Récit de la course : Ultra Trail de Côte d'Or 2013, par Xav

L'auteur : Xav

La course : Ultra Trail de Côte d'Or

Date : 1/6/2013

Lieu : Marsannay La Cote (Côte-d'Or)

Affichage : 1374 vues

Distance : 105km

Objectif : Terminer

3 commentaires

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UTCO : un premier ultra en souffrance

 

A l’approche de ce défi, je suis plutôt confiant car la préparation a été sérieuse.

J’ai la volonté de faire une perf (16h ce serait ce que j'appelle une perf pour moi) car il y a eu quelques sacrifices : jours de congés posés et parties de week-ends sacrifiés pour l’entrainement.

Malheureusement, à j-7 un méchant rhume me cloue au lit.

J’arrête les médocs le jeudi car je crains les effets indésirables sur la digestion et je débarque donc la veille avec ce rhume.

On se couche vers 21h30 mais impossible de dormir avant 23h30 et le réveil sonne à 1h00…courte nuit, mais c’était prévu.

L’ambiance au départ est intimiste, çà me plait bien.

Après quelques consignes de l’orga, le départ est donné à 3h00 comme prévu (3h05 je crois, mais j’ai remis ma montre à 3h00 au moment du départ).

 

Km0 à km23 (Ravito Pommard)

Dés le départ, je ne me sens pas bien du tout, j’ai des bouffée de chaleur, la tête pressée et le nez qui coule tout vert…le méchant rhume est toujours là. Je me dis que cela va se passer avec le nez qui va se déboucher en courant…optimiste le gars.

Les 3 premiers km se font sur la route, on trottine donc tranquillement à 10-11km/h mais c’est désagréable car il y a du vent.

Ensuite 2km plat mais dans la boue, bonjour les glissades, on n’avance pas vite et laisse de l’énergie.

Enfin après 5km, la première côte de 2km. Çà monte très raide, puis un replat, puis çà remonte… je me sens dans le rouge, et pourtant j’essaie de bétonner, mais rien n’y fait, je ne suis pas bien.

La première descente est très lente car étroite et dans la boue. J’ai un peu mal au genou mais çà ne m’inquiète pas, je me dis que çà va passer.

La seconde montée est tout aussi difficile, je me prends une belle pelle dans la boue au-dessus et je me fatigue à glisser malgré les bâtons qui m’aident dans ces conditions.

La troisième montée, la dernière avant Pommard, est heureusement plus courte (1km) et la boue disparaît, et je suis tout heureux d’apercevoir Pommard avec le levé du jour.

Mais la descente est douloureuse pour le genou, la çà commence à m’inquiéter un peu.

Au ravito de Pommard, il est déjà 6h05, soit 15-20 min de retard sur le prévisionnel (objectif 16h).

A Pommard, je ne m’arrête que 5min, le temps de boire de l’eau et remballer les bâtons, inutiles sur la prochaine portion.

Km23 à 32 (Point d’eau Savigny)

6h10. Je repars du ravito en marchant en côte puis trottine. Cette portion est la plus roulante.

Alors que je trotte à mon petit rythme dans la forêt, je me retouve dans un cul de sac ! Mince, j’étais dans mes pensées et je n’ai pas fais gaffe au balisage, j’ai raté un embranchement. Je suis dégoûté, reviens sur mes pas, ouf je n’ai fais que 400m hors route ! 5min de perdue.

Sur cette portion, je taille la bavette jusqu’à Savigny avec « un vrai » ultratrailer, très sympa, il finira 34ème en 15h44.

J’arrive à Savigny à 7h15, déjà un peu entamé physiquement et moralement à cause du genou.

Km32 à km47 (Ravito de Changey).

7h20. A la sortie de Savigny, çà monte quasi en permanence sur7 km, avec des premiers km très raides, puis du faux plat. Je perds quelques places sur cette portion mais je me concentre sur le fait de garder de l’énergie, çà se fait bien, peu importe les autres concurrents. Dans la longue descente qui suit, la douleur au genou se fait plus intense, et à l’approche du ravito elle devient insupportable : je suis obligé de faire la dernière descente en marchant en arrière, seule démarche qui ne me fasse pas mal au genou.

Il est 9h05 lorsque j’arrive au ravito de changey : 6h de course et je n’ai « que » 15-20 min de retard sur le prévisionnel, çà c’est cool, mais la douleur au genou est trop dure à supporter, et le fait de devoir marcher en marche arrière dans les descentes est démoralisant.

Mes supporters locaux sont là, le ravito se prolonge un peu et après 15min de pause, je repars.

Km47 à km 63 (point d’eau Meuilley)

Les premiers km de cette portion sont en faux-plat montant, çà me va bien, je maintiens un 8km/h sur 5km, c’est bon.

Puis survient la première descente en combe (Arcenant), pas très raide mais boueuse. Là je comprends à quel point mon genou va m’handicaper : impossible de le poser dans la pente sans une douleur violente. Non seulement je n’avance pas, mais j’arrive en bas très éprouvé.

Ensuite une montée de 2km que j’avais fait en reco avec un pote en décembre, c’est un plus de connaître la route sur quelques km, mais j’ai du mal à enchainer.

Au dessus, une portion de route en descente, ce n’est pas raide mais je suis au ralenti là encore à cause du genou.

Puis, après Chavannes, une montée de la mort qui tue en forêt, 800m seulement, mais très raide, obligé de se mettre dans le rouge.

J’arrive au point d’eau de Meuilley à 11h40 (j’avais prévu une fourchette 11h-11h30), donc un retard stable, mais je sais que le plus dur est à venir et que le chrono va s’envoler.

Nous sommes plus ou moins à mi-course, j’ai l’impression d’avoir déjà vécu un sacré périple : 8h, 63km, 2000mD+. J’ai du mal à me faire à l’idée de n’avoir fait que la moitié !

Au moment de repartir, mon pote Raph arrive. Il n’est pas bien non plus, je décide de l’attendre, le chrono ne compte plus.

On discute, on se pose. Bref, on ne repart qu’à 12h00 (20min de pause au lieu de 5min prévues !)

Mon GPS s’arrête là faute de batterie, mais je n’ai pas le courage de brancher ma batterie, et surtout je n’y vois pas d’intérêt car je ne m’en sers pas, l’heure sur ma montre de secours me suffit.

Km63 à km82 (Morey St Denis)

12h00. On s’attaque à la portion la plus longue qui contient sur sa fin les premières combes.

J’espère mettre 3h sur cette partie.

On repart ensemble mais Raph cale un peu d’entrée, je continue seul car je dois prendre de l’avance sur les portions planes en prévision des descentes.

Une grosse montée donne un bon coup de chaud, je prends 1 minute au dessus pour souffler et regarder le paysage.

Dans la descente qui suit, je grimace pour trottiner et me rends compte rapidement qu’il n’y a plus de balisage. JE me retourne et je vois bien une banderole au vent 100m derrière… je suis donc sur le bon chemin à priori… je continue jusqu’au village en contre-bas et demande à une passante : « c’est bien par là que passe la course ? Vous avez vu des coureurs ? » « Oui, j’en ai vu 2 plus bas » me dit-elle. Je continue donc, mais arrivé à une intersection, plus âme qui vive et pas de balisage. Je teste les 3 routes sur une centaine de mètre mais aucun balisage… Bon, pas de doute je me suis planté. Je retourne sur mes pas jusqu’à la dernière banderole…et là je m’aperçois que le chemin par sur le côté… dé-gou-té. J’ai perdu 15min dans cette histoire.

Les 5-6 kmsuivants se font assez bien, je remonte même quelques places.

Puis, les combes.

La première commence par une descente très raide, et la commence le calvaire.

Impossible de mettre le pied droit en appuis, j’alterne donc entre 2 techniques :

-          me laisser glisser sur les fesses

-          lever le pied droit et glisser sur le gauche en me tenant aux arbres.

Cette descente me paraît interminable, je suis vidé en bas.

Lorsque la pente se fait plus douce sur la fin, je loupe encore le balisage et m’en rend compte lorsque je sors du bois et vois le chemin continuer à plat alors que l’on est sensé enchainé avec une montée directe.

Allez, je reviens en arrière, récupère un gars qui a fait la même erreur que moi, et enchaine avec la montée de cette combe : elle est très rude et la chaleur commence à arriver, je bois pas mal en là… PANNE D’EAU. J’ai oublié de rechargé le camelbak à Meuilley, Quel Boulet !

Je me pose à l’ombre, avale une compote, et reprend en marchant doucement en attendant que quelqu’un ma rattrape pour taxer un peu d’eau. C’est chose faite 5 min + tard : une âme charitable et bien fournie en liquide me dépanne.

La combe suivante est proche, et même combat pour la descente, je ne vous re-raconte pas le sketch.

La montée suivante est digne de la descente, avec en plus la fameuse portion avec les cordes : c’est dur, c’est lent, mais pas déplaisant.

Arrive enfin le ravito de Morey. Le duo maman-bellemaman est là pour encourager avec une pancarte « Allez la ficelle », elles sont sympas quand même !

Il est 16h00, j’ai « pris » 1h de + sur cette portion et je suis en retard de… 1h30 sur ma pire prévision qui me faisait arriver à 20h.

Je calcule : 20h+1h30=21h30… si j’ajoute à cela le fait que je vais encore perdre du temps dans les combes je suis très inquiet sur le respect de la barrière horaire.

Mon pote Raph arrive encore 10min après moi à ce ravito. Il veut arrêter là, il est cuit. Je le motive pour continuer et on repart ensemble.

Km82 à km93 (Couchey)

16h20. Je me rappelle avoir noté qu’il fallait partir de Morey à 16h30 au plus tard pour avoir une chance de rallier Couchey dans les temps : vu l’état dans lequel nous sommes, çà va être très très juste.

Très vite, je laisse mon pote Raph car je préfère prendre de l’avance en prévision des descentes.

Finalement, je rejoint quelques concurrents à la faveur des faux plats montant, et quand c’est plat et qu’il faut courir je trottine très lentement en traînant la jambe.

Les combes suivantes sont encore plus dures que je ne pensais car les descentes sont techniques, dans des pierriers…çà n’avance pas, j’ai horriblement mal au genou, et je suis très frustré car je n’ai aucune douleur musculaire.

Finalement, j’atteins Couchey à 19h10. J’ai mis 2h50 sur cette portion, c’est ce que j’avais plus ou moins prévu sur mon roadbook initial, je ne m’en sors donc pas trop mal.

Maman-BelleMaman sont encore là pour m’encourager.

Km93 à km105 : Arrivée à Marsannay

19h20. La barrière étant à 19h30, je repars sans Raph, même si j’imagine qu’il est 5 ou 10min derrière moi. Pour la suite, les bénévoles me rassurent en me disant qu’il n’y a plus qu’une combe, alors je repars confiant pour ne pas mettre plus de 2h-2h15 (j’avais prévu 2h dans mon roadbook).

Sur les quelques km plats qui suivent, je remonte quelques compagnons et vient alors le dernière descente de la mort qui tue… mais, bonne surprise, elle est tout équipée d’une corde ! Youuuuupiiiiie ! je ne me fais pas prier pour la faire en marche arrière en faisant chauffer les mains sur la corde. Du coup, elle est descendue en un rien de temps.

J’ai encore un peu de jus pour faire la montée qui suit en marche très rapide.

Reste + ou – 1h, çà descend sans être trop raide et me permet de courir un peu.

Alors que je pense que l’on va atteindre Marsannay, on nous renvoie faire un petit tour dans les bois histoire de se prendre 1 ou 2 bosses : mais là, çà sent le paddock, on a le droit de se mettre dans le rouge et je ne me fais pas prier.

A la sortie du bois, on voit les vignes et Marsannay à portée de gambettes. Un vrai moment de bonheur !

Ce dernier km dans les vignes est vite torché, l’arrivée à Marsannay est un vrai bonheur.

1h40 sur cette dernière portion, c’est inespéré.

Je franchi donc la ligne à 21h00, sous les applaudissements de courageux spectateurs et bénévoles, mais bizarrement sans émotion particulière, alors que je suis bien du genre à verser ma larme à l’arrivée des courses où je fini vidé, comme à mes deux Saintélyon. L’absence de ma petite famille qui n’a pas pu faire le déplacement et le fait de ne pas avoir la sensation d’être aller au bout de moi-même explique cela.

Raph arrivera 25min plus tard, je suis très heureux pour lui qu’il n’ait pas lâché à Morey, j’étais sûr qu’il pouvait finir.

La semaine suivante, le rhume était toujours bien là, j’ai mis 1 semaine à le chasser.

Pour le genou, c’est le fameux phénomène de l’essuie-glace sur le TFL d'après le médecin. çà risque de prendre du temps, j'ai toujours bien mal à l'heure qu'il est malgré les anti-inflammatoire. retour en consultation probable.

Côté motivation, contrairement à mes 2 Saintélyon qui m’avaient « calmé » quelques semaines, je suis déjà hyper motivé pour de nouveaux défis, et éventuellement revenir sur cet UTCO l’année prochaine.

Côté nutrition,  ma problématique principale crainte en course, je me suis tenu à mon choix du only-compotes (j’en ai finalement avalé exactement 10 dans la journée), et çà à plutôt bien fonctionné, mais j’émets une petite réserve car je n’ai pas pu faire fonctionner l’organisme intensément.

 

Difficicile de tirer un bilan personnel, je suis à la fois frustré, heureux d’être allé au bout, et surtout impatient et curieux d’en faire d’autres pour voir comment cela se passera la prochaine fois.

3 commentaires

Commentaire de Mamanpat posté le 13-06-2013 à 19:59:20

En fait je t'ai coursé sur 105 km à 10 mn près ! Toujours dans tes running !
Et il me semblait bien, aux traces, que quelqu'un avait fait cette grande descente boueuse sur les fesses !!!
En tout cas bravo, tu as su aller au bout malgré la douleur, vivement le prochain !

Commentaire de Benman posté le 13-06-2013 à 23:31:38

Bravo pour ta course et ta ténacité. Tu es allé au bout, et c'est la principale victoire. Chapeau.

Commentaire de Mame posté le 14-06-2013 à 16:17:32

Belle gestion pour une première!!! Rien n'a été là pour te faciliter le job : rhume, TFL, terrain gras, balisage... peut être à l'année prochaine donc!

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