Récit de la course : Trail des Crêtes 2014, par caral

L'auteur : caral

La course : Trail des Crêtes

Date : 8/6/2014

Lieu : Bellevaux (Haute-Savoie)

Affichage : 2088 vues

Distance : 38km

Objectif : Terminer

4 commentaires

Partager :

Trail des crêtes, vallée du Brevon

Dimanche 8 juin, après ma déconvenue au grand Raid, j’avais décidé de faire un trail qui pouvait entrer dans ma préparation, d’une part pour le Grand Duc (Chartreuse), d’autre part pour l’Interlacs (Annecy Le Bourget). Ce trail fait 38 kms pour 2550 m de dénivelée. La météo s’annonçait particulièrement optimiste et nous nous attendions à une belle journée de printemps. Et nous n’avons pas été déçus !!!

Départ à 5h45, bien en avance, pour la Haute Savoie. Bien m’en a pris, en sortant de l’autoroute, je me suis égaré, me retrouvant sur la route de Genève ! Un peu de stress et l’angoisse d’arriver en retard. Finalement, je retrouve la bonne direction et je finis par arriver à Bellevaux un peu après 7h30. Je retire mon dossard, je m’habille. Vu la température, je fais léger : un débardeur, un short. Je m’assure que ma poche à eau est bien remplie, il va falloir boire beaucoup, et ne pas sauter les ravitos.

8h15, entrée dans le sas de départ après contrôle de la puce. 8h30, c’est parti ! Un peu de route, et puis tout de suite, du sentier qui grimpe. Monotrace, alors embouteillage. On piétine un peu, le temps que ça se dégage et puis on prend le rythme. On est en forêt, à l’ombre, faut en profiter, ça ne durera pas. On monte, le peloton commence à se désagréger, on peut enfin marcher à son rythme.

Je me sens bien, j’en entends qui commence à se plaindre de la chaleur, moi j’aime cela, et je marche d’un bon pas. Le temps passe, nous arrivons au 1er contrôle, le Mont Forchat : 2h14, soit une moyenne de 5,57. Je pointe à la 131ème place. Je n’en reviens pas, j’avais pourtant l’impression d’avancer à bon rythme. Il va falloir revoir un peu les objectifs si ça doit continuer comme cela. Une vue magnifique sur le lac Léman me ravit et j’attaque la descente rapidement, bien décidé à faire remonter quelque peu cette moyenne ! Les pentes succèdent aux pentes, raides autant que faire se peut, j’ai beau marcher à bonne allure, je sais que la moyenne est basse, et qu’elle le restera parce que c’est raide, dur, et qu’il fait de plus en plus chaud. J’essaie de profiter au maximum des rares zones d’ombre, mais nous sommes exposés très souvent au rude soleil. Et nous attaquons l’ascension de la pointe de Miribel : l’enfer ! Une pente énorme, en plein cagnard ! J’avance à petits pas, mais petit à petit, je me rends compte que rien ne va plus. Je n’ai plus de force, j’ai mal à la tête, envie de vomir. Je monte quand même, mais je sais que je n’irai pas beaucoup plus loin. Je finis par trouver un coin d’ombre à mi-pente, je m’assois sur une souche, je baisse la tête, et je me laisse glisser par terre avant de tomber ! Je bois, et encore, et me repose. Des concurrents m’encouragent, l’un me dit qu’en haut, on redescend et on sera à l’ombre. Je laisse passer une dizaine de minutes, et tente de me relever. C’est bon, je mets un pied devant l’autre et je réussis à avancer. Je reprends le soleil, et j’avance. Je vois le haut de la pente, et je reprends courage en pensant à la descente et à l’ombre.

Ben oui !!! Un petit replat, et une pente encore pire. Je pousse un énorme soupir, j’entends derrière moi des « putain !!! » « oh merde !!! », je monte un peu puis m’arrête dans le peu d’ombre qui s’offre avant une montée d’épouvante : à ce que je peux voir, pas une trace d’ombre de toute la montée ! Je bois, je mange, je prends un gel, et allez. J’appuie sur les bâtons, bien décidé à vaincre cette difficulté. Je monte, un pied juste devant l’autre, impossible de faire des vraies foulées, et petit à petit, j’escalade, bien décidé à ne plus m’arrêter avant le sommet, car je ne suis pas sûr de pouvoir redémarrer. Et puis ça y est , je le vois, ce sommet. Et bientôt j’y arrive ! Contrôle, on est au 21ème km, je passe en 5h 17’, 4,42 de moyenne !!! Je suis pointé à la 149ème place, j’avais l’impression d’avoir été doublé par plein de monde, mais pas tant que cela en définitive. D’après le contrôleur, les grosses difficultés sont terminées, il reste des pentes mais plus rien à voir.

J’attaque la descente très prudemment, les jambes sont un peu flageolantes. Petit à petit, je sens la forme qui revient, j’arrive au bas, je marche à bonne allure, un concurrent me double en courant, et me dit qu’alors qu’il court, il a eu du mal à me reprendre alors que je marche. Je me sens mieux, bien même ! Je bois, je n’ai jamais autant bu, je m’alimente, j’arrive à un ravito. Je remplis la poche à eau, je mange du salé, et ça repart ! Je vais très bien, oubliées les difficultés de tout à l’heure, oublié le coup de chaleur ! Je double pas mal de concurrents, je recommence à trottiner un peu, les jambes vont bien, le moral est au beau fixe, la chaleur est toujours là mais me gêne moins. Dans un petit hameau, des locaux nous font profiter de leur source, c’est merveilleux toute cette eau fraîche. Merci à vous, grand merci !

Et je repars. Je rattrape encore du monde, nous passons au col de ???, et j’attaque ce que je sais être la dernière montée. Raide aussi, mais toute en forêt, donc à l’ombre. Et mes jambes sont de feu. Je passe encore des concurrents, j’arrive au sommet et je bascule dans la descente, très prudemment, pas question de prendre des risques maintenant. Plus personne derrière moi, j’arrive en bas derrière un groupe de 6 concurrents plutôt à la ramasse. Dès que nous sommes sur l’asphalte, je cours, et je les laisse sur place. Je rentre dans Bellevaux, c’est la fin ! Le centre du village, les spectateurs, les applaudissements, et ça y est, fini !!!

Je termine en 7h54’42’’à 4,80 de moyenne générale –la moyenne du 1er est de 7,47, je n’ai pas à rougir de la mienne ! Je m’écroule sur une chaise et je passe les 10 mns suivantes à boire, boire et m’arroser la tête. J’entends le speaker annoncer la prochaine remise des prix. Je vais voir le classement, mais je ne suis pas encore dessus. Je rentre dans la salle et vais voir le speaker. Je lui demande s’il a le podium des V3 ? Il me dit qu’un seul est arrivé, et il me dit « Alain Carré » Je suis 1er V3 !!! Je n’en reviens pas…Oubliées la fatigue, la douleur, je suis content, mais content !!! Réaction un peu puérile, j’en conviens, mais j’en ai tellement bavé que c’est vraiment une récompense.

Je monte donc sur le podium à l’annonce de mon nom et profite des applaudissements. Je suis 108ème sur 218 concurrents classés. Nous étions 295 au départ, il y a 77 abandons ! ¼ !!! Enorme ! Ce fut une des courses les plus difficiles que j’ai faites, celle qui m’aura demandé d’aller puiser des forces au plus profond. Et en même temps une des plus belles par les panoramas qu’elle offre : sur les crêtes, vue panoramique à droite sur le lac Léman et la Suisse, à gauche la chaîne du Mont Blanc : extraordinaires paysages ! Une organisation au top, il n’a rien manqué, de l’eau à profusion, alimentation variée, des bénévoles super sympas, rien à reprocher. J’ai bu 3 poches à eau, plus tout ce que j’ai pu boire aux ravitos, jamais bu autant sur une course !

Il va falloir une forte récupération aussi ai-je décidé de faire l’impasse sur le Grand Duc, et tout miser sur l’Interlacs. Ce serait prendre des risques que de vouloir faire les deux, aussi vais-je faire la course des « citadins » !!!

20 juillet donc, départ de Duingt pour rejoindre les Bauges par le Semnoz, et ensuite traversée pour rejoindre la Féclaz et descendre sur le Bourget

4 commentaires

Commentaire de ejouvin posté le 10-06-2014 à 22:10:24

J'ai l'impression que le seul commentaire, faisable sur cette édition, soit "Bravo pour avoir fini".
La température et le soleil ont été terribles et nous avons tous un peu galéré.

Bonne récupération.

Commentaire de Arclusaz posté le 11-06-2014 à 16:33:29

Tout démarre mal (quel énorme coup de chaud !) mais tout finit bien (bravo pour cette victoire).

Un récit à ne pas faire lire à ceux qui ne comprennent pas pourquoi on court : tu décris bien la souffrance.
La "puerilité" de ta joie finale est bien...rafraichissante.

Commentaire de cyrg69 posté le 11-06-2014 à 17:49:01

En tout cas bravo caral! car effectivement pas facile de gérer à la fois la course et la forte chaleur. Il me semble qu'il y a aussi une centaine d'abandon sur le 64km (60% d'abandon!!!) du jamais vu.
Bonne récup et merci pour ton récit.

Commentaire de cyrg69 posté le 11-06-2014 à 17:52:05

En tout cas bravo caral! car effectivement pas facile de gérer à la fois la course et la forte chaleur. Il me semble qu'il y a aussi une centaine d'abandon sur le 64km (60% d'abandon!!!) du jamais vu.
Bonne récup et merci pour ton récit.

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran