Récit de la course : Le Tour de l'Oisans et des Ecrins Non Stop 2011, par martinev

L'auteur : martinev

La course : Le Tour de l'Oisans et des Ecrins Non Stop

Date : 27/7/2011

Lieu : Les Deux Alpes (Isère)

Affichage : 1645 vues

Distance : 180km

Objectif : Pas d'objectif

33 commentaires

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TOUR DE L'OISANS ET DES ECRINS : une aventure humaine

 

 

Difficile de commencer un récit de cette aventure extraordinaire que j'ai vécu avec Chris, Mailys, tous les kikoureurs, tous mes amis que je ne pourrais pas tous citer, et ma famille qui me suivaient via le net et qui étaient derrière moi. Une semaine après, j'ai encore du mal à émerger.

 

Je vais donc commencer par la fin : 46 h 27 mn pour boucler ce tour, soit à mon compteur 190 km et près de 13 000 m+. Quand je regarde ces chiffres, je me dis que l'on doit être fou, mais pourtant nous avons été 169 vainqueurs à boucler ce TOE.

 

Pourquoi se faire mal, vous me direz, alors que l'on pourrait être tranquilement chez soi, quelquefois je me pose la question. La recherche du défi, de ses limites, et là on se rend compte que l'on a des ressources insoupçonnées. Mettre un pas devant l'autre et avancer, cela paraît pourtant facile, et pourtant...

 

Un bravo à tous les finishers vainqueurs, avec mention particulière, excusez moi pour les autres, à Françoise, qui a une volonté que je n'ai pas (alors que je dormais pour récupérer vendredi, elle était encore sur les sentiers seule la plupart du temps). Tu es une sacré championne et un modèle.

 

Un bravo à tous ceux qui n'ont pas fini, pour cause de blessure ou autre, je sais les sacrifices que vous avez enduré pour vous entraîner mais vous prendrez votre revanche sur un autre ultra.

 

Merci Arnaud, et merci à tous les bénévoles, chapeau, vous avez été extraordinaire, là aussi, rester des heures au sommet d'un col, ce n'est pas tout le monde qui est capable de le faire. Merci au médecin, secouristes, kinés, podologues qui ont été partout à la fois, fatigués mais toujours avec le sourire. Sans vous, je n'aurais pas pu réaliser cette aventure. MERCI, MERCI

 

Merci à Chris, qui vous a déjà conté son aventure, et sans lui, je n'aurais pas pu réaliser ce TOE. Il vit cette aventure depuis des mois, il l'a préparé dans les moindres détails, il stresse pour moi .

(heureusement qu'il ne courait pas !!!).

Merci à Mailys, mon amie, mon pacer, qui m'a soutenu et m'a donné le bon rythme. Elle a chanté, m'a encouragé, m'a fait penser à boire, à manger, elle a géré l'itinéraire et c'est avec une grande joie que j'ai pu partager ces 50 derniers kms avec elle.

 

Merci à Maud Gobert pour son petit mot porte bonheur et son buff qui m'ont amené au bout.

 

Merci aussi à mes partenaires : SPORT 2000 Epagny, Interflora, Authentic Nutrition

 

Maintenant place à mon récit qui va être beaucoup plus bref que me course, je vous rassure. Je préfère courir qu'écrire.

 

C'est en décembre 2010 que je me suis inscrite à cette course de « dingue ». Je connaissais le parcours, puisqu'ayant participé au défi de l'oisans par étapes il y a quelques années. Mais voilà, le défi m'intéressait, moi qui voulait faire le "tor des géants", je me suis dis que c'était une belle alternative avant de voir plus grand.

 

Pendant 6 mois, j'ai enchainé les trails, et les entraînements avec dénivelés pour être au top ce 27 juillet 2011.

 

J'ai aussi préparé mon matériel, testé mon sac à dos, le GPS... La dernière semaine m'a aussi permis d'accumuler du sommeil.

Nous avions prévu de nous rendre aux 2 Alpes le lundi 25 juillet. Le retrait des dossards avait lieu le mardi et là nous commencions à retrouver tous les participants. Le GPS était le principal souci de préoccupation des coureurs , beaucoup ne  savaient pas s'en servir. Je me disais que l'on allait sans doute « jardiner » mais que de toute façon, il n'y avait pas 50 000 chemins.

 

Je ferais un test avec Bioparhom pour connaître mon état de forme. Mon IMC est en dessous de la moyenne, il va falloir que je mange pendant ce tour si je veux finir (leçon retenue).

La journée se poursuivra avec la finalisation des sacs pour les bases de vie (4 au total) + 1 change laissé à  Chris. J'avais quand même prévu au cas où Chris tombe en panne de voiture. En tous les cas, j'ai du vider mes placards pour faire 5 sacs identiques avec du chaud et du léger.

Mailys nous rejoindra le soir pendant le briefing. Arnaud présente le parcours, il veut 0 abandon. OK (leçon retenue).

Puis c'est la traditionnelle pizza  avec Georges, Marion, Mailys et Chris. Pourquoi changer les habitudes et puis maintenant j'ai mis tout le monde au même régime.

La nuit va être difficile, la pression commence à monter, j'ai du mal à trouver le sommeil mais c'est sans doute normal.

Mercredi 27 juillet, nous rejoignons la ligne de départ située derrière la salle amphibia, à l'écart de la route principale, dommage. Les regards sont lointains, il n'y pas besoin de mots pour comprendre que chacun est déjà dans sa course. J'ai la boule au ventre, il faut que ça parte et je n'y penserai plus.

Un dernier bisou à Chris et à Mailys, qui va m'attendre 140 km plus loin. Une motivation de plus, arriver jusqu'à mon pacer, surtout que la course commence à la Chapelle en Valgaudemar, comme nous l'a dit Arnaud.

 

Il est 8 h 10, et voilà c'est parti sous un ciel couvert. 242 coureurs en solo, et 8 équipes de duo. J'ai découpé ma course en tronçons qui correspondent aux ravitos.

J'ai l'impression que c'est parti très vite, je prends mon rythme de croisière. Il fait lourd. Après avoir quitté les 2 Alpes, nous entamons une descente (pas habituelle de commencer par une descente) jusqu'à Freney en Oisans. Je suis avec Stéphanos, Philippe Delachenal. Je devrais m'arrêter deux fois pour refaire mes lacets et enlever des cailloux dans mes chaussures. Je regrette déjà mes guêtres. Cette partie est balisée, nous sommes hors GR 54.

Puis c'est la montée au 1er col, le col de Cluy, situé à 1 800 m d'altitude. Je marche, comme je l'avais prévu dans mon plan de route, dès que ça monte. Je n'ai pas sorti les bâtons encore, j'attends un peu. Je rejoins Irina, qui attend son métronome qui lui donne le rythme. Puis Mathias me rejoint, nous ferons un bout de route ensemble jusqu'au col de Sarenne (1 997 m) avant qu'il ne me lâche dans la descente sur Besse en Oisans. Je ferais toute la descente avec Isabelle Cifferman et je prendrais ma première gamelle, attention ça glisse me dit-elle mais c'est trop tard, je suis par terre.

Besse en Oisans ou km 25, 1er objectif atteint. Va t-on avoir de la tarte aux myrtilles au ravito ? Voilà le souvenir qui me reste du défi de l'oisans. Je suis encouragée comme jamais, Chris a déjà « chauffé » la foule. Je change de maillot, trempée, je m'alimente bien mais pas de tarte (tant pis) et je récupère mes bâtons (quelle bonne idée j'aurai).

Je repars en compagnie d'Irina et de Philippe direction les Terrasses en passant par le plateau d'Emparis. Malheureusement la météo ne nous permettra pas d'admirer la meije. La pluie rend le terrain instable, et difficile de mettre un pas devant l'autre sans glisser (merci les bâtons). Heureusement il ne fait pas froid. Le col Nazié (1 901 m) et le col souchet (2 320 m) sont avalés sans aucun souci (et voilà 4 de passés mais les plus faciles).

 

J'arrive aux terrasses, le 2e ravito, alors qu'il pleut des « cordes ». Je retrouve Mathias sur le point d'abandonner. Surtout ne pas trop rester au chaud, je suis bien et il faut que j'enchaîne. Chris me remplit mes gourdes, je grignote et me voilà repartie. Je m'arrêterai un peu plus à Monetier pour manger et bien récupérer.

 

3e objectif : Monetier les Bains au 65e km. Il me faudra d'abord avaler le col d'arsine (2 355 m) et ce ne fut pas facile avec ce terrain gras. Je me retrouve souvent seule mais les panneaux d'indication sont là pour m'aider et me rassurer sur le chemin à prendre.

La base vie est située dans une grande salle. Chris est déjà prêt avec mon change. Les bénévoles sont aux petits soins, vous voulez de la soupe, des pâtes. Chaque chose en son temps. Je vais d'abord me changer : chaussettes, tee-shirts, tout est trempé. On viendra vérifier si j'ai le matériel obligatoire dans mon sac. Il y a du monde dans la salle, des petits encouragements entre coureurs mais chacun s'affaire à manger ou à récupérer.

 

Je repartirais direction col de l'Eychauda (2 423 m). Le début de la montée se passe en sous-bois, là je me sens vraiment seule. J'ai un coup de blues, je me dis « qu'est-ce que tu fais là ? » Mais bien vite, je me remotive en me disant que je me suis préparée pour cela, que pleins de gens voudraient être à ma place. Si j'arrivais à Vallouise avant la nuit, ce serait bien. J'accélère un peu dans la descente, et puis tout d'un coup, un petit crac, « merde », c'est ma cheville qui a tourné. Pas grave, me dis-je, tu peux encore courir. La douleur est supportable, mais je ne pense plus qu'à cela. Finalement, 3 km avant Vallouise, je vais devoir sortir ma lampe pour être sûre de ne pas me tromper de chemin, de route plutôt puisque l'on arrive par la route.

 

Un moment d'hésitation dans le village de Vallouise, je ne trouve pas le ravito. Je demande mon chemin à des gens croisés dans le village qui m'ont regardé comme une « folle », « qu'est ce qu'elle fait là celle-là ? »

La base de vie n'est pas très grande et déborde déjà de coureurs. Chris est inquiet, j'ai du retard par rapport à son timing. Je monte sur la table de soins, une ostéo va regarder ma cheville. Je suis un peu inquiete mais je me dis que cela va tenir. Elle me pose une chevillère, que j'avais emmenée au cas où (je l'avais à la maison et je me suis dis qu'elle pouvait peut être servir).  J'avale deux soupes et deux plats de pâtes. Je m'équipe pour la nuit. La pluie s'est arrêtée heureusement.

Je repartirai après plus de 50 mn de pose, avec un grupetto de 4 coureurs dont Olivier91 à l'attaque de l'Aulp Martin, un gros morçeau.

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 La première partie sur une route goudronnée qui nous amène à « Entre les Aygues » est interminable. Puis nous attaquons le col, la pente est douce puis elle se fait plus raide et plus minérale. La pente terminale qui mène au col est technique avec du schiste très instable. Il faut être vigilant. Le col de l'Aulp Martin (2 761 m) sera le point culminant de notre tour. Puis une traversée en dévers nous conduit au pas de la cavale.

Maintenant place à la descente jusqu'au pré de la chaumette : les lacets sont raides et techniques. Surtout, restez vigilante, heureusement ma super lampe me permet de bien anticiper. Mais que ce fut long pour arriver à la cabane (vivement les montées !).

Une petite pause dans la cabane du pré de la chaumette, il est 5 h du matin (j'aurai envie d'une omelette mais tout le monde dort, et je devrais me contenter de pain de mie).

Le jour va bientôt se lever, et me voilà repartie à l'assaut du col de la valette (2 688 m). Aucun souvenir de ce col, qui pourtant n'est pas rien. Il fait jour maintenant et cela fait du bien, cela demande moins de concentration pour chercher le balisage du GR. Nouveau pointage au sommet du col d'où on aperçoit le col de Gouiran (2 597 m), le prochain que j'avalerais sans trop de souci, après avoir traversée une petite prairie et un petit névé.

Notre chemin se poursuit ensuite à flanc pour rejoindre la pente terminale du col de Vallonpierre dans une pente schisteuse. L'arrivée au col est lunaire et est restée gravée dans mes souvenirs. Par contre, j'ai cherché le cairn à la mémoire de Laurent Smagghe. Le bénévole me montra le petit tas de caillou, alors que j'avais le souvenir d'un gros tas de caillou en 2004. Je déposerais ma pierre avant de repartir sous le soleil. Le paysage est magnifique, la vallée est sous les nuages.

Le début de la descente est raide toujours dans ce terrain schisteux (plusieurs fois, je repense à Chris en me disant qu'il n'aurait pas pu passer à cause du vertige). Maintenant longue descente jusqu'à la Chapelle. Je fais attention à mes appuis, la cheville a l'air de tenir. Manu me rejoint, il a l'air très frais. Nous partageons un bout de chemin ensemble, cela fait du bien. Je le laisse repartir rejoindre la chapelle et avertir Chris de mon arrivée. Les 6 derniers km sur la route seront interminables. Mes ampoules sous les pieds se réveillent et j'ai du mal à poser les pieds par terre.

Il est 11 h 00 environ quand je rejoins Chris et Mailys qui m'attendent pour terminer le dernier km avant la base de vie.

142 km au compteur au lieu des 133 prévus. « On n'en est plus à 10 km près » me dis-je. Le soleil est là, il réchauffe et surtout maintenant je ne serais plus seule.

Je repasse sur la table de soins où l'on me soigne mes ampoules, Brigitte, la médecin, contrôle ma cheville. Chris me prépare mes vêtements de change, Mailys et David D m'amène à manger.

Audrey Ehanno viendra me faire un petit coucou. Tout le monde est aux petits soins pour moi. Quelle chance j'ai.

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Mailys vérifie l'itinéraire avant de partir et voilà c'est parti, il est 12 h environ pour les 50 derniers kms. Je n'ai plus de montre, je me laisse mener. Pour moi, à ce moment là, le plus important est de finir et je sais que je finirai. Il reste 3 cols et on va les prendre les uns après les autres.

On essaie de courir un peu sur la partie plate jusqu'à Villar Loubière avant d'attaquer le col de Vaurze, mais je n'y arrive pas. Mes pieds sont encore douloureux et il me faut le temps de me refaire une santé. J'attaque le col de Vaurze direction le refuge des souffles derrière la foulée de Maï. Elle imprime un rythme régulier (un pas devant l'autre comme je disais plus haut). Nous nous ferons doubler par 3 fusées dont 2 pacers.

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 Impossible d'accrocher leur foulée mais l'important est d'avancer. Nous suivrons un long moment Rafion, qui paraît complètement cuit et puis il repart comme un avion.

Toutes les 40 mn le bip de la montre de Maï sonne pour nous avertir qu'il faut manger. Je pense à boire régulièrement. D'ailleurs, Maï refera le plein de mes gourdes au refuge des souffles. Par contre, nous n'arrêtons pas de faire des pauses « pipi », heureusement qu'il n'y a pas grand monde sur le chemin. Le chemin devient plus chaotique, le soleil se cache de plus en plus souvent derrière les nuages. Plusieurs passages aériens au niveau de la traversée des ruisseaux nous font dire qu'il vaut mieux passer ici de jour. Puis la pluie commence à faire son apparition, on entend le tonnerre grondé. Il vaut mieux ne pas trop traîner là. Puis le col à 2 500 m d'où nous apercevons notre prochain ravitaillement, le Désert, tout là bas en contrebas.

Le début de la descente est assez technique puis une grande traversée avant d'atteindre des lacets. C'est interminable, mes ampoules me font plus souffrir que la cheville. Olivier91 nous doublera comme un avion. On entend au loin la voix de Chris qui nous a aperçu avec ses jumelles. La pluie s'est arrêtée, le soleil est revenu, il fait même chaud.

Le ravitaillement du désert en Valjouffrey est sous tente, Daniel alias Rodio s'occupe du pointage. Nouveau changement de fringues, on recharge les bidons, récupère du ravitaillement et nous voilà repartis direction Côte Belle.

Côte belle, si je me souviens bien, c'est le col où j'en avais le plus bavée lors du défi de l'oisans. On va voir ce qu'il en est aujourd'hui. La première partie monte droit dans le pentu, un pas devant l'autre et toujours avancée. J'ai les yeux rivés sur les mollets de Maï. On a l'impression d'être seules au monde. Heureusement quelques chèvres viendront troubler la monotonie de cette montée, qui va se poursuivre par des lacets. Enfin, on peut respirer, la pente est moins raide et Maï qui continuent à fredonner des chansons (et oui, elle aurait pu être chanteuse). La fin de la montée dans les alpages est plus glissante, la boue est de nouveau là. Le sommet est tout proche, le vent est là, 1 h 50 de montée jusqu'au sommet à 2 290 m alors qu'il était annoncé 3 h en bas pour les randonneurs. Ca va, on est pas trop à la rue. Les bénévoles sont gelés et dire qu'ils vont rester là toute la nuit. Nous leur souhaitons bon courage.

Maintenant place à la descente jusqu'à Valsenestre. La première partie est roulante et très agréable au milieu des fleurs et des arbustes. Puis le chemin devient de plus en plus glissant, on aurait dit une patinoire. Merci encore une fois aux bâtons qui nous ont épargné plusieurs fois de la chute. On veut arriver avant la nuit. Nous rejoignons une large piste qui va nous conduire à la base vie de Valsenestre, la dernière. Nous croiserons quelques coureurs dont Daniel Boebion (chapeau bas au 1er V3) qui remontent direction le col de la Muzelle.

Plus les kms avancent, et plus la base vie est petite. Nous retrouvons Chris. Une bonne soupe et des pâtes nous attendent. Il n'en reste plus qu'un mais pas des moindres, 1 600 m + pour atteindre le col de la Muzelle. Le démarrage est difficile, il faut que mes pieds se chauffent. Je n'ai pas voulu me faire soigner mes ampoules de peur de ne plus pouvoir mettre mes chaussures.

Je suis un peu dans le dur au début de la montée, un petit gel authentic et ça repart. Des nappes de brouillard empêchent une bonne lecture du chemin, mais Maï veille et je lui fais entièrement confiance. De temps en temps, quand ça se dégage, on peut apercevoir des lampes au sommet de Côte Belle. « On ne veut pas leur place ». L'air devient de plus en plus vif au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude. Et puis, un bénévole nous pointe, il a installé sa tente comme il pouvait en dessous du col. Il nous indique qu'il reste 400 m de dénivelée avant le sommet. Le chemin fait des zigs et des zags, toujours dans le même sens. Maï prend sans arrêt de mes nouvelles, je fais de petites pauses pour récupérer.

Puis le sommet du col de la muzelle à 2 613 m. Il fait froid, le vent est glacial. On aperçoit un semblant de chemin que l'on dévale rapidement (enfin à mon allure) pour se mettre à l'abri du vent. C'est à ce moment là que j'aperçois un ovni, Maï s'inquiète. Si, regarde, lui dis-je, tu vois les lumières en face, on dirait une soucoupe volante. Mais non, c'est les 2 Alpes. J'entendrais même des voix, mais là je le garderai pour moi, c'est sans doute la fatigue.

Nous rejoignons rapidement un névé, non indiqué sur le road book et nous ne voyons pas de chemin aux alentours. Il nous semble apercevoir des traces de pas, nous décidons donc de le traverser, tout en restant très vigilantes car il y a de nombreuses failles. Maï retrouve les joies de la glisse, moi je me contente d'assurer.  Il nous faut trouver un chemin, et par chance, un cairn nous montre la voie. Nous sommes sauvés. Nous apercevons deux coureurs de l'autre côté du névé, qui cherchent en vain un chemin. Heureusement qu'ils nous ont vu, sinon ils auraient pu chercher un moment.

Puis nous rejoignons le lac et le refuge de la muzelle. Là, je dis à Maï, je connais, ne t'inquiète pas. Mais en fait, j'avais du mal à me repérer. Finalement, je laisse faire mon pacer qui est plus lucide que moi. Le début de la descente est assez raide, avec de nombreuses marches, puis le sentier longe le torrent. Nous rattraperons quelques coureurs, cela fait du bien de voir du monde. Nous descendons doucement, de toute façon je ne peux pas aller plus vite à cause de mes pieds. Maï donne notre position à Chris par téléphone, qui doit venir nous attendre à Vénosc. Ca y est, la dernière descente, ouf.

Nous rejoignons Bourg d'Arud où l'on croisera Caroline et Samontetro, qui a du abandonné à cause d'un genou douloureux. Une route goudronnée nous conduira jusqu'à la gare de départ du téléphérique où un dernier ravitaillement nous attend. Chris nous a loupé, nous sommes obligés de l'appeler pour lui signaler notre arrivée. Il est redescendu trop bas.

Juste le temps d'avaler un petit gâteau et c'est parti pour l'assaut final. Chris est tout heureux de partager les derniers 800 m de dénivelée en notre compagnie, et il l'a bien mérité. Des marches, encore des marches, des virages numérotées en sens inverse mais qui paraissent long : 10, 9, 8... jusqu'au numéro 1 et l'arrivée aux 2 Alpes.

Mais non, il faut maintenant rejoindre la salle Amphibia, située au centre de la station, et le tour n'est pas fini. Alors que j'ai envie d'arriver, les flèches roses nous font faire le tour du village par les coins les plus déserts. Pour la première fois, je me plains, ce n'est pas possible de nous faire passer là. Même s'il est 6 h 30 du matin, j'aurai voulu une arrivée dans la rue principale avec « une foule en liesse »  

Puis, la ligne d'arrivée main dans la main, un chronométreur nous flash. Je tombe dans les bras de Maï et de Chris. C'en est fini, j'ai réussi, j'ai vaincu.

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Un petit tour par la salle où un ravito nous attend. Je m'asseois en compagnie d'autres coureurs. La pression peut redescendre. Un bénévole me propose une couverture. Chris et Maï , encore aux petits soins pour moi  m'amènent à manger.

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Puis c'est la douche, un petit dodo léger, j'ai du mal à dormir à cause de mes pieds qui me font souffrir.

Le vendredi sera consacré à aller applaudir les arrivées, se faire soigner (ampoules, entorse), à manger, à récupérer un peu du sommeil.

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 Georges nous rejoint, il a du abandonner à la chapelle à cause d'une chute. Ce n'est rien Georges, il y en aura d'autres et des encore plus belles.

 

Maï nous quittera dans la journée pour rejoindre la Yaute et repartir dès le lendemain encadrer un groupe de traileuses. Merci ma belle, à charge de revanche. Je ne pouvais pas espérer mieux comme pacer. Tu as été formidable et j'ai vécu des moments inoubliables.

La nuit du vendredi au samedi a été aussi difficile, puis c'est l'arrivée de Françoise, les larmes aux yeux d'émotions. Chapeau, je savais que tu irais au bout, tu es une sacrée championne.

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Nous finirons la journée autour d'une table de kikoureurs à grignoter quelques tartiflettes, crêpes... on l'a bien mérité.

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La remise des prix le dimanche matin a consacré deux grands vainqueurs : Séverine et Lucas. Bravo à eux, ils ont mérité leur victoire. Je suis très fière de partager le podium avec Irina. Même si pour moi, il n'y a pas qu'un vainqueur, mais des vainqueurs. Bravo à tous.

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Maintenant place à la récupération (heureusement je n'avais rien prévu d'autres) et aux soins de l'entorse.

 

 

33 commentaires

Commentaire de Land Kikour posté le 03-08-2011 à 21:00:40

Tu peux être fière de ton parcours Martine, 46h avec une entorse, je suis admiratif !!
Merci de nous avoir fait partager ton TOE a travers ce CR plein d'humilité comme ta course ;)
Bonne récup'
Bises,

Commentaire de fulgurex posté le 03-08-2011 à 21:09:51

A course exceptionnelle, championne exceptionnelle! Tu n'as même pas dormi?!
Bravo Martine! et remets toi vite.

Commentaire de manu3842 posté le 03-08-2011 à 21:38:41

Toutes mes félicitations pour cette superbe course, un défi à la hauteur de ton mental ... et bravo à tes accompagnateurs, ils le méritent. Ce défi m'a tenu en haleine toute la fin de semaine en suivant les passages en live sur Internet. Bravo à tous les finishers et à tous les participants ... et une date à cocher pour les années à venir assurément !!!!!
Bonne récupération et à bientôt sur les chemins
Manu

Commentaire de tidgi posté le 03-08-2011 à 22:28:12

Bravo Martine pour cette course exceptionnelle.
Ce que vous avez vécu tous, finishers ou non, est vraiment hors norme.

Merci pour ce récit qui relate bien que nous avons pu vivre à distance, à travers le live.

Grosse grosse récup maintenant (ah bon, t'avais rien prévu ? ;-))...
A bientôt.

Commentaire de béné38 posté le 03-08-2011 à 22:32:11

Encore bravo et merci pour ce récit ! belle course et beau mental. Tu méritais de le terminer même dans la douleur, car tu étais prête, si si j'ai tout suivi de ta prépa ;-) et puis tu portes encore ton sac à dos même après la course :-)

Commentaire de Olivier91 posté le 03-08-2011 à 22:33:37

J'ai été ravi de partager une partie de la course avec toi ... et de l'après course ;-).
Tu as fait preuve d'un sacré caractère pour aller au bout dans ces conditions. Et avec un beau podium, en plus!
A très bientôt, j'espère!

Commentaire de Xavhië posté le 03-08-2011 à 22:47:30

Encore bravo championne, nous ne doutions pas que tu irais au bout de ce Défi exceptionnel, toi aussi tu as un moral et un courage à toute épreuve... Vu l'état des pieds et de la cheville après l'arrivée, je ne sais pas où tu as trouvé les ressources pour terminer comme ça!!! Ce fut un grand plaisir de vous revoir tous les deux dans ces conditions, essaie maintenant de bien récupérer!

Commentaire de sarajevo posté le 03-08-2011 à 23:21:09

Bravo Martine, nous avons tous vibré lors de votre périple !!! Quelle aventure. Merci a Cris de m'avoir tenu informé de l'avancée des kikous et de Lucas !!!! Apres une course hors norme comme celle-la ..... tu as quoi comme projet ? Bises et a bientot pour un chocolat a la maison !!!!!

Commentaire de rodio posté le 04-08-2011 à 04:36:37

Ma parole, mais il y a plusieurs Chris ! J'en ai vu partout au départ à Besse, aux Monétiers, Vallouise, Désert, Valsenestre. Mailys et Chris avaient l'air concentré. Sacrée équipe. A l'applaudimètre, tu gagnes de loin également (sauf peut être quand les Belges sont réunis). 190 km avec 14 cols, des précipices et tout, c'est vrai que vous êtes un ptit peu fou, tout de même. Bravo pour cet exploit qu'il est impossible de résumer tellement il est plein d'émotions. Repose-toi, tu as du foncier pour deux ans. Bises.

Commentaire de rapace74 posté le 04-08-2011 à 07:18:26

bravo martine pour ta course !!! j'ai été tres content de passer un petit bout de chemin avec toi (pour une fois que cela se presente en course ....) meme si tu n'as pas voulu manger de myrtilles avec moi ;-(( !! repose toi bien maintenant.
Bises manu

Commentaire de millénium posté le 04-08-2011 à 08:39:06

Pour avoir vécu toute ta préparation , je te savais parfaitement motivée et seule une blessure pouvait enrayer ton avancée vers la ligne d'arrivée. Même si ton objectif principal était de boucler le tour , et même si séverine et irina sont incontestablement plus fortes , l'entorse a tout de même bien déréglé le turbo diesel . Etre devenue , dans ces conditions , finisher et qui plus est sur le podium est tout simplement la confirmation d'un sacré courage.Bisous tendres

Commentaire de Fimbur posté le 04-08-2011 à 08:49:31

Encore bravo Martine, toujours époustouflante

Récupère bien

Commentaire de goonif37 posté le 04-08-2011 à 09:05:58

Ton courage, ta volonté, ta détermination alliés à ta fabuleuse équipe d'encadrants... ça ne pouvait que faire mouche. Bravo Martine

Commentaire de nono_la_robote07 posté le 04-08-2011 à 10:23:15

Bravo pour ton impressionnante volonté et ta jolie détermination. Je suis admirative 8)... Bonne récup à toi et bonne route à ton pacer de choc.

Commentaire de Astro(phytum) posté le 04-08-2011 à 10:28:52

Il faut un sacré mental pour faire ce que tu as fait. Bravo Martine ainsi qu'à ton ultra suiveur et ton pacer . Bonne récupératoin .

Commentaire de maï74 posté le 04-08-2011 à 10:43:41

Voilà qui vient étoffer ton palmarès déjà éloquent !
Moi je te décerne la médaille d'or du courage et de l'abnégation, je sais comme tu as pris sur toi pour faire abstraction de tes douleurs aux pieds, à la cheville, et pour faire ça il fallait avoir un énorme mental de guerrière !
Et puis aussi la médaille d'or de l'amitié pour tout ce que nous avons partagé sur cette ultime section, mais aussi avant, lors d'entrainements communs, et tout ce qui reste à venir...
Alors pour tout cela, je te dis MERCI MERCI MERCI !!!
Bisous

Commentaire de the dude posté le 04-08-2011 à 12:41:52

"Pourquoi se faire mal, vous me direz, alors que l'on pourrait être tranquilement chez soi, quelquefois je me pose la question. La recherche du défi, de ses limites..."

Eh bien je ne sais pas où sont tes limites mais il va te falloir aller très loin pour les atteindre :0)
Franchement très impressionné par ce que tu as fais là, dans des conditions extrêmement défavorables (météo, entorse) qui plus est.
Il est vrai que tu es entourée d'une équipe de choc avant, pendant et après la course!
Encore mille bravos à vous 3!!!

Commentaire de Jean-Phi posté le 04-08-2011 à 13:51:55

Bravo Martine pour cette superbe course. Vous formez un duo, Chris et toi, qui ferait bien des envieux dans les teams ! Ne changez surtout rien et surtout pas qui et ce que vous êtes. Félicitations à Mailys aussi pour avoir fait la "pacer" tout en chansons ! Bravo, vraiment !

Commentaire de ogo posté le 04-08-2011 à 14:04:54

Plus je lis vos CR et plus je regrette que le TOE soit limité à une édition unique. Encore une fois que d'émotions ! Vous donnez une chance à vos rêves les plus fous, bravo ! Un immense coup de chapeau Martine. Ravi d'avoir fait ta rencontre. Au plaisir de se recroiser sur les chemins !

Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 04-08-2011 à 14:34:27

Un vrai CR, pour vivre la course de l'intérieur pour tous ceux qui n'y était pas.
Encore bravo Martine, bravo aussi à Maïlys de t'avoir emmener au bout d'une aventure extra-surhumaine.
Manu, l'une des 3 fusées....

Commentaire de Melanie9 posté le 04-08-2011 à 15:13:37

Enorme BRAVO Martine pour cette course de "oufs".
J'ai regardé très régulièrement le suivi en live et j'étais tout simplement très impressionnée par ton courage.
Bravo à tous ceux qui t'ont permis d'accomplir cet exploit et bravo à Maïlys qui a assuré derrière un superbe stage de trail dans la Yaute auquel j'ai eu le plaisir de participer - et cette fois-ci pas d'hématome car pas de skating ;-)
Repose toi bien

Commentaire de Françoise 84 posté le 04-08-2011 à 16:36:19

Merci pour ce beau récit, Martine! C'est étonnant comme le ressenti et les souffrances peuvent être identiques pour les "extrémités" de course, je me suis vraiment retrouvée dans tes paroles. Merci pour toute ta gentillesse, ton attention aux autres, ne change rien.
Bravo à l'équipe de choc, vous avez été magnifiques tous les trois! Gros, gros bisous!!

Commentaire de a_nne posté le 04-08-2011 à 17:09:12

Bravo pour cette belle 'ballade' ! Finir et qui plus est sur le podium, c'est énorme.
Vivement le prochain suivi 'live' depuis le boulot :-) c'était très prenant !

Commentaire de GrandSteaKikour posté le 04-08-2011 à 20:39:50

euhhh y'a encore une place pour écrire un commentaire ?? parceque là, juste au dessus , ça se bouscule !! C'est certainement du à la hauteur de ton exploit qui est grand, très grand ! Avec ton récit on se rend encore plus compte à quel point cette course est terriblement longue et éreintante. A aucun moment tu ne parles de l'exploit sportif que de finir 3ème (avec une entorse qui t'a empêché de courir en descente ...) et de la course dans la course avec tes deux principales concurrentes ... heureusement que Chris est là pour y penser ! Cette course tu sembles avant tout l'avoir couru pour toi, pour le plaisir de vivre ce circuit de rêve et tout le mérite t'en revient. Courir à ton niveau avec cet esprit fait plaisir à voir. Bravo encore championne et merci pour ce beau récit !

Commentaire de Mustang posté le 05-08-2011 à 10:46:49

quelle aventure, quelle équipée, quelle courage, quelle course, quels amis!!! bravo pour tout cela

Commentaire de Le Loup posté le 05-08-2011 à 14:04:47

J'en connais un rayon sur les entorses de cheville, c'est ma blessure préférée mais je suis partageur, t'as vu ? Tu es la seule à savoir si le jeu en valait la chandelle à ce moment-là en choisissant de continuer, en tout cas tu finis sur la boîte ; bravo sacrée ténacité ! Remets-toi bien de ce bobo car à n'en pas douter il t'aura obligé à puiser encore plus profond dans tes forces. Bonne récup' et content de te voir chaque fois égale à toi-même : simple, spontanée, joviale...
A une prochaine !

Commentaire de Sprolls posté le 05-08-2011 à 20:21:35

Bravo Martine, et avec une entorse en plus !!

Commentaire de Cyril-C posté le 06-08-2011 à 12:19:51

Merci pour ce Cr et les photos et un grand bravo pour ta course pleine de courage !
Soigne bien ton entorse et pe va voir un osthéo car marcher tout tordu pendant xx km c'est jamais très bon...

a bientôt pe sur Annecy :-)

Commentaire de vogoy' posté le 06-08-2011 à 17:19:29

Bravo Martine !
un chouette CR ! une belle course, une belle aventure !

euh...pour les fusées du col de Vaurze...en fait, c'était juste pour prendre une belle photo :-)

à très bientôt pour de nouvelles aventures et une cheville rétablie !

Commentaire de jepipote posté le 07-08-2011 à 09:47:24

il fallait déjà un mental hors norme pour réaliser "un truc de ouf" comme tu dis, mais avec une cheville en vrac..... respect!!

Commentaire de eric41 posté le 08-08-2011 à 11:15:32

Toujours aussi impressionnante Martine quelque soit la distance.Bravo et bonne récup.
Eric

Commentaire de ArnoS posté le 13-08-2011 à 12:14:54

Bravo Martine, tu as eu le courage de finir malgré ton entorse .... Tu as une logistique impressionnante qui doit te mettre la pression mais aussi te motiver.
Arno

Commentaire de blob posté le 13-08-2011 à 18:03:47

Ben ça c'est de la course. Bravo à toi pour ta perf et ton récit, plein d'humilité comme toujours
bises

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