Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées - Raid 220 2011, par Cantalou

L'auteur : Cantalou

La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Raid 220

Date : 24/8/2011

Lieu : Vielle-Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 4283 vues

Distance : 220km

Objectif : Pas d'objectif

13 commentaires

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Grand raid des Pyrénées - raid220

Vielle-Aure, mercredi 24 Août 2011, 8h du matin nous sommes 19 privilégiés sur la ligne de départ prêts à s'élancer (5 équipes de 3 et une équipe de 4).

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Petit retour en arrière pour ceux qui auraient loupés les épisodes précédents, nous sommes en octobre 2010 et Michel me parle d'un projet pour 2011 d'édition 0 d'un raid sur invitation pour les triples finisheurs de l'ultra du GRP. Quelque chose comme 220 bornes avec 12 ou 13000 d+ par équipe de 3 sans balisage. L'idée est très séduisante. En début d'année je reçois le mail officiel d'invitation pour participer au raid suivant:

Raid d'environ 220 km et 16000 m de déniv

Départ le mercredi 24 août à 8h de Vielle-Aure. Arrivée avant dimanche 00h

Par équipe de 3 ou 4 au départ, mini 2 à partir de Cauterets (130ème km) avec retour par le tracé de l'Ultra dans ce cas

GPS obligatoire avec le tracé intégré, pas de balisage sauf par moments celui de l'Ultra

2 balises GPS par équipes fournie par l'organisation pour le suivi

Les ravitaillements sont limités au strict minimum : Artigues, Prats de Bataille, Villelongue, Les Colonies, Cauterets, Esquièze-Sère, Tournaboup, Merlans.

Je réponds immédiatement que je suis partant et étant l'invité (i.e le capitaine d'équipe) je dois constituer celle-ci et il fallait que je trouve 2 personnes avec qui le courant passe bien, qui aient envie de s'aligner sur une épreuve de ce type et qu'il n'y ait pas trop d'écart de niveau entre nous.Pas simple donc.
Les traileurs avec qui je m'entraine régulièrement ont fait le Grand et ne s'aligne que cette année sur l'Ultra du GRP, c'est donc prématuré pour eux.
J'ai contacté Françoise qui a terminé 2 fois l'ultra en étant sur le poduim V2F et avec qui j'avais fait une partie du parcours. Passionnée de montagne elle envisageait pour cette année de s'organiser un périple de plusieurs jours dans le Pyrénées. Elle n'a pas réfléchit longtemps avant d'accepter.
Le 3ème larron sera Thomas que j'avais rencontré l'année dernière lors du Trail aux étoiles au Vigan et qui a à son actif plusieurs Ultras (GRR, GRP, 6666...etc). Lorsque je le l'ai appelé, je sentais au son de sa voix son enthousiasme pour participer à ce raid. C'est donc une équipe mixte qui prendra le départ.

Nous avons prévu de faire quelques entrainements ensembles mais les contraintes de chacun vons faire qu'il n'y en aura qu'un début Août mais qui permettra toutefois de tester l'esprit d'équipe au travers de 2 péripéties. Avant d'attaquer cette épreuve j'éprouve à nouveau les mêmes sentiments qu'il y a 4 ans avant mon premier GRP de 150 km mélés d'inquiétude et d'impatience d'attaquer quelque chose de nouveau.

Nous n'avons pas établi de plan pour ce raid, surtout pour les pauses dodo et on improvisera au feeling. Thomas et Françoise on déja connu 2 grp avec une nuit blanche sans problèmes et pour ma part le 1er grp m'avait permit de tester 2 nuits blanches. Durant la deuxième j'avais eu des hallucinations mais une sieste de 15 minutes m'avait ensuite permit de finir.

En ce mercredi matin, le brieffing a lieu au café avec le petit-déj offert, le fait de n'être pas nombreux présente quelques avantages.

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Une fois récupéré les 2 balises GPS, nous sommes fin prêts. Michel nous informe que c'est la même équipe de bénévoles qui va nous suivre pendant tout le raid allant d'un ravitaillo à un autre. je ne prête pas attention à ce détail qui va prendre une importance énorme par la suite.

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Le ruban est coupé et je sens une hésitation au sein du groupe entre mercher ou courir, entre quitter Vielle-Aure et se lancer sur ce raid que j'attends maintenant depuis 8 mois et qui constitue l'objectif majeur de l'année. Finallement, on part en trottinant jusqu'à Vignec pour attaquer en marchant la montée vers Soulan et le Cap de Pède (815 d+ pour se mettre en jambe). C'était le parcours de la descente finale les années précédentes et la partie bien raide vers Soulan qui martirisait nos quadri va solliciter nos mollets cette année.

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Comme vous le constatez, on monte dans le brouillard mais il fait bon. Après le cap de pède, descente vers le village d'Aulon par un très joli sentier en forêt. les 6 équipes se sont scindées en 2 groupes et nous évoluons soit par équipe soit en étant mélangés et en faisant un peu connaissance. Arrivée tout sourire à Lurgues (10 km) pour le 1er ravitaillement en eau.

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Les organisateurs ont fourni avec le tableau des KM/d+ des estimations de temps de passage : équipe la plus rapide et la plus lente et j'ai fait la moyenne pour nous. Pour l'instant, nous sommes en avance sur les temps les plus rapides, faut-il s'en inquiéter ?

Nous attaquons maintenant la montée vers le col de Bastan (1200 d+), ça devient sérieux. En même temps les nuages se déchirent un peu laissant apparaitre des paysages magnifiques (ça ne fait que commencer). Cette montée est de toute beautée et mériterait, non pas d'être inscrite au patrimoine de l'Unesco, mais au parcours des autres courses. Pour notre groupe, une techniques'instaure que l'on va garder durant toute l'épreuve. Françoise est devant et suit ou devine le sentier en même temps qu'elle donne le tempo. Je suis au milieur et prends les photo, ce qui me vaut de me faire chambrer par mes co-équipiers because je ralentis l'allure mais maintenant ils sont bien content d'avoir des souvenirs et Thomas ferme la marche en assurant comme un chef avec le GPS et le suivi de la trace fournie par les organisateurs. De telle sorte il corrige le tir surtout lorsque l'on sera en dehors de toute sentier marqué.

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Mais ce qu'on aperçoit en arrivant au col est magnifique

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et mérite une petite pause

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Descente maintenant sur le refuge de Bastan pour rejoindre le tracé classique de l'ultra. Thomas veut prendre des nouvelles du cochon qui était l'année dernière aux alentours du refuge et le pauvre a suivi son destin, transformé en charcuterie.

Remontée maintenant vers le col de Bastanet en passant à côté des étangs. J'ai beau y passer une fois par an lors du GRP cela produit toujours le même émerveillement.

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Et la montée finale vers le col de Bastanet

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Et la course dans tout ça ? Tout va bien, nous sommes au dessus des nuages (pour ne pas dire sur un petit nuage), il fait beau, les jambes vont bien après 19 bornes et 2500 d+ et nous allons entamer la descente vers Artigues en traversant un autre très beau secteur.

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C'est l'occasion de croiser les bénévoles qui mettent en place le balisage du Grand et de l'Ultra. Quel boulot, bravo.

Passage au refuge de Campana pour recharger en eau avant d'attaquer la descente facile sur Artigues. Néanmoins, je ressent un échauffement à l'intérieur des 2 talons qui me gène pour bien trottiner dans cette descente.

Arrivée à Artigues à 14h40 pour le premier ravitaillo solide. C'est royal, il y a plus de bénévoles que de coureurs et comme pour le Grand ou l'Ultra, il ne manque rien. Bonne pause pour se restaurer et pommader le spieds qui ne présente pas de problèmes apparents.

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Un bénévole nous indique qu'il va monter au col de Sencours pour l'eau dès que la dernière équipe sera passée. On le verra donc soit à l'aller soit au retour. Un gros morceau nous attend maintenant pour monter au Pic du Midi avec qusiment 1700 d+ à avaler. Ca démarre d'entrée très raide et entre la pause et les pâtes bolognaises j'ai beaucoup de mal à démarrer. On évolue sous une petite bruine en se disant que l'on n'y verra rien là-haut. La montée se fait calmement mais avec un  rythme constant et sans pauses pour finallement voir le ciel se déchirer à l'approche du col de Sencours. Il reste 500 d+ pour grimper jusqu'au Pic mais la récompense est en haut.

Le lac d'Oncet

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Pause sur le plate-forme: 40km et 4000 d+ cumulés depuis ce matin.

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La descente est l'occasion de croiser les autres équipes qui nous suivent et de s'encourager chaleureusement. Arrivés au Col de Sencours (KM 43,7), Thomas nous fait remarquer que l'on vient de rentrer dans l'Ultra. Ca l'ultra on y est jusqu'au cou vu ce qu'il reste à parcourir. Les ravitailleurs volants sont arrivés et on fait le plein à bloc car le prochain ravitaillo est dans 18 bornes même si j'ai les pastilles micro-pur.

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Le Pic du Midi est maintenant derrière nous

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et la traversée vers le Lac Bleu est encore une succession de paysages magnifiques innondés par la lumière du soleil couchant.

Durant ce passage, on a aussi l'occasion de voir des marmottes. Il faut également que je m'arrête pour appliquer des pansements sur mes talons qui me font souffrir de plus en plus.

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Par contre, l'heure tourne et on se dit avec Françoise que cette année encore on ne va pas voir le Lac Bleu (il faisait nuit le 1ère année et les deux années suivantes il était dans le brouillard). Finallement cette année est la bonne et on n'est pas déçu.

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 On attaque maintenant la descente vers Prats de bataille et il est temps de ranger l'appareil photo et de sortir les frontales.

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Ca commences sur un beau sentier pour passer ensuite sur une piste large mais assez chaotique (bonjour les pîeds) et rejoindre ensuite une large piste entre Chiroulet et Prats de Bataille. Sur cette dernière section le GPS et celui qui s'en sert font merveille car il y  a plusieurs départ de pistes et notre orienteur nous donne la bonne trace ainsi qu'un rythme de marche à une cadence correcte 6 km/h.

A l'approche du ravitaillement nous sommes acceuillis par Michel qui malgré le boulot qu'il a pour les 2 autres courses est venu tenir avec les autres bénévoles ce ravitaillement improvisé  dans la campagnebasé sur un camping-car. 22h20.

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A nouveau rien ne manque, soupe, compote, riz au lait, jambon, chocolat, café, gâteau. D'autres équipes sont arrivés et l'ambiance est très sympa mais il faut quand même repartir direction le Col de Tos et le Montaigu pour quelques 1500 d+. Comme d'habitude après chaque ravitaillo, ça redémarre très raide, à croire qu'ils l'ont fait exprès et Thomas nous trouve une expression pour décrire ceci "Paye ta glace".

Je n'ai absolument aucuns souvenirs de la monteé vers le col de Tos hormis que pour le départ Thomas nous trouve la direction sans jardiner et que mes co-équipiers croyaient être tranquilles avec mes photos mais je le ressort quand même une fois.

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Nous allons passer outre cette interdiction et arriver au Col de Tos. il reste 500 d+ pour atteindre le sommet du Montaigu et on se rappelle que la veille durant le brieffing Pépé a insisté sur le fait que les derniers mêtres sont délicats (voire limite) par mauvaises conditions météo. Pour l'instant c'est bon, il y a un peu de vent et les éclairs zébrent la nuit mais c'est loin de nous. C'est vrai que la montée est raide et ça tire dans les cuisses et les mollets mais, est-ce à cause de la nuit, on ne voit pas le passage délicat. Arrivés au sommet, on se dit que la vue doit être belle en plein jour mais on ne traine pas car ça continue à gronder. Durant cet aller/retour, on a croisé 2 équipes qui ont laissé un co-équipier au col de Tos, bizarre.

Retour au Col de Tos pour entamer la traversée vers Hautacam et ça démarre sur une sente étroite, parfois légèrement en devers et rendue diffcile par la présence de rhododendrons envahissants. C'est un passage très pénible pour moi avec en plus une forte humidité qui rentre dans les chaussures et n'arrange pas l'état de mes pieds. Une autre équipe nous rejoint alors dont un des membres a reconnu cette section. On les suit donc dans une descente jusqu'à ce que Thomas vérifie et s'aperçoive que l'on a quitté la trace depuis un bon moment.Arrêt net et il faut remonter pour retrouver le bon chemin. C'est là que Thomas nous gratifie d'une remontée à fond la caisse dans les rhododendrons, impressionnant. Pour ma part je suis à la rue dans ce passage raide avec ces foutus rhododendrons jusqu'au genoux. Bon, on retrouve la trace et on s'en veut tous les trois d'avoir suivi bêtement sans s'arrêter pour vérifier le Gps, je pense que cela ne se reproduira pas. On a retrouvé la trace qui continue en traversé et on aperçoit les frontales de l'autre équipe au fond du vallon. Rien de spécial pour le reste de la nuit jusqu'à Hautacam que l'on rejoins à 6h25, le jour se lève.

Ca fait du bien d'éteindre les lampes, place maintenant à la longue descente vers Villelongue (1100 d-) qui est dans le brouillard en contre-bas. On aperçoit en face quelque part le Cabaliros.

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C'est une nouvelle descente par rapport aux éditions précédentes dans laquelle on trottine par moment.

8h du mat, arrivée à Villelongue tout sourire pour Thomas frais comme un gardon malgré son exploit dans les rhododendrons.

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C'est la première base de vie ou nous récupérons notre sac (90 km, 6000 d+). Nous décidons de ne pas dormir car personne ne ressent de manque de sommeil. Chacun se lave, se change, se restaure et recharge son sac en aliments mais dans l'ordre qui lui convient. Pour moi et comme tout les ans ce sera douche avec le tuyau d'eau froide derrière la salle. Comme d'hab le ravitaillo est royal, c'est normal puisque ce sont les mêmes qui s'en occupent. Comme à chaque fois ils s'enquièrent de notre forme et constatent que l'on a l'air assez bien.C'est là que nous commençons à réaliser qu'ils ne se limitent pas à assurer le suivi logistique du raid mais que c'est également un peu "leur raid" et qu'ils en font partie intégrante afin de nous amener au bout.Ca va tout changer pour nous sur le reste de l'épreuve.

Avant de partir, un des bénévoles me demande s'il faudrait de l'eau au Turon de Benne (i.e. dans la montée vers le Cabaliros) et je lui confirme que oui car la journée s'annonce très chaude et j'ai le souvenir de la première édition ou nous avions crevé de soif pour effectuer dans l'autre sens Cauterest / Turon de Benne.De plus, après le départ dans la forêt, il n'y plus aucunes source d'eau et le prochain ravitaillo est dans 26 bornes. Nous convenons donc qu'il va déposer une bonbonne de 5l par équipe afin de refaire le plein des poches à eau. Parfait.

Maintenant c'est à nouveau "Paye ta glace" avec l'ascension du Cabaliros (16km et 1800 d+) sous une forte chaleur. Nous repartons avec 2 autres équipes. J'ai essayé de manger un peu moins et c'est vrai qu'ainsi ça démarre mieux, Thomas par contre n'a pas pu s'alimenter très bien et va souffrir un peu dans cette longue, très longue montée sous la chaleur. mais ça vaut le coup pour les paysages qui s'offent à nous au fur et à mesure que l'on grimpe.

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Et finallement la photo "finish"au sommet,super souvenir.

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Place à la descente vers le Col de Contente avec encore une superbe vue.

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Même s'il a fait très chaud, ça fait plaisir de revenir ici de jour après les 2 précédentes années d'ultra où nous sommes passés de nuit.

Depuis le Col de Contente, nous attaquons une longue descente dans des estives sans aucuns sentiers balisés et à nouveau Thomas nous donne le cap à suivre pour rejoindre l'entrée dans une forêt qui a été balisée. Le parcours se poursuit sur un très beau sentier en traversée que n'apprécie pas du tout un concurrent d'une autre équipe qui le trouve long pour arriver au prochain poste de ravitaillement. Je me régale par contre sur ce sentier très buccolique où nous sommes à l'ombre.

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Ravitaillement des Colonies, Jeudi 18h17 (116 km et 8200 d+).

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C'est Thomas qui est au soin pour les pieds mais on est tous les 3 à peu pres dans le même état: c'est pas brillant du tout pour nos petons. Les prévisions météo ne sont pas brillantes non plus pour la fin de la nuit prochaine (vent fort, chute importantes des températures et risque de neige en altitude). Aussi, l'organisation décide de modifier le parcours et de remplacer la boucle qui apparait comme la plus sauvage après Cauterets par le Col de Rioux pour rejoindre "directement" Esquièze-Serre. D'après ce que j'ai lu des reco de ce secteur cela semble s'imposer en effet par mesure de sécurité. Là, mes 2 co-équipiers sont mort de rire car la veille je leur ai dis que j'étais content d'éviter le Col de Rioux qui les 2 années précédentes a été assez pénible pour moi au stade ou je l'abordais pendant l'ultra. A ce stade, nous allons commettre une petite erreur dans la mesure ou nous repartons de suite après les soins et le ravitaillo (toujours aussi complet) sans s'octroyer une petite pause sommeil afin d'essayer de passer le col 'd'il est où ?" Ilhéou avant que les conditions ne se dégradent trop. On va le payer cash.

Prêts à repartir avec une autre équipe

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Dernière photo du lac d'Estaing

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avant d'attaquer les 1200 d+ pour rejoindre le col qui, comme d'hab, démarrent  très dur (Paye ....).AU fur et à mesure que l'on s'approche du col, le vent se lève et devient très violent. Sur la dernière partie, on s'écarte du GR ce qui nous conduit sur une sente étroite (pas facile avec le vent) et qui attaque droit dans la pente. Thomas corrige le tir pour revenir sur le GR10 qui offre une sente plus en lacets.On ne traine pas au col vu la violence du vent pour attaquer la descente et c'est dans la descente vers Cauterets que Thomas va faire le premier les frais de notre erreur en étant vaincu par le sommeil. Vu qu'il y a quelques passages délicats de nuit il faudrait s'arrêter mais l'endroit n'est pas propice (globallement que du caillou et exposé au vent d'où un risque de se refroidir très vite).Finallement, on décide de se poser (assis dans le chemin et le dos contre le talut pour 10 min max). Je suis chargé de réveiller tout le monde et à peine assis j'entends les ronflements de Thomas. Avec le recul, c'est un des grands moment de notre raid que cette micro-sieste en pleine nuit. Ces 10 minutes m'ont suffit ainsi qu'à Thomas mais pas à Françoise qui va peiner un peu pour finir de rejoindre Cauterets car il avait encore du chemin jusqu'à ce poste où nous retrouvons notre sac. 

Cauterest, Vendredi 2h30 (133 km, 9360 d+). La douceur de la température et l'absence de vent tranche avec les conditions rencontrées au col.

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Là, il y a unanimité pour s'octroyer une heure de sommeil avant de se changer, se restaurer et soigner les pieds dont l'état se dégrade de plus en plus. Bizarement, je suis réveillé au bout de 50 minutes. 

Dans l'attaque de la montée du col de Riou, je me fais à nouveau chambrer et finallement c'est juste au lever du soleil que nous passons le col ou un bénévole est monté.

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Le début de la descente est facile mais j'ai les pieds dans un tel état que je n'arrive plus à trottiner (vraiment dommage car il y avait de quoi se faire plaisir et gagner du temps). La fin de la descente et l'approche vers Esquièze se fait sous la pluie.

Pendant le repas, Pépé nous explique qu'après être arrivé au refuge de la Glère, il nous faudra prendre les informations météo auprès du gardien afin d'estimer si on va à la Hourquette Mounicot ou si on redescend directement par la piste vers Tournaboup.

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Car depuis que l'on est arrivé, la pluie a redoublé d'intensité. Aussi, je prends avec moi tous les vétements les plus chauds que j'avais prévu dans le sac qui nous suit en plus du matériel obligatoire et je laisse l'appareil photo car je ne suis pas confiant sur l'étancheité de la poche dont je dispose. Et à nouveau, soin des pieds pour essayer de limiter la casse.

On repars pendant une acalmie pour le refuge de la Glère (1500 d+), acalmie de courte durée puisqu'il se remet à pleuvoir sérieux et la température redescend. Sur la fin de la montée, les nuages vont se déchirer et on profite encore une fois d'un paysage somptueux, très sauvage avec énormément de framboisiers sauvages.

Arrivé au refuge (charmant au bord d'un petit lac et avec un super accueil), on s'octroie un thé bien mérité après ces efforts et c'est l'occasion de se réchauffer un peu. Côté météo, il fait environ 6° au refuge, ce qui nous donne autour de zéro à la hourquette mais sans neige. Avec le vent, la température ressentie est bien sure inférieure. Au moment de repartir, grosse tergiversation entre redescendre direct à Tournaboup (Thomas et moi-même) et aller à la Hourquette (Françoise). Là-dessus, les 2 équipes qui nous suivent arrivent devant le refuge et je sors pour leur demander ce qu'elles décident: elles y vont.

Donc, on y va aussi. Le temps de se préparer, elles ont pris un peu d'avance et Françoise va nous donner un rythme d'enfer pour les rattraper et passer devant. Je vais me répéter mais la section entre le refuge et la Hourquette est très sauvage et d'une beauté encore renforcée par la lumière du soleil couchant.

Hourquette de Mounicot (2547m, il fait frais), panorama somptueux et aperçu du grand vallon constitué de blocs dans lequel il va falloir d'abord descendre et le traverser ensuite. Le soleil se couche et on se dit qu'il vaut mieux en faire le plus possible de jour (c-a-d rythme soutenu dans les blocs avec Thomas à la maneuvre pour le suivi de la trace). C'est effectivement la bonne approche mais à la sortie du vallon et à l'entame de la descente vers Tournaboup je vais avoir un terrible coup de mou. Nous attaquons la 3ème nuit avec 1 heure de sommeil au compteur et je viens d'enchainer de gros efforts). Durant toute cette longue descente je vais ralentir l'équipe car je suis mal et elle va être interminable de sorte que l'équipe qui nous suivait nous rattrape et nos dépose.

Arrivée enfin à Tournaboup (vendredi 23h40) où nous bénéficions d'un local à part de celui de l'Ultra. Les premiers de l'ultra sont attendus d'un moment à l'autre. Deuxième sieste d'une heure au programme et Thomas propose de se restaurer avant de dormir cette fois.je lui fais remarque qu'à Cauteret j'ai mangé, dormi puis re-mangé au réveil pour assurer. Bien sur, il y a les soins des pieds également mais c'est peine perdue car ils sont dans un sale état.

Avant de repartir, on boit un café au ravitaillo de l'ultra en prenant des nouvelles du classement et c'est parti pour le Col du Toumalet mais pas en vélo (700 d+ environ). On devine dans la nuit que l'on passe sur les pistes de ski de Superbarèges, heureusement que c'est de nuit car ça ne doit pas être très joli. On ne s'attarde pas au Tourmalet (2115m ) où avec le vent ça pèle. 200m d- avant d'attaquer la montée vers le Pas de la Crabe.

A mi-chemin dans le montée, le jour se lève découvrant d'où l'on vient

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et ce qui nous attends. D'habitude je ne crains pas le frois mais là il fait sacrément frais (bonnet + capuche pour se protéger au max)

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Néanmoins, la photo ne rend pas totalement tout le côté sauvage de ce passage qui a été balisé pour nous faciliter la tache. Merci.

Après le Pas, descente vers la cabanne d'Aygues-Cluzes pour rejoindre le tracé de l'ultra et du grand. Les bénévoles pour le ravitaillement en eau sont là et nous offrent un thè que l'on avale en essayant de se réchauffer près du feu.

 Il reste à gravir le col de Barèges où je vais m'endormir en marchant. La sente est régulière (pas de cailloux) et bordée d'herbe de chaque côté). Thomas me rappelle à l'ordre lorsque je m'en écarte pour re-sombrer aussitôt. Ainsi, je vais atteindre le col sans m'en rendre compte.

A partir de là, l'état de mes pieds ainsi que ceux de Thomas vont nous faire beaucoup souffrir jusqu'à l'arrivée mais c'est la dernière ligne droite et on mettra le temps qu'il faudra. Nous sommes Samedi matin et on a toute la journée devant nous s'il le faut.

Dernier arrêt au ravitaillment 'Restaurant Merlan". L'émotion est à son comble et pas exprimable dans un récit avec les bénévoles qui vivent cette aventure avec nous depuis mercredi matin. C'est énorme d'apprécier ces moments où on est sur que l'on va finir une course qui représentait un challenge au départ (quelle que soit la distance).

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Dans la descente, on s'écarte pour encourager les concurrents de l'ultra qui en finissent sur un rythme bien supérieur au notre puisque l'on arrive presque pas à marcher. Ils nous encouragent également sauf 2 qui ne moufte même pas derrièreleur lunettes de soleil. Pour rigoler, on va donc dresser le portrait robot de ce genre de coureur (qui dans les 2 cas présentent pas mal de points communs) mais je ne vous le livrerai pas. Ceci me fait penser que pendant ces 3 jours il y a eu des moments durs où chacun était replié dans sa bulle mais globalement on a "bien rigolé" et la symbiose au sein de l'équipe a été totale. Nouvel arrêt pour encourager un petit homme en vert, Dawa Sherpa, qui s'arrête carrément pour nous serrer la main et taper la bavette avant de repartir de sa foulée aérienne.

Et voila Vieille-Aure et la fin de ces 230 km avec 15000 d+.

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Après la douche et 1 heure de sommeil qui suffise à  me requinquer, visite chez les podologues pour toute l'équipe afin de soigner sérieusement nos pieds (un grand merci à eux).

En conclusion rapide:

Parcours magnifique, très sauvage et technique.

Toutes les météo,: clémente puis très chaude, grosse pluie ensuite, vent et froid (moitié neige au Pas dela Crabe)

Organisation au top pour une édition zéro, bénévoles très, très impliqués et en communion avec les coureurs.

Trace GPS parfaite.

La présence en continu del'infirmière et du docteur, merci pour leur soins

Nous n'avons pas souffert comme nous l'attendions car pour 3 c'était la première expérience sur cette distance et on anticipait des difficultés dans les montées avec le cumul de dénivellé. Ce n'a pas été le cas et bien sur, les montées étaient rudes mais passaient une après l'autre. Par contre, bonjour les dégats pour les pieds, c'est à méditer pour de futures courses.

Côté sommeil, j'avais eu des hallucinations lors de la première édition du GRP durant la deuxième nuit et 15 minutes m'avaient permis de repartir. Cette année sur 80h, nous avons dormi 2 fois 1 heure plus la micro-sieste de 10 minutes et la montée du col de barèges en mode zombie. Ca suffit et nous n'avons pas eu de contre-coup dans les jours qui ont suivis. Au boulot le lundi matin et opérationnel. 

Globalement, la récup a été assez rapide pour nous trois puisque Thomas et Françoise retrottinent depuis le week-end dernier et pour ma part j'ai rattaqué en vélo avec de bonnes sensations dans les cuisses. Je pense que l'état de nos pieds qui nous a empéché de trottiner à plusieurs reprises a ménagé nos cuisses.

 A nouveau, la course en équipe et la communion avec les bénévoles donnent une dimension humaine incroyable à ce genre de course et il a été très difficile d'attérir dans les jours suivants.

 

 

 

 

 

13 commentaires

Commentaire de domi81 posté le 04-09-2011 à 11:28:40

la suite, la suite, la suite...!!!!!!!!!!!!

Commentaire de akunamatata posté le 04-09-2011 à 12:41:43

waouh, ça donne envie ! merci pour les photos

Commentaire de Miche posté le 04-09-2011 à 20:19:00

Un récit en plusieurs épisodes avec des photos... Très fort en communication le Jean-Pierre !!! Vivement la section suivante. En plus c'est la seule où je suis sur scène !

Commentaire de Cantalou posté le 05-09-2011 à 00:08:22

Bonsoir Michel, c'est surtout que c'est un peu long à raconter un ultra de 230 bornes. Effectivement tu vas apparaitre dans le récit !!!

Commentaire de tomlacaze posté le 08-09-2011 à 04:31:28

JP, merci pour ce récit. Tu es vraiment un chef.

Commentaire de Cantalou posté le 08-09-2011 à 21:43:12

Bonjour Thomas, tu m'avais un peu titillé en me disant que tu aimais bien mes récits et cette course en méritait bien un même s'il n'est pas possible de traduire tout ce que l'on a vécu. Toujours aussi matinal, je vois. Jean-Pierre

Commentaire de pépé posté le 08-09-2011 à 07:43:16

C'est un récit très intéressant que j'ai pris plaisir à lire.
Bien illustré par des photos prises en fil du parcours, il nous fait revivre ce raid qui fut pour toi, pour vous , une belle aventure. Merci de nous la faire partager .
(nb: quelques fautes d'orthographe ci et là)
bien évidemment, je rajoute le lien dans la page du raid.
Loulou ( alias pépé)

Commentaire de Miche posté le 08-09-2011 à 09:32:47

Comme je vous ai vu tout sourire sur toutes les photos, je n'avais pas réalisé que vous aviez "un peu" mal aux pieds, mais cela ne me surprend pas !!
Merci encore d'avoir aussi bien raconté cette "édition 0" comme tu dis. Je suis heureux que cela se soit passé comme je l'espérais pour toi, ton équipe, les autres équipes et les "suiveurs" que j'avais convaincus pour vous accompagner. Vivement le 24 pour s'en jeter une !!

Commentaire de Miche posté le 08-09-2011 à 12:55:55

Comme je vous ai vu tout sourire sur toutes les photos, je n'avais pas réalisé que vous aviez "un peu" mal aux pieds, mais cela ne me surprend pas !!
Merci encore d'avoir aussi bien raconté cette "édition 0" comme tu dis. Je suis heureux que cela se soit passé comme je l'espérais pour toi, ton équipe, les autres équipes et les "suiveurs" que j'avais convaincus pour vous accompagner. Vivement le 24 pour s'en jeter une !!

Commentaire de françoise grebille posté le 08-09-2011 à 22:52:27

merci Jean Pierre, pour le récit, les photos, et surtout SURTOUT pour m'avoir permis de participer à cette aventure!

Commentaire de l'arpentayre j2m posté le 09-09-2011 à 01:12:58

Encore un beau récit de ta course, écrit dans un beau style et agrémenté de belles photos, que j'ai lu avec un grand plaisir.
Félicitations à tous les 3 pour avoir bouclé ce raid ensemble! Au delà de l'exploit de terminer cette course, je suis aussi assez impressionné par vos facultés de récupération, après un tel effort avec si peu d'heures de sommeil; moi même je suis encore fatigué de mon ultra. Encore bravo à toi, à THOMAS et à Françoise. A bientôt JMM

Commentaire de domi81 posté le 09-09-2011 à 05:51:08

félicitations JP pour ce récit et ce raid !
quand Thomas m'a parlé de votre aventure avant le départ, j'ai su que c'était gagné d'avance !
tu as monté une équipe à ton image avec des gens simples mais terriblement efficaces !
un grand bravo à Françoise et Tom et au plaisir de te revoir.

Commentaire de aragorn23 posté le 14-09-2011 à 23:00:26

Super Jean-Pierre ton récit. Un grand bravo pour votre performance à tous les trois.
Ton récit et tes photos donnent envie de participer à l'édition numéro 1.

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