nous laissons régulièrement passer du monde, notre rythme a baissé. Pierre a du mal a se remettre de la chute. Heureusement arrive la 2ème partie de la descente ou des parties herbeuses et un meilleur sentier permettent de courir, voire à bonne vitesse.

 

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L’équipe des champions

 

Nous arrivons cependant à Artigues avec 40mn de retard sur ce que j’avais pensé, avec les encouragements de très nombreux spectateurs.

 

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1ère vue sur le pic de Midi de Bigorre

 

Mis à part la chute de Pierre, RAS dans la petite équipe. On mange, on boit, pas de fatigue après ces 30km et 2000m de dénivelé. 1ère partie terminée sur les 3 principaux tronçons.

Ravitaillement d’Artigues 1190m. 11h12. 30,1km. D2012+. D1613-. 650ème. 6h12

Nous avons perdu 40 places dans la descente. Pourquoi pas, après tout, nous voulions être prudents et être en forme à Barèges.

Pierre part se faire soigner la main, je m’occupe de ses bâtons et de ses 2 bidons à remplir, en plus de m’occuper de moi. Un peu plus de stress dans ce ravitaillement bondé de coureurs, familles, bénévoles etc… C’est un peu de notre faute d’arriver en plein peloton mais c’est petit et un peu le bordel pour trouver ce que l’on veut. Je mange d’un peu de tout, et recharge ma petite poche zippée.

Nous repartons après sûrement au moins 10mn d’arrêt.

A la sortie du ravitaillement, nous remontons une pente importante d’au moins 20%, un peu glissante, mais qui passe bien. Puis nous quittons la forêt et arrivons aux cabanes de Tramazaygues. J’ai envie de courir mais Pierre et Stéhane ne veulent pas me suivre. Je cours donc quelques mètres puis ralentis pour les attendre.

Je sors une barre salée entamée, mais la bouchée est difficile à avaler. Je ne suis pas inspirée par celle-ci. Je passe donc à une barre sucrée. Idem. Pénible de mâcher et avaler. Ho punaise, ça sent le vent qui tourne ça bonhomme ! Serait-ce une petite hypo en train de s’installer ?!! Si c’est le cas, je vais arrêter de boire la soupe et je vais revenir au nutraperf pour reprendre du sucré. Problème, je ne vais pas faire que boire sinon l’estomac sera balloné. Je commence à baisser le pied, et cherche une solution qui me plairait à manger. Les potes me trouvent très pâle en effet…. On s’arrête et Stéphane me propose des abricots secs. UN REGAL ! Hummm mon palais et mon estomac repartent un peu. Je croque des mini bouchées de la barre sucrée sans avoir besoin de mâcher. J’espère ainsi petit à petit remonter mon taux de sucre. J’entame aussi mon seul gel coup de fouet que je n’espérait pas toucher dès Artigues :(.

Je me cale derrière les amis, et attend que ça se passe en mangeant et m’hydratant doucement. Après environ 1h, je commence à être mieux. On double le petit groupe de 10 que nous suivons, et les distançons sans effort à notre surprise.

Nous sommes dans les nuages et ne voyons pas trop où on avance. J’aimerai reconnaître le replat qui annonce le dernier coup de cul pour le col de sencours, mais je ne le vois pas. Tout dépend par où passe le sentier. Fin juin, nous coupions au plus court à travers les névés, donc la trace est différente. Une pancarte nous annonce à 500m du col, mais avec 20% de pente. Merci :)

Les nuages se dégagent, et notre ami Fred, alias sosie de Claude Escot est là pour monter avec nous au pic de midi. Grand plaisir de voir des têtes connues, surtout avec qui plaisanter. Un peu de réconfort mental dans ces altitudes. 2h de montée.

Col de Sencours 2378m. 13h30. 37,2km. D3200+. D1613-.

Ravitaillement 5 grosses minutes, puis début de la montée sous le soleil pour toute la petite équipe à 4. Les lamas sont là en estive au col, comme d’habitude. Même si on rigole bien, nous doublons d’autres coureurs. En milieu de montée, Pierre et moi croisons notre ancien entraîneur de foot, Jérémy Mongie, qui redescend du pic en randonneur. C’est presque la séance dédicace, photos, etc…

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Certains concurrents commencent à marquer le pas dans la montée. De courageux, et surement expériementés VTTistes nous doublent. Warf ! Ils portent même leurs VTT sur les derniers mètres afin d’arriver vraiment jusqu’au sommet ! 55mn de montée.

Pic du midi de Bigorre 2876m. 14h30. 40,7km. D3698+. D1613-. 583ème. 9h30.

Au sommet, comme tout trailer touriste qui se respecte, c’est photo-vidéo. “Petite” pause également pour retirer et nettoyer chaussettes et chaussures. C’est (malheureusement) encore près de 9mn que nous passons au sommet de la course.

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Yesss, la moitié de fait ! Fais pas la gueule.

 

La remontée commence. Pourtant des personnes que nous avons doublées dans cette dernière montée sont à nouveau devant nous dans la descente ! On traîne vraiment trop à chaque col, sommet, ravito…On doublera dans la journée certaines personnes je crois jusqu’à 5 fois ! 28mn de descente.

Au 2nd passage au col de Sencours (15h10), nous nous arrêtons à nouveau 5mn au ravitaillement. Par chance, ayant consommé les 3 uniques barres que j’avais prises, un bénévole apporte à ce moment là un carton entier de barres sucrés Overstims agrume. Je refais le plein avec 3 ou 4 barres dans les poches. Nous nous séparons avec notre ami Fred qui a quelques regrets de ne pas avoir relevé le défi en décembre. Et oui il était capable de le faire lui aussi.

La descente sur Barèges est assez agréable, assez herbeuse. Tout le contraire d’il y a quelques heures. Nous la descendons à bon rythme mais toutefois bien détendus. Nous traversons des champs d’Iris bleu des Pyrénées à perte de vue. Je les prends en photos et me dit que je dois être le seul trailer malade à prendre des fleurs en photos aujourd’hui Sourire

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La descente se passe comme sur des roulettes, on ne tire pas dans les quadris. On finit d’ailleurs sur une piste (verte?) pour arriver au ravitaillement de Barèges Tournaboup. 52mn de descente.

Tournaboup 1461m. 16h07. 50,8km. D3698+. D3028-. 568ème. 11h07.

Quelques places de gagnées visiblement dans la descente. Le ravito est complet, beaucoup de coureurs assis sur des chaises. Beaucoup de familles autour à parler aux coureurs, beaucoup de bruits etc… Remplissage des bidons de Nutratlétic comme d’habitude, puis j’essaie d’avoir quelques pates. Malheureusement, le pauvre cuistot n’a pas le temps de respecter les petites 3mn de cuisson. Elles croustillent sous la dent, et éventuellement collent aussi au palais. Hummm un régal ! Je m’alimente, discute un peu, erre, puis profite des infrastructures pour “aller m’alléger de quelques grammes d’une manière naturelle”. Je suis un homme neuf ! L’ennuit c’est que je perds mes amis. Je tourne 5mn mais introuvables. Tant pis, on avait évoqué de rester ensemble jusqu’à Barèges, et après, on verrait. Que ceux qui ont des jambes volent de leurs propres ailes ! C’est mon cas, je suis bien, donc en avant Guinguamp ! Je me refait bipper à la sortie du ravitaillement.

Tournaboup 1461m. 16h27. 50,8km. D3698+. D3028-. 561ème.

100 places gagnées depuis Artigues.

20mn d’arrêt !!! Non sérieux c’est abusé quand je découvre ça après course :)

Bref, je repars d’un pas très rapide. Ca y est, je passe en mode solo, je fais ma course. Que j’explose ou pas, je me gèrerai, mais je vais me lâcher, j’ai l’impression d’être trop bien. Le rythme de marche rapide est nettement supérieur au petit groupe de 5/6 devant moi. Je le passe, puis j’aperçois 200m devant Pierre é Stéphane. Les petits coquins sont partis avant, sans moi. M’en vais leur foutre une déculottée à ces p’tits garnements. Quand je rattrape les loulous, je leur demande si cela les dérange que je continue à mon rythme. Ces deux-là s’entendent comme larrons en foire, alors je continue ma remontée.

Dès qu’un petit replat se présente (10m, 20m, 100m…), je trottine naturellement, ce qu’aucun coureur ne s’autorise ! Je comprends pas dans la mesure où nous sommes parfois sur de superbes sentiers herbeux ou sans cailloux, et plats. Visiblement ils ne doivent plus avoir l’envie et/ou les capacités pour le faire.

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Plus j’avance, plus je double de groupes. +2, +6, +10 ici. Un instant, je me dis que l’un des objectifs initiaux qui était de rentrer avant la nuit, est peut-être atteignable si je grille tout le monde ainsi. En plus de la motivation déjà acquise par ces dépassements, cela me donne un nouveau petit challenge. Allez ! J’ai pas vraiment envie de ressortir la frontale pfff.



Ma montre GPS ayant lâché à Tournaboup, je n’ai plus trop de données sur la course, mais je dois atteindre la cabane d’Aygues Cluses vers 18h.

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Faut bien se détendre un peu



Depuis quelques minutes, j’apprécie de boire de l’eau simple dans la poche à eau. J’ai envie d’eau fraîche à la cabane, quitte à me passer la tête sous l’eau.

 

Cabane Aygues Cluses 2156m. 18h. 57,2km. D4393+. D3028-.

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La cabane d’Aygues Cluses en vue

 

Pour la seule et unique fois de la course, je reprends de l’eau dans la poche à eau. C’est bizarre, mais après tant d’heures passées, des envies arrivent, et là c’est de l’eau toute simple et fraîche. Une quinzaine de coureurs sont assis au soleil. Le lieu est sympa, mais désolé désormais je ne m’attarde plus. Je suis persuadé d’avoir dépassé au moins 40 coureurs déjà en 1h30.

La montée est douce encore un peu, puis nous attaquons une pente plus forte pour franchir le Hourquette Nère.

Hourquette Nère 2465m. 18h45. 59,2km. D4702+. D3028-

On se fait bipper mais le chrono n’apparaît pas. Dommage. Pour la 1ère fois, je prends le temps de m’asseoir dans l’herbe et de profiter du paysage vers notre point de retour. La mer de nuage est encore là. Je m’ouvre une barre Overstims afin d’anticiper une fringale. Bref, je prends 5 belles minutes au soleil avant d’attaquer les 20 derniers km. Quasiment plus que de la descente ! C’est (presque) la fête. A 19h ici, je me rends compte que je vais finir avec la nuit malheureusement. Je repars sur le sentier à l’ombre, puis au bout de 10 mètres, mon corps tout entier se met à trembler fortement. Je ne peux rien contrôler, je suis saisi par un coup de froid. Surement un début d’hypothermie. Voyant le soleil un peu plus bas, ma 1ère pensée est :

“Une fois au soleil, t’inquiètes, ça ira mieux”

Mais Mère Prudence monte sur ses grands chevaux et me rappelle à l’ordre tout de suite !

“Tu t’arrêtes de suite, et tu enfiles ta veste !”

Bon ok….

Je l’enfile, repars, et après 5mn ça va mieux.

Woa impressionant ce coup de froid express que j’ai pris.

Et avec le recul j’ai bien réagit car jamais je ne me serrai refroidi dans cette descente un peu technique, sachant que le soleil n’était pas si proche que cela.

Bref, j’atteins la sapinière de Bastanet où je dépasse maintes fois des groupes de plusieurs coureurs qui ne courent même plus sur les replats. Seuls 2 ou 3 coureurs me dépassent, mais c’est encore plusieurs dizaines de trailers doublés dans cette zone. Malgré qu’il soit possible de courir sur de nombreux passages et que le lieu n’est pas désagréable, je trouve la sapinière interminable. On descend tout le temps, mais le lac n’arrive jamais. Je perds un peu d’influx nerveux à n’en voir jamais le bout...

Les jambes sont toujours très bien présentes.

Aucune douleur musculaire aux quadris, mon principal ennemi (ni ailleurs).

Par contre, on ne peut pas en parler autant de mes 2 gros orteils, et de la voûte plantaire en feu. Je surveille chaque caillou pour que mon pied gauche passe bien au-dessus sans quoi c’est un cri de douleur associé à quelques jurons que je lâche.

A la sortie de la forêt, un bénévole est en train d'allumer un feu de bois mort, qui va sûrement l’aider à passer la nuit. Ce sera probablement apprécié des derniers coureurs.

Cela annonce le début de la remontée vers Merlans. La fraîcheur commence à tomber, il est pas loin de 20h. Je retrouve au début de la montée un petit groupe de 3 coureurs qui m’ont précédemment doublé ou avaient un bon rythme. Je reste derrière eux et ne me sens pas prêt à doubler. Je m’alimente car je sens poindre peut-être une petite faiblesse. 20mn plus tard, je trouve qu’on ne va pas assez vite alors je double et ne les revoie plus.

J’anticipe le prochain ravitaillement. Ce que je vais manger, ce que je vais boire, comment je vais m’habiller, procéder… C’est une manière de gagner quelques minutes, et errer moins lors de ces pauses.

Merlans 2038m. 20h37. 67,2km. D4900+. D3653-. 478ème. 15h37.

172 places gagnées depuis Artigues.

83 places gagnées depuis Tournaboup (soit en 17km).

Comme calculé, je pose mon sac. Je vais remplir un dernier bidon de Nutratlétic, je mange un peu, je prends de la soupe (trop boooonnnnne !). Je retire ma veste, enfile le haut polaire (merci la liste de matériel obligatoire!), remet la veste, range la casquette, enfile le buff pour garder la tête au chaud, et me colle la frontale sur le front. Paré pour la nuit le type, pour l’hiver ! Vaut mieux ça que d’avoir froid et devoir se changer au milieu de nulle part. D’ailleurs, lorsque je ressors du restaurant Merlans, je tremble à nouveau. AH NON, j’ai tout l’équipement. Pas possible, ou pas le droit zut! M’en fous, je vais monter comme un âne jusqu’au col de Portet, ça va me réchauffer. Gros rythme de marche. En 5mn, je n’ai plus froid. Au bout de 10mn je transpire comme un cochon. Rapidement arrivé au col de Portet, il est à peine plus de 21h et je vais me résoudre à allumer la frontale. Le début est horrible. Petit cailloux qui roulent sous les pieds, grosse pente (piste rouge), la nuit et des nuages pour rendre difficile la visibilité des balises. Les quadris vont très bien (trop génial) mais ce sont les orteils qui morflent. Cette pente est un supplice pendant 5-10mn. Je rejoins 2 personnes qui ont perdu les balises, et trouvons les suivantes ensemble. C’est plus rassurant d’être en groupe. Celui-ci d’ailleurs s’étoffe pour faire pendant 5-10mn une bonne dizaine de coureurs. Mais ce groupe finit par éclater. Ils me distancent, ayant un peu de mal aux pieds. Il faut se reconcentrer à chercher les balises mais heureusement, le chemin est plus simple et plus évident. On arrive à Espiaube, puis Pla D’Adet. Malgré les douleurs je double encore un peu dans les descentes, voire sur des replats car c’est là que je gagne le plus !

Puis vient la forêt à traverser pour rejoindre les granges de Lias. Un long chemin en pente douce permet de courir à très bon rythme, puis nous slalomons entre les sapins, sur une terre souple, rarement glissante. La frontale se met à clignoter. Je présume que c’est un signe de faiblesse. Avant de me retrouver dans le noir complet, je fouille le fond de mon sac pour en trouver sa (vieille) remplaçante. Aïe, pas facile de passer de la Rolls Royce à une 2CV ! Mais….. j’y vois rien, c’est pas possible… C’est donc péniblement que j’arrive aux granges de Lias, puis enchaîne les lacets de la piste. Les raccourcis sont compliqués car je vois peu le relief et les cailloux humides avec ma lumière. Enfin enfin enfin j’arrive à Vignec et la foulée peut se libérer sur le bitume (beurk d’habitude !). Traversée du village, puis du rond point sous les applaudissements. A 1km de l’arrivée, j’arrive à hauteur d’un féminine et je coupe un peu mon effort pour ne pas faire le goujat à fond dans la compétition. Je reste donc à hauteur avec cette concurrente pour qui s’est également le 1er 80km et le 1er GRP.

L’entrée du village est plein de spectateurs et nous sommes copieusement applaudis. Quelqu’un qui n’aurait plus de jambes oublierait totalement ses douleurs tellement c’est vivifiant.

La joie et les larmes m’envahissent à cause de la foule mais surtout parce que je suis en train de me rendre compte que ça y est : JE L’AI FAIT !

Je franchis la ligne en 17h45.

Arrivée 791m. 22h45. 80,4km. D5077+. D5077-. 453ème. 17h45.

197 places gagnées depuis Artigues.

115places gagnées depuis Tournaboup (soit en 30km).

Pierre et Stéphane arrivent un peu plus tard, après 19h05 de course. Ils n'avaient que 40mn de retard à Merlans, mais ils ont marché sur les 13 derniers km (pb de mental connu de l'un de deux dont je tairai le nom... Bouche cousue).

Complètement frigorifié en 5mn chrono, je ne pourrai malheureusement pas aller les voir. Même au chaud à l'appartement et après la douche, j'ai du mal à me réchauffer. J'ai mal au ventre de faim, mais pas d'envie...Bien affaibli par la course bien que les jambes soient bien !

Merci à tous les amis qui ont pu envoyer quelques SMS dans la journée (dont mon père pour le suivi de la course auprès de toute la famille ! Cool)

 

 

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Conclusion :

2 courses en 1 ! Comme je ne me suis pas trop donné sur la 1ère partie, je n’ai pas souffert sur la course (pas de crampes, pas de courbatures), mise à part une hypoglycémie à peu près bien gérée.

Résultat, beaucoup plus de plaisir, et pas d’écoeurement comme certains qui trouvent cela trop dur (je le comprends, selon l’intensité qu’on y met), et ne sont pas prêt de refaire (si si j’ai entendu ça).

Je retiens la prudence sur l’alimentation, et sur l’équipement à ne pas négliger. Avec ces précautions, une grande balade de 80km, c’est faisable ! ;)



1 commentaire

Commentaire de caro.s91 posté le 05-09-2014 à 11:35:58

Très joli texte, bien illustré !!! Une belle "balade", visiblement du plaisir et une belle perf à l'arrivée ! Bravo !

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