Récit de la course : Le Tacot - 26 km 2013, par Benman

L'auteur : Benman

La course : Le Tacot - 26 km

Date : 1/5/2013

Lieu : Gevrey Chambertin (Côte-d'Or)

Affichage : 2997 vues

Distance : 26km

Objectif : Pas d'objectif

11 commentaires

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C'était limite poutrage de gueule

En ce 1er mai, pendant que quelques courageux vendeurs de muguet sortent leurs seaux, d'autres courageux sots sortent au vent dehors. Un seul objectif: Le Tacot! 

Kezako ce Tacot?

Le Tacot, c'est 26 km dans les Côtes et Combes de la Côte d'Or au-dessus de Gevrey-Chambertin, Chambolle Musigny et Vougeot.

Voici le terrain de jeu autour de ce Tacot: Chambolle Musigny et le célèbre Clos de Vougeot au fond.

Les Combes et leurs falaises vertigineuses vont nous accompagner aujourd'hui.

Il est 7h , pas une heure normale pour un Benman de 1er mai... la veille au soir a été plutôt arrosée.

 

Et dehors, ça arrose dru. 

Bon, pas question de se laisser démonter par quelques petites contrariétés, on va vite voir si la fée clochette garde son pouvoir dopant sur cette course.



Le soleil est de retour... Je suis un brin ému, gai... ce petit porte bonheur me met d'humeur chafouine pour me diriger vers Gevrey-Chambertin, hôte de ce Tacot à attaquer. Je suis limite à l'heure, et la route, déjà est pleine de pièges...

Je me trompe de direction en prenant ma fidèle bouteille à-bulles-qui-filent-pas-la-chtouille-en-course-mais-qui-te-bicarbonatent-la-rate.


Arrivée à Gevrey-Chambertin, charmante bourgade connue également pour son eau aromatisée en bouteilles. Petite pause arrosage des vignes, et je revêts ma tenue de Benman.

On n'est pas responsable de la tête qu'on a, mais de la tête qu'on fait...
et ce matin, je me rends compte que j'ai abusé du muguet...
Cela dit, quelques bicarbonates sur les vignes, et on se sent mieux!

 

Les préparatifs sont rapides. Le speaker nous chante une chanson de Didier Barbelivien pour nous donner du courage. Le 469 semble apprécier. Les autres détournent le regard pudiquement. Je suis sûr qu'il a fait ça exprès pour m'énerver. Promis, si je monte sur le podium, je lui chanterai du Eve Angeli.

Dieu merci, je suis pas prêt de monter sur un podium.

Le départ est donné, je suis déjà largué comme un vioque décati tout raplati. 


Les enfants me jettent des pierres en hurlant, les mamies attachent leurs chiens pour ne pas qu'ils me massacrent... bref, je ne suis pas dans le peloton de tête. Cela me met de très mauvaise humeur. Un départ aussi médiocre va forcément se payer... mais pas question que ce soit moi qui paye.

Je me rappelle alors quand, petit, enfoui dans mon lit le soir après une journée télé-animée, je refaisais les scores de Roland-Garros, en imaginant John McEnroe, le teigneux, effectuant une remontée fantastique sur l'infâme Ivan Lendl.

En ce 1er mai, Benman va se transformer en Benmac et a décidé, crinière au vent, plein de morgue et de superbe, d'entamer sa remontée fantastique.

Sauf que pour faire une remontée fantastique, il faut aussi avoir un peu de capacité pour le faire. Rien ne vient, il va falloir sortir la mauvaise foi.

ça va tout déchirer maintenant...


Je crache par terre, j'insulte les arbitres, casse ma gourde par terre en la piétinant dans la boue. Je tire la langue au public, je pense à ma déclaration d'impôts à faire... bref, je mets en place un schéma mental de résilience active.

Pourtant j'aurais dû un peu plus ouvrir les yeux, car le parcours est superbe.

La 1ère féminine est passée depuis longtemps quand je découvre les hauteurs de la Combe de Chambolle-Musigny 

J'adore le maillot "Dijo" à Chambolle Musigny - mode blague bourguignonne off.

Il me faut trouver un exutoire. Pour faire une remontée, il faut doubler du monde. Alors, évidemment, on nous fait zigzaguer avec le parcours du 15 km, ce qui nous permet de reprendre quelques vieillards éructants de fin de classement du 15.

Je les dépasse fièrement, tel le Petit Caporal à Arcole, en chantant:

"Recolle, montre que t'as des guiboles".

Il va me falloir trouver un martyr symbolique. Je décide de marquer mon territoire: Là où Benman a pissé, l'herbe ne repoussera pas.

Après avoir ainsi lisbroqué, je me sens tout regonflé. Je cherche ma victime  expiatoire.

Une pythie m'annonce que Fulgurex est bien parti, bien plus vite que moi en tous cas; je ne l'ai même pas vu. Cela me met en appétit.

Ce sera lui ma cible. Désormais, je bande mon arc et mes muscles (on s'arrêtera là d'ailleurs).

Ce gars-là sourit encore, mais il ne sait pas ce qui l'attend...

Je grapille quelques places. Je suis le Mike Tyson du trail, devant ma rage débordante, les concurrents préfèrent me laisser passer, de peur de se faire mordre. La bave aux lèvres et un bout d'oreille coincé entre les dents, j'accélère pour rattraper le tyran qui ne m'a pas attendu au départ.

Au terme d'une séance de poutrage final qui mériterait de figurer dans tous les manuels d'athlétisme, je double l'animal sans même lui lancer un regard. 
(en fait, je ne l'avais même pas reconnu, tout entier mû dans ma rage canonique)

Je découvre après l'arche d'arrivée que c'était lui. Je recrache discrètement le bout d'oreille pour me donner un air présentable après un tel crime de lèse-trail. On est effectivement à la limite du poutrage de gueule.

Je raconte n'importe quoi sur mes motivations pour ne pas trop passer pour un goujat excécrable, ce que je suis en fait.

Intérieurement, je suis le fulgurant John McEnroe, flamboyant, faisant le break dans le 9ème jeu du 5ème set face au Fulgurex Lendl agonisant.

Ivan le Tyran, je t'ai poutré. Tu es outré?


Le Fulgu est un animal fair-play, il sourit après les derniers poutrages.


Je propose à ma victime une photo. Je prends un air détaché, un peu tête-à-claques... j'aime ça!


J'assisterai ensuite à la remise des coupes. Je n'aurai pas à chanter...

Incident rarrissime: un fan fendra le service d'ordre pour aller embrasser une lauréate
et la remercier ainsi d'avoir si bien chanté du Eve Angeli sur le podium.


Ce Tacot m'a fait aller au charbon. J'ai failli y couler une bielle, heureusement, j'ai retrouvé sur la fin l'instinct de prédateur, celui du jaguar. 

Je terminerai par cette citation de Herbert Léonard, célèbre poète du XXème siècle  : "Quand on roule en Jaguar, les tacots, ils se garent"



Enfin, bravo à ceux qui continuent à soutenir Aurélie dans son combat



et un grand merci aux organisateurs d'escargot 21.

La trace de la course

Crédit photos: Michel Provins, Jean Michel Mery, Nicolas Goisque

11 commentaires

Commentaire de Japhy posté le 04-05-2013 à 08:23:43

J'ai pas bien compris où c'était, mais j'ai bien rigolé! :D
(sauf que moi j'aimais bien Lendl en fait)

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 04-05-2013 à 13:29:17

Poutrer le Fulgu, ça, c'est trop fort !!! C'est beau d'être jeune.
Félicitations pour ce poutrage d'intérêt public et surtout pour ton récit bidonnant digne du Lutin quand il était plus jeune (maintenant, c'est un vieux barbon radoteur).

Continue de piétiner le Fulgu, il le mérite ! Hiark hiark !

Commentaire de Benman posté le 19-05-2013 à 23:02:38

Je laissais le Fulgu répondre avant d'en rajouter dans la provoc'. Y'a plus qu'à lui conseiller d'aller faire du vélo avant l'UTCO. hihi

Commentaire de Mustang posté le 06-05-2013 à 15:56:56

Bon trail, bon récit bien saignant! Et reynald en prime!

Commentaire de Benman posté le 19-05-2013 à 23:04:22

prochaine cible, un mustang saignant?

Commentaire de tortue01 posté le 08-05-2013 à 23:31:02

Waouah..ca en jette (le CR et les photos)..c'est si devient dangereux de faire une trail a tes cotés ??!!Bref..you are a warrior!!!!!!!!!

Commentaire de Benman posté le 19-05-2013 à 23:05:47

C'est comme à la corrida, pour l'instant, je ne parle que des oreilles. la prochaine fois...

Commentaire de fulgurex posté le 16-05-2013 à 18:14:32

quel vil camarade tu fais! Tu te caches derrière tout le parcours pour sortir tel le diablotin de sa boite dans les derniers 200 mètres... D'ailleurs, il n'y a pas de photos de toi sur la course, seulement au départ! Serais tu resté caché dans une cave de Gevrey pour n'en sortir qu'à mon passage???
Chante beau merle! je me vengerai, ne serait ce que pour embêter le Lutin!

Bon, mais va falloir que je m'entraine sérieusement maintenant...
Merci pour l'honneur que tu me fais de laisser croire que je suis un champion local ;)

Commentaire de Benman posté le 17-05-2013 à 23:52:33

Mince, Benman est démasqué.. les (bonnes) caves de Gevrey... Gevrey dû me cacher ailleurs...

Commentaire de Mame posté le 17-05-2013 à 15:18:32

Messieurs,je vous laisse régler vos vélléïtés dans votre petit atelier d'ébénisterie - charpente d'un autre âge ou je vous coule une dalle de béton vibré? En tous les cas, un bon moment de lecture

Commentaire de Benman posté le 17-05-2013 à 23:57:44

Que dalle, il a coulé tout seul, et moi j'ai vibré. épi c'est tout.

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