Récit de la course : Landes et Bruyères,Cap d'Erquy-Cap Fréhel 2011, par Le Lutin d'Ecouves

L'auteur : Le Lutin d'Ecouves

La course : Landes et Bruyères,Cap d'Erquy-Cap Fréhel

Date : 30/4/2011

Lieu : Erquy (Côtes-d'Armor)

Affichage : 3242 vues

Distance : 32km

Objectif : Pas d'objectif

12 commentaires

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SOUS LE SIGNE DE VENUS

 


Pour ces vacances de printemps, j'avais décidé de passer quelques jours à Erquy où j'ai loué une chambre d'hôtes avec ma Josette. 

En plus, nous y retrouvions trois autres Traileuses d'Ecouves : Catherine, ma (presque) petite sœur, Françoise, remarquable cordon bleu et redoutable caviste ainsi que Christine, future marathonienne qui accueillait ses camarades dans sa maison d'Erquy.

 "Quand est-ce qu'on mange ? 
Tais-toi Averell ! 
Du calme, Jo ! "

Etant le seul homme de la bande, je me suis bien gardé de prendre des initiatives au niveau cuisine ou vaisselle et je me suis laissé nourrir et surtout abreuver par ces aimables dames entourées de leur grouillante et néanmoins sympathique progéniture adolescente (niark niark, j'ai plus d'ado sur les bras !).

Donc, après avoir goûté aux bières de Catherine, j'ai profité des connaissances approfondies de Dame Françoise pour explorer divers cépages français lors des repas pris en commun avec ces valeureuses mères de famille. Pas grave, pensais-je, puisque le weekend était plus culturel que sportif .

En effet, je m'étais dit que j'allais changer par rapport à l'année dernière ;  au lieu que je m'échine (de porc) à courir comme un damné sur les sentiers du Cap Fréhel à Erquy, j'allais me cultiver en assistant à un festival local au titre prometteur :


Manque de bol ! Comme on le voit sur la photo, le festival situé sur la commune de Plurien a été réduit à plus grand chose à cause de la défection de son principal sponsor, une grande marque de fromage suisse. Il a fallu annuler.

Bon, en désespoir de cause, je me suis rabattu sur le trail d'Erquy...



La course

En Bretagne, il fait beau plusieurs fois par jour comme on dit et c'est vrai, quand la navette me dépose à Plévenon (bravo l'organisation), il y fait un temps splendide.


Je bronze un moment sur la pelouse puis je me place sur la ligne de départ parmi l'élite. Oui je sais, je suis un petit vieux mais justement, je ne suis pas né de la dernière renapée ; je connais le profil de la course et je sais que je devrai arriver le plus vite possible sur la côte sous peine d'embouteillage. 

C'est pourquoi, c'est entre 12 et 13 km/h que je parcours les quatre premiers kilomètres. Pour sûr, c'est pas facile et il me faut de la motivation :


Ma motivation du moment s'appelle Sandrine. Elle va finir 4ème senior femme, huit minutes devant moi mais pour l'instant, j'aborde le chemin des douaniers en sa compagnie.


Judicieux choix stratégique, aucun ralentissement à l'entrée du monotrace ; nous filons à la queue leu-leu à une bonne vitesse. Impossible de doubler, ce qui ne me viendrait pas à l'idée, bien calé que je suis.


Mine de rien, on doit tourner à un bon douze à l'heure sur une piste sinueuse où il y a  à peine la place pour poser les deux pieds. Tiens, je ferais mieux de regarder de temps en temps où je mets mes pompes. Cela ne m'empêche pas d'effectuer quelques clichés.



Je me demande combien de temps je vais pouvoir tenir à une telle vitesse. Au bout de sept bornes, Sandrine décolle à proximité du Cap Fréhel. Elle a choisi, comme moi, l'option de ne jamais s'arrêter aux ravitos quitte à partir avec un litre et demi de liquide dans le Camelbak.

Au revoir Sandrine !

A peine le temps de souffler et il faut repartir dans les méandres fous qui serpentent parmi la lande.  Puis c'est la première descente vers le sable.


Ah, courir sur le sable mou ! Cette plage n'est que la première d'une série qui va user plus d'un coureur. Heureusement pour moi, j'ai été pendant des années animateur jogging dans un centre de vacances pour Allemands et Bataves en Aquitaine et je sais adopter la foulée du chameau qui permet d'aller relativement vite sans tirer inutilement sur les muscles.


Qu'elle est longue cette plage de Pléhérel ! Et en plus, il faut en sortir en grimpant des escaliers interminables. La grimpette n'est pas finie, de la lande, du bois, un peu de route et c'est reparti !

Nous voilà sur la plage de Sable d'Or les Pins. Depuis un moment, je fais le yoyo avec Lucien, un gars de Trail 61, un des organismes sportifs auxquels j'appartiens. J'ai un peu de mal à le suivre, il faut dire qu'il n'a pas le physique de Sandrine... Il disparaît un moment puis j'ai la surprise de le retrouver à la sortie de la station balnéaire.

Lucien en rouge
 
Vous avez remarqué, le temps a changé. Comme c'est bizarre, comme c'est breton ! Pour le moment, c'est brume puis c'est averse puis c'est soleil puis c'est tonnerre... On ne s'ennuie pas !

Nous traversons le marais qui sépare Sables d'Or et Erquy. Les vingt bornes sont bouclées en 1h44'. C'est vraiment très rapide mais je sais que le dessert nous attend dans quelques kilomètres : la montée du Cap d'Erquy.


Mais pour le moment, on alterne nature et route sous une météo prise de folie. La pluie, passe encore mais qu'est-ce que c'est que ces trucs blancs qui me tombent dessus ? Mais c'est froid et ça pique ! Mais c'est...


Tudieu ! Ça va tourner au vinaigre si ça dure ! Ben non, au moment où on arrive à la plage du Guen, rev'là le beau temps !


Enfin, presque parce que ça ne dure pas. Bon, on est quand même débarrassé de la grêle.

Raaah... la plage du Guen, elle est interminable ! Cela dit, c'est à ce moment que je trouve une nouvelle motivation. Elle a une jupette et s'appelle Marie-Paule. Elle va finir première V1 et cinquième féminine. Si j'arrive à la suivre, je pense pouvoir faire un bon chrono.

 Jupette en vue ! 

Lucien est encore dans le coin mais la succession sable + escaliers + côtes + descentes commence à lui poutrer la fibre musculaire. Prudent, il lève le pied et moi, je ne lève pas grand chose même si je fais ce que je peux.

Allez, un tout petit bout de plage en sus et on se le grimpe ce Cap d'Erquy ! Là, ma moyenne en prend un coup. Je suis ma jupette comme je peux mais le terrain est coton. Je ne me plains pas outre mesure car mon état de forme me permet encore de descendre comme un Lutin et je m'amuse réellement dans ce circuit tourmenté même si je trouve les montées bien longues.


Je regarde mon GPS : j'ai encore une petite chance de faire moins de trois heures mais il va falloir que je me sorte les tripes.


 A la suite de ma "motivation" qui va finir très fort, je m'engage sur les hauteurs d'Erquy remonté à bloc mais cependant pas loin de la surchauffe.

Depuis un moment, je passe des pauvres malheureux qui n'ont pas eu la sagesse de lever le pied à l'instar de mon camarade Lucien et qui en paient le prix fort. Je verrai même un gars s'arrêter cloué par une crampe à moins de deux cents mètres de l'arrivée.



Il reste mille mètres et mon chrono m'indique 2h55 min pile, ce qui veut dire que je dois passer le douze à l’heure pour atteindre mon but.

Devant moi, Marie-Paule s'envole littéralement. Quant à moi, je passe de 10 à 12 puis à 14 km/h dans la descente particulièrement raide qui mène au port. Cette allure relativement modérée pour un Lutin semble suffire pour gagner mon pari mais cependant, je remets le couvert dans la dernière ligne droite et je fais les derniers 300 mètres en 1'15", me permettant une petite pointe à 15 à l'heure. Ça ne fait pas de mal de frimer un peu à l'arrivée...
 

Bilan :


2h 59 min 28 s, quatorze minutes de mieux que l'année dernière. Je ne sais pas si ce résultat est dû aux délicieux fessiers de mes deux hases, Sandrine et Marie-Paule ou à la bière de Catherine et au pinard de Françoise. A moins que ce ne soit le chaleureux accueil de Christine ou l'inextinguible affection de ma Josette.


En tout cas; je sais ce que je dois depuis cinquante-cinq ans à ces merveilleuses créatures qui, durant toute ma vie, m'ont réjoui le cœur, l’œil et le reste et donné une raison de mettre un pied devant l'autre. Je les en remercie.


 

12 commentaires

Commentaire de fulgurex posté le 04-05-2011 à 15:40:00

je suis surpris que tu n'aies pas titré: "circulez, il y a Plurien à voir"...

Tu as su trouver la motivation nécessaire et accélérer au bon moment; du coup, tu fais un magnifique chrono: moins de 3 heures! ouf!
(et ça fait une sacrée moyenne!)

Pour la grêle, demande à François ce qu'il pense d'Ecouves ;o)

Commentaire de Françoise 84 posté le 04-05-2011 à 15:44:00

Et bien, voilà un récit qui respire le Lutin heureux!!! Bravo, Thierry, même si tu bénéficies de motivations très spéciales, tu avances toujours bien! Bisous à Josette et toi!

Commentaire de Jay posté le 04-05-2011 à 15:53:00

et après on ose dire que l’amour n’est pas dans les runnings.. bon ok .. tu vises un poil plus haut … j’ai dit « poil » ?! moi ..
non … un lapsus alors.. comment ça « sus » ?! mais non.. rooohhh .. vous voyez le « male » partout .. pfff ..

merci pour le récit bien imagé comme d’habitude.. la motivation , comme le courage on la prend où l’on peut .. enfin … chez qui on peut .. devant ou derrière !!
Jay

Commentaire de Mustang posté le 04-05-2011 à 19:16:00

belle course malgré le temps car comme dit l'autre, qui regarde la météo, reste au bistrot!

Commentaire de gdraid posté le 04-05-2011 à 19:27:00

Bravo Thierry pour tes moins de 3 heures, sur un circuit pour le plaisir des yeux, et la souffrance des mollets.
Ton récit m'a encore permis de bien rire, et je t'en remercie.
JC

Commentaire de robin posté le 05-05-2011 à 10:13:00

Euh c'est à quelle date que tu organises le prochain stage de motivation ?
Mais vu ton grand âge tu devrais te ménager et d'éviter de suivre des séniors femmes !

mais bon venus,vidi,vici comme aurait dit jules !

Commentaire de RogerRunner13 posté le 05-05-2011 à 18:18:00

La prochaine fois que je fait une course je vais essayer ta méthode pour me motiver......lol, enfin ça a l'air de te réussir, belle perf.

Commentaire de totoro posté le 05-05-2011 à 18:45:00

Une course rondement mené et un récit joyeux : ça sentait vraiment les vacances :-)

Commentaire de eric41 posté le 06-05-2011 à 14:06:00

Bin mon cochon,belle perf !!!
Merci Thierry pour ce CR.
Eric

Commentaire de hellaumax posté le 09-05-2011 à 09:40:00

Bravo Thierry. Faudra quand même que tu décrives un de ces 4 la "foulée du chameau", parce que personnellement, dans le sable, mou ou pas, j'ai toujours cette sensation d'être le batave ou le teuton que tu encadrais...

Commentaire de CROCS-MAN posté le 10-05-2011 à 13:57:00

Le lutin est loin d'être cuit. Bravo Thierry et merci pour la jolie balade

Commentaire de calimero posté le 10-05-2011 à 19:43:00

Cà faisait longtemps que je n'étais pas venu te lire mais je vois avec plaisir que ton verbe est toujours aussi affûté que le bonhomme et même la grêle n'a pas de prise sur toi!

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