J'aime beaucoup ce site car j'aime bien lire les différents récits, c'est souvent grace à ces derniers que je me décide pour tel ou tel marathon. Ce marathon de Venise était un coup de coeur pour moi et mon amie. J'ai fait le marathon de Rome 2012 ainsi que Nice Cannes 2011 mais sans grande conviction ni entrainement spécifique respectivement en 3h06 et 3h10, ça faisait longtemps que je n'avais pas été motivé comme ça pour un marathon. C'est environ mon dixième marathon mais depuis deux ans je m'essaie au triathlon, je nage comme une enclume mais c'est pas grave...

 

Je me décide donc de m'entrainer de façon structurée avec 4 entrainements par semaine+1 séance de vélo, pendant l'été j'étais plutôt à 3 séances de vélo et 2 de course à pied, ce qui m'a fait un entrainement assez varié.

 Nous arrivons à Venise samedi matin, le temps est maussade mais il fait doux, pas de vent, je me dis que nous avons peut-être une chance d'avoir beau temps. Après une petite nuit de sommeil, quelques biscuits italiens achetés sur le pouce en guise de déjeuner nous allons prendre le bus à Tronchetto pour rejoindre le départ à Stra. Arrivés sur place il fait très froid, de fortes rafales de vent, de la pluie... A ce moment je n'imagine même plus courir; le vent venant de l'est nord-ouest et comme nous allons vers l'est c'est grillé.

C'est l'heure du départ, j'ai pas un super sas mais c'est large, j'avance vers le ballon des 3h15. Jusque là je me demande vraiment comment je vais faire la course tellement j'ai froid.

C'est parti, je double un peu du monde pour remonter vers le ballon des 3 h, je fais attention car je sais qu'une petite accélération de trop peut coûter cher! Jusque là tout va bien, je passe le 5ème puis le 10 ème km environ en 41'20, je ne calcule absolument rien, j'essaie de rester à ce rythme, le souffle est bon. Je me suis bu une bouteille de Gatorade entre le premier et le 10ème km siot 30 g de sucre, je ne prends donc pas de gel. Jusqu'au semi tout se passe comme prévu, le temps lui est de pire en pire, on se prend des raffales mais le souffle et les jambes sont bonnes, je me suis avalé une nouvelle bouteille de Gatorade entre le 10 et le semi. Je passe en un peu moins de 1h29 au semi. Jusque là j'imagine finir à l'usure, ne me doutant pas de la suite du parcours.

 

 Les km continuent à défiler, on arrive au 25ème, je suis toujours avec mon gatorade, je prends juste une petit gel Isostar, les jambes sont bonnes, je suis même euphorique de courir dans ces conditions avec les encouragements du public. Nous traversons un parc, toujours pas de lassitude, j'accélère même, grisé de doubler du monde. C'est la première fois que je divague pas au 30ème km, je commence donc à faire mes petits calculs et je commence à me voir en dessous des 3h. Jusque là le ballon des 3 h est derrière moi et je l'aperçois à une centaine de mètres.

ça continue jusqu'au pont de la liberté long de 4 km que j'attaque avec séreinité. Là par contre les difficultés se corsent sérieusement: vent latéral très puissant voire même 3/4 face, pluie voire même neige fondue! Je me dis que c'est encore jouable, les sensations sont pas mauvaises mais je perds de l'allure à cause du vent, je suis obligé de tourner la tête vers la droite car j'ai mal aux yeux et du mal à respirer avec le vent qui me fouette le visage. Je sais pas combien de temps j'ai mis. Après le pont, une centaine de mètres avec le vent dans le dos, je me remets dans l'allure, toujours pas de crampe, ça va pas mal du tout.

J'arrive au 40ème km en 2h51, à ce moment je me dis que les 3 h sont gagnées, même en faisant du 4'30 au km ça devrait passer. J'avais oublié que la fin n'est pas si roulante avec la quinzaine de ponts à traverser. Je n'ai pas trouvé ça si difficile mais on perd un peu d'allure, le plus génant c'est surtout que c'était glissant et on commence à avoir des pavés, l'eau est à la limite de déborder, j'ai du mal à relancer avec cette alternance de rampes et d'eau!

 J'aperçois la ligne d'arrivée, les 3h ne sont plus là. Chrono officiel: 3h01'55. Mon temps puce donnera 3h01'14". Les minutes qui ont suivi l'arrivée j'étais complètement frigorifié, nous étions un peu laissé à l'abandon dans le froid, même pas de couverture de survie...

 

C'est la première fois que j'arrive à mener avec tant de régularité et surtout sans connaître le mur. Aurais-je fait mieux dans d'autres conditions? On peut toujours refaire le monde, chaque course est différente, c'est aussi ce qui fait le charme du marathon! Je bats mon record sur marathon d'il y a 3 ans qui était de 3h03'30.

 

PS: tous les autres jours il a fait beau, c'est rageant mais finalement peut-être mieux que l'inverse!