Récit de la course : Marathon de Paris 2014, par nouvion

L'auteur : nouvion

La course : Marathon de Paris

Date : 6/4/2014

Lieu : Paris 16 (Paris)

Affichage : 1236 vues

Distance : 42.195km

Matos : Mizuno Wave Rider 16

Objectif : Terminer

4 commentaires

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Mon 1er Marathon

6 avril 2014, 8h30 au beau milieu des champs élysées, sas 3h15. Le sentiment d’une première victoire : être enfin au départ d’un marathon.

Voilà bientôt 4 ans que je pratique la course à pied. A l’origine je n’ambitionnais pas de faire un marathon, juste le besoin de refaire du sport. Au bout d’un an 1ère compétition de 10km, puis on se prend au jeu, 1er semi-marathon à l’automne 2012 et enfin ce jour le marathon de Paris. Victoire car, en course à pied, il faut du temps et souvent de la patience pour que le corps s’habitue aux traumatismes, quelques petites blessures viennent jalonner ce parcours, j’ai appris la progressivité qui est la règle d’or dans ce sport. Victoire aussi pour les 3 mois et demi d’entraînement spécifique nécessaire pour envisager d’être au départ dans une condition physique acceptable, entre les contraintes horaires, météo, professionnelles, familiales, les problèmes de santé ou petites douleurs prémices de blessures qui viendraient tout fiche en l’air.

Une deuxième victoire serait d’arriver au bout de ce marathon. Pas question dans mon esprit d’abandonner bien sûr, mais on ne sait jamais d’avance ce que nous réserve la course surtout pour une 1ère et une telle distance qui semble un peu déraisonnable.

Je suis en confiance pour ma forme du jour, bien que le plan d’entraînement n’ait pu être suivi à la lettre. Un petit doute au sujet de mes chevilles qui depuis quelques semaines me titillent quelque peu et puis la grosse inconnue après le 30e km. Terminer est bien sûr l’objectif, mais je me fixe quand même un chrono cible. Les simulations faites à partir de mon temps sur semi me donnent une fourchette de 3h17-3h30. Je décide de me caler sur un objectif de 3h20 avec un 1er semi en 1h39.

Tel est mon état d’esprit au moment de me lancer pour cette petite aventure. J’apprécie particulièrement ce moment avant le départ au milieu de 45000 compagnons sur la + belle avenue du monde.

Mon frère, fidèle accompagnateur que je remercie encore une fois, viendra m’encourager et me filmer à des endroits convenus à l’avance.

Le départ des élites est donné à 8h45, nous sommes retenus quelques instants puis passons la ligne à 8h54. La descente des champs-élysées est assez bizarre, alors que je m’attends à courir en peloton et partager ce moment en groupe, je me retrouve presque seul. L’avenue est si large qu’on est finalement très espacé et pas du tout gêné. D’ailleurs, je me rends à peine compte qu’on est sur les champs puisque j’ai le soleil dans les yeux. Ah oui le soleil, c’est l’invité surprise de cette 38e édition, toute la semaine la météo nous a annoncé des averses ou au mieux un temps maussade et 5’ avant le départ le soleil arrive et va nous accompagner une bonne partie de la course. J’ai fait la bêtise de garder 2 maillots et je le regrette dès les 1er hectomètres.

Premier km en 4’27’’, puis la Place de la Concorde, un regard sur l’obélisque puis vers l’assemblée nationale afin de bien profiter de l’instant et je me dirige vers la rue de rivoli où ça se resserre, cette fois-ci on est bien en peloton. J’essaye d’apprécier ce début de course où on est encore frais et lucide, ce n’est pas tous les jours qu’on court dans les rues de Paris. Je m’efforce d’être entre 4’35’’ et 4’40’’ au kilo. A la sortie de la place de la bastille, ça devient étroit, je me cale bien à droite pour passer juste devant mon frère qui est 100m après la place avec la caméra. Un peu plus loin on prend la rue de Reuilly où on retrouve un peu d’ombre que j’apprécie. Le 1er faux-plat avant la place Félix Eboué se fait à peine sentir. Après la place ça descend franchement mais j’évite de m’emballer je sais que ça remonte après. Au passage Porte Dorée, beaucoup de monde pour nous encourager. On s’enfonce maintenant dans le bois de Vincennes le long du lac Daumesnil. Après un virage à 180°, 2e ravitaillement en eau puis passage au 10km en 46’55’’, soit 5’’ de retard sur ce qui était prévu, ça va bien même si toujours un peu chaud.

Après un moment calme, une foule dense nous encourage au niveau du château de Vincennes, quelle ambiance ! Je pense avoir raté mon frère quand à l’entrée de la route des Pyramides je l’aperçois. Je ne connais pas du tout par ici, je crois reconnaître l’insep sur notre gauche. Cette partie est en faux-plat montant et je la trouve très longue, je lève un peu le pied car je commence à ressentir la fatigue. Au 14e km, je prends mon 1er gel en prévision du ravitaillement en eau du 15e km, pas de chance celui-ci est presque au 16e km. Nous sommes maintenant sur la rue de Gravelle qui m’est très familière y étant passé de nombreuses fois pour me rendre sur le circuit cycliste au cœur du bois. Cette partie est bien roulante et je remonte les quelques places perdues un peu + tôt. A la fin de la rue, nous sortons du bois pour revenir dans Paris par la porte de Charenton. Là, un resserrement est provoqué par les spectateurs nombreux à cet endroit. J’imagine que ce sont les mêmes personnes qui étaient Porte Dorée tout à l’heure. Rue de Charenton, un peu de répit ça descend, j’essaye de récupérer, la fatigue se fait un peu sentir. Le ravitaillement suivant est dans une côte juste avant le 20e, ce qui casse bien le rythme et nous oblige à relancer. C’est dans la longue ligne droite de l’avenue Daumesnil que nous passons sous l’arche du semi que je passe en 1h39’14’’, un tout petit retard mais rien de grave.

A partir de maintenant je fais ce que je peux, je reste sur le même rythme car tout va bien. Je me mets bien à gauche pour un nouveau rendez-vous avec le frangin. Je ne le vois pas, cette fois-ci je suis sûr de l’avoir raté quand je l’aperçois sur la droite. Le peloton étant trop dense il n’a pu traverser. Je passe maintenant une 2e fois place de la bastille, virage à gauche pour se diriger vers les quais. Depuis le 20e km, je trouve que le peloton ralentit et je double pas mal de concurrents. Effet assez grisant quand on se sent bien alors que beaucoup sont à la peine. Sur ce passage c’est encore plus frappant j’accélère encore un peu et remonte pas mal de places, je ne le sais pas encore mais c’est mon chant du cygne. On descend sur les quais, la foule est nombreuse perchée sur les murs et nous encourage beaucoup, ça aide. Je slalome un peu puis on arrive dans le 1er tunnel… Euh, elle est où la sortie ? Je n’étais pas préparé à ça, un tunnel d’environ 1,5km ! Je ralenti car on ne voit pas où on pose les pieds, je perds tous mes repères visuels et chronométriques, ce passage est assez désagréable. Enfin la sortie, une bonne petite bosse pour bien casser le rythme. Alors que j’essaye de reprendre mon allure aux environs du 27e km, nous prenons une petite descente… et là une douleur aux cuisses. Qu’est ce qui se passe ? Ca arrive d’un coup sans prévenir. Je ralentis un peu, je me dis que ça va passer et que je relancerai sur un secteur plus plat après la tour Eiffel. Bien sûr il n’en sera rien. La douleur s’installe et est de + en + intense. Très vite j’abandonne l’idée du chrono, plus rien ne compte maintenant que de voir l’arrivée.

Passage au 30e en 2h22, je suis encore dans les temps des 3h20 mais je sais déjà que je serai au-delà si j’arrive au bout. Ce sont maintenant les jambes qui m’imposent le rythme, ma foulée se raccourcit de + en +, je suis maintenant en 4’50’’ au km. Nous quittons les quais, traversons le 16e jusqu’à la porte Molitor. Là je me retrouve dans la foulée de Lydia Doornbos, une néerlandaise de 35 ans, qui me confiera après la course en être à son 103e marathon ou +, le temps d'écrire ces lignes et elle a déjà fait son 104e et son 105e, respect ! Au passage au 32e, je me dis que je n’y arriverais jamais, encore 50’ à 1h avec ces douleurs aux jambes, ça me paraît insurmontable. Evidemment on songe à s’arrêter quelques instants, mais je serre les dents, d’autant plus que malgré ma vitesse décroissante, je continue à doubler et que la majorité des concurrents est encore moins bien que moi, ça va m’aider jusqu’à la fin. Nous faisons le tour de Roland Garros puis arrivons porte d’Auteuil au 35e km où de nombreux spectateurs nous encouragent. On en a bien besoin car ça monte de nouveau le long de l’hippodrome, j’ai l’impression d’être planté, je suis maintenant à 5’ et + au km. En haut, virage à gauche et on s’enfonce dans le bois de boulogne pour le final. 36e, un gars est allongé par terre secouru par la croix rouge, j’en verrai 3 autres d’ici l’arrivée. 37e, de petits secteurs pavés viennent me casser les jambes encore un peu plus, je peste contre ce maudit revêtement. J’ai l’impression que ça monte encore, que c’est dur encore ce passage ! Virage à droite pour prendre l’allée de la reine Marguerite. La route est + large et + roulante à tel point que je fais un km en moins de 5’, quel exploit !

On passe le 40e km, je double un gars qui ne cesse de dire « je n’ai pas le droit de marcher, je n’ai pas le droit de marcher… », j’en rigole un peu mais c’est aussi mon état d’esprit à ce moment. Virage à droite, plus que 1500 mètres, mais ça monte de nouveau. Cette fois-ci je n’avance plus, je m’accroche jusqu’en haut, virage à gauche KM 41. C’est tout plat jusqu’à l’arrivée, le moral remonte. Plus on approche de l’arrivée et plus il y a de monde sur les bords de la route, j’entends mon prénom et aperçois mon frère, je lance un poing rageur, c’est gagné ! Porte Dauphine, grosse foule à cet endroit, ça crie et encourage à tout va. Je me sens tout à coup pousser des ailes et retrouve mon rythme du début. Dernier virage, la ligne est là 200 mètres, je savoure, un dernier effort et je passe la ligne en 3h23’21’’ (3730e) : je suis Marathonien !

Ouf ! Je souffre terriblement des muscles jambiers à tel point que j’ai du mal à marcher. A regarder les autres, je me dis que je ne suis pas le seul. J’ai pas mal faibli sur la fin mais je n’ai pas craqué, je suis finalement assez satisfait du temps à l'arrivée. Je dévore quelques quartiers d’orange puis retrouve mon frère.

L’analyse d’après-course confirme mes impressions durant l’effort. Bien que les temps étaient à la baisse, le classement lui était à la hausse. Je suis d’ailleurs moins fatigué que je ne l’imaginais, c’est vraiment les douleurs musculaires qui ont limité ma performance. Je sais au moins ce qu’il faudra travailler la prochaine fois s’il y a.

Côté élites, le favori Bekelé n’a pas déçu, il gagne avec le record de l’épreuve. Un grand avenir lui est promis sur la distance, on lui prédit déjà un futur record du monde. Chez les femmes, victoire de la kenyanne Flomena Cheyech.

Mes temps et classements provisoires (temps réels) :

  • Départ au 5e km : 23’13’’ – 5300e
  • Du 5e au 10e : 23’42’’ – 46’55’’
  • Du 10e au 15e : 23’32’’ – 1h10’27’’ – 5454e
  • Du 15e au 20e : 23’36’’ – 1h34’03’’ – 5379e
  • Semi : 1h39’14’’ – 5273e
  • Du 20e au 25e : 23’36’’ – 1h57’39’’ – 5088e
  • Du 25e au 30e : 24’17’’ – 2h21’56’’ – 4597e
  • Du 30e au 35e : 24’41’’ – 2h46’37’’ – 4196e
  • Du 35e au 40e : 25’23’’ – 3h12’ – 3791e
  • Arrivée : 3h23’21’’ – 3730e

4 commentaires

Commentaire de Berty09 posté le 13-04-2014 à 23:35:18

Tu t'en tires très bien pour un premier marathon. Bravo, maintenant tu as l'expérience en plus. Bonne chance pour la suite.

Commentaire de nouvion posté le 14-04-2014 à 14:53:13

Merci beaucoup. Il s'en est fallu de peu, mais je me suis accroché.

Commentaire de LongJohnSilver posté le 15-04-2014 à 11:20:15

Chouette performance, et sur ton premier en plus! Par contre, à l'avenir, évite les virages à 180° en course ;)

Commentaire de nouvion posté le 15-04-2014 à 22:17:09

Passé un certain seuil, je ne sais plus très bien compter les degrés.
Merci pour ton commentaire.

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