Récit de la course : Raid 28 2006, par tritrid

L'auteur : tritrid

La course : Raid 28

Date : 14/1/2006

Lieu : Bures Sur Yvette (Essonne)

Affichage : 3530 vues

Distance : 80km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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Raid 28

Petite recette à l’usage des filles qui voudraient faire le raid 28 (si si ça existe !)
Pour former une équipe du tonnerre :
Prenez 4 potes bien motivés, suffisamment tarés pour dire « oui » à une course complètement folle. Faites les macérer dans quelques menus trails et raids (genre SaintéLyon, raid Total Centrale). Quand ils sont bien imbibés, faites-les baver devant des photos du raid 28 édition 2005 (haaa, la Beauce, sa gadoue, ses champs à perte de vue...), et profitez d’une soirée bien arrosée pour leur faire signer la feuille d’inscription. Ensuite, restez intraitable lorsqu’ils reviennent vous voir le lendemain avec la gueule de bois en geignant « mais je ne suis pas du tout entraîné ! ». De toutes façons, vous non plus. Et puis le chèque, il est parti maintenant. Et meeeerde !!!

Ca commence un peu comme ça l’aventure des « Bébés Raideurs ».

Bénévole sur la course en 2005, je m’étais juré de passer de l’autre côté de la barrière en 2006. Restait à trouver l’équipe. Le premier, c’est le p’tit frère Alex, toujours motivé pour faire les mêmes bêtises que sa soeur celui-là ! Il manie la boussole comme personne depuis le berceau (à 16 ans, il était déjà de toutes les C.O.), il a un moral et un physique d’acier, malgré le peu de temps qu’il consacre à la course à pied à cause de son boulot... (ça énerve hein ?). Yann et François se sont rapidement laissés convaincre (l’alcool aidant), ce sont des raideurs-nés, mais sans grande expérience en CAP longue distance. Bertrand – dit Berbère – est le warrior de la troupe. Un vrai G.I. qui ne recule devant aucune course. Tout ce petit monde s’est déjà entraîné plusieurs fois ensemble sur des raids, en montagne, à pied, à VTT, en raquettes, en canoë, en escalade, en rafting, en spéléo, etc., et même en hélicoptère (cf. une sortie en montagne qui a failli mal tourner...). Bref, on se connaît bien, on s’entend bien, et pour le reste, ben... on verra bien...

Samedi, 18h chez moi à Issy les Moulineaux, lieu de notre rendez-vous. François arrive, la mine déconfite... En guise de préparation au raid, il a passé la nuit à faire la fête. Bon, ça commence bien. Il file se coucher pour tenter de grapiller quelques minutes de sommeil supplémentaires. Yann et Alex aussi avaient une soirée la veille. Quant à moi, j’ai déménagé le week-end dernier et j’ai passé mes soirées à monter des meubles jusqu’à 2h du mat’. La top forme quoi ! Et Berbère, lui, n’arrive toujours pas... Je stresse un tout petit peu en voyant le matos de François : sac à dos de ville, pantalon en coton (vous savez, le pantalon de baba que l’on trouve dans tous les souks ?), une bonne âme lui a prêté un bonnet en laine et des gants, mais il a oublié sa paire de chaussettes de rechange... En bonne mère, je lui déniche un Camel-back, des chaussettes et m’enquiers de la nourriture qu’il souhaite emporter. « bah chais pas moi, en général, je prends un Snickers toutes les demi-heures... ». 18 heures, 36 Snickers, je pense que c’est une bonne idée en effet !!! Finalement, il prend, comme nous tous, de la nourriture variée : crêpes, pain d’épice, salade de riz dans un sachet de congélation (très bien mais pas facile à manger...), barres de céréales, mélange de fruits secs, sandwichs jambon-fromage, etc. Côté hydratation, nous porterons chacun 3L d’eau.

Retard et gros stress pour le départ (enfin, j’étais la seule à stresser, hein !), on avale un plat de pâtes vite fait et on file dare-dare à la gare RER dès que le Berbère pointe son museau. Ouf, Bures n’est pas si loin que ça, on arrive vers 20h30 au gymnase où c’est déjà l’effervescence. Nous retrouvons l’équipe « Tais-toi et Rame » (Pat, Caro, Edwin, Paulo et Ufoot), et les « Moineaux d’Issy » (JB, Valérie, Yo, Annie et Fred), déjà fin prêts pour passer à l’attaque. Quelques supporters de l’Avia sont là également, et je me fais happer par Paulo qui me présente des têtes ufotes. Comme on est quand même un peu à la bourre, je n’ai pas trop le temps de discuter le bout d’gras, mais au moins maintenant je sais qui se cache derrière quel pseudo ! Merci Paulo, t’es un homme de parole ;-)

A 22h pétantes, Alex et Bertrand ont les cartes en main. Ils pointent une dizaine de balises, et pendant ce temps, la salle se vide progressivement. Moi, je stresse de ne rien faire, et je leur mets un peu la pression « bon bah c’est bon, y en a assez des balises là, on y va maintenant !!! ». Mais les gars, ils connaissent leur boulot... Ok babes, maintenant, c’est parti !

On est dans les derniers à partir, mais on rattrape vite le gros du peloton. Les balises vertes sont assez simples à trouver, ouf ! Par contre, nous perdons pas mal de temps sur la première balise bleue (optionnelle) que nous ne trouvons pas finalement. Du coup, on se dit que ça serait peut-être mieux de se concentrer sur les vertes en premier lieu... Les premiers PC passent sans problème, on retrouve presque à chaque fois les supporters de l’Avia (Anne-Paule, Stéphane, Christian et Christelle) qui nous bombardent d’encouragements. Bon, au début on ne prend pas les chemins les plus courts et du coup on perd pas mal de temps, mais au fur et à mesure de la course, on optimisera un peu plus notre parcours.

Arrive le premier passage de flotte. Papy Turoom est là pour nous regarder batifoler dans l’eau. Il va être déçu !!! Les bébés, ils ont pas trop envie de se mouiller les chaussures d’entrée, alors ils se déchaussent et hop, pieds nus dans le cours d’eau glacé... Brrrr, c’est très très froid quand même, et pis y a des cailloux au fond, mais on arrive quand même à pointer la fichue balise au bout du tunnel. C’est vrai qu’on perd pas mal de temps du coup, mais ça fait du bien de remettre des chaussures et des chaussettes bien sèches... Quelques temps plus tard, rebelote, il faut traverser un cours d’eau, peu large, mais assez profond ce coup-ci. On est obligé de tous y aller parce qu’il faut que chacun poinçonne son dossard, ah les gredins ! Papy Turoom apparaît comme un diablotin près de la balise pour nous regarder faire... François, trrrrès galant me propose de me porter sur ses épaules pour éviter que je me trempe ! (j’en ai fait des jalouses là !!!). On manque de se casser la figure dans l’eau tous les deux, mais finalement j’arrive de l’autre côté entièrement sèche. Ca, c’est vraiment la classe, non ? François de son côté, a complètement trempé son pantalon en coton et décide de l’ôter pour éviter les irritations. Il passera toute la nuit à courir en caleçon !!!

De balises en balises, on arrive à la CO « Memory ». Le principe : on nous donne une carte de CO où sont placées 5 balises, et on a 28 secondes pour les mémoriser. Le truc idiot, c’est qu’on pensait qu’il fallait mémoriser la carte aussi, du coup on se concentre tous sur l’emplacement des 3 premières balises, alors qu’en fait, on nous donne une autre carte de CO pour nous orienter (sans les balises cette fois-ci) ! On replace tant bien que mal les 5 balises, avec un gros doute sur l’emplacement de la dernière, et c’est parti ! Alex prend vraiment son pied dans ces trucs-là et il fait plaisir à voir... Il court partout dans les fourrés et revient toujours en disant « ok, la prochaine balise maintenant ». Il est vraiment impressionnant ! On perd un peu de temps à chercher la dernière balise, avant d’abandonner l’affaire.

Balises vertes, balises vertes. On arrive à la carte « miroir ». Coup de génie de François : si on retourne la carte et que l’un d’entre nous éclaire par en dessous, on verra la carte par transparence dans le bon sens !!! Effectivement, du coup, on ne perd pas une minute sur ce parcours... François, il est précieux ce gars-là...

Gros coup de mou ensuite, l’ambiance retombe un peu, les esprits s’embrument et on commence à douter un peu de notre forme physique et de notre préparation (ah bon ?)... On se rend compte que notre vitesse de progression est très lente, et qu’à ce rythme, on risque d’être justes au niveau des barrières horaires ! La nuit ne nous aide pas à nous remonter le moral et l’arrivée prévue à 16h nous semble lointaine, trop lointaine... François lutte vraiment contre le sommeil et on commence à se dire que certains vont peut-être abandonner au PC 12 (la première barrière horaire). J’aime pas ça du tout !!! Heureusement, le jour se pointe et ça nous donne à tous un bon coup de boost. Finies les jérémiades, les bébés ont retrouvé leur insouciance et leur bonne humeur, c’est vraiment magique. A partir du moment où le soleil s’est levé (et quel soleil !), il n’a plus été question d’abandonner, non mais !

Balises vertes, balises vertes. Dernier passage marrant dans un goulet étroit, bas de plafond et long de 800 mètres où stagnent 20 cm d’eau. L’équipe 100% filles nous montrent l’exemple et s’engouffre sans moufeter dans le passage... Chapeau bas les filles ! Ca me rappelle mon incursion dans les catacombes, je m’attends presque à voir des tas d’ossements... Bon en réalité, je râle comme c’est pas permis parce que je n’ai pas mis ma lampe, donc je ne vois rien du tout et je n’arrête pas de me cogner la tête au plafond (j’ai encore des traces !). Finalement, on voit le bout du tunnel, et – surprise ! – c’est déjà le PC 12. Anne-Paule et Stéphane sont toujours d’attaque et nous encouragent. On est dans les temps, il nous reste encore 23 km... C’est rien 23 km, hein ? Bah quand on va à 5km/h, ça fait long quand même...

Et effectivement, les derniers kilomètres furent longs... Une douleur au genou gauche me fait boiter et les gars me poussent avec une main sur le sac pour m’aider à avancer. On n’est pas les seuls à galérer, la Monstertruck team à qui on colle aux baskets a l’air aussi mal en point mais avance, avance, avance... Parmi les 3 ou 4 équipes qui nous entourent, on sent que tout le monde a maintenant une seule hâte : franchir la ligne d’arrivée.

PC 15, plus que 4 km avant l’arrivée. On voit le bout ! On accélère (dans la mesure de nos moyens hein !), dans nos têtes un seul but : arriver. Du coup, on loupe volontairement l’une des dernières balises, trop pressés d’en finir. On croise des gens endimanchés qui finissent de digérer leur repas dominical pendant que nous achevons notre 18ème heure de course... Petit décalage qui me fait sourire ! Dernière ligne droite avant le gymnase, on se tient tous par les épaules, le sourire aux lèvres, c’est la ligne d’arrivée, ça y est babes, on y est ! 18 heures de course, 62 balises vertes et 5 bleues pointées, on est classés 8e au final, pas si mal pour des gamins !

Bilan : une course vraiment démente, exigeante mais parfaitement organisée et sur un parcours magnifique. Malgré la fatigue et un début de tendinite, j’ai vraiment adoré ce raid, et je pense que l’ambiance de l’équipe a beaucoup joué. C’est vraiment hyper agréable de courir avec des gars qui ne se prennent pas au sérieux et qui savent avoir de l’humour même au bout de 18h de course... Bref, préparez les biberons (de ricard...), les bébés, on risque de les voir rappliquer sur d’autres courses...










2 commentaires

Commentaire de l'ourson posté le 20-01-2006 à 15:51:00

Encore un bien joli CR !
Bravo pour cette nouvelle belle perf ;-)

L'Ourson_stoppé_au_PC12_;-(

Commentaire de _azerty posté le 20-01-2006 à 18:08:00

Bravo les BB,
Vous avez un bel avenir sur ce genre d'épreuve.

Sans ton problème de genou, je crains que nous ne vous aurions jamais revu. Vous avanciez bien plus vite que nous.

Bonne recup à Tous.

Désolé_d'avoir_eclaboussé_un_des_garçons_dans_le_tunnel :-))
Dominique

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