Récit de la course : Marathon "Paru Vendu" Halloween 2005, par NEOCAP

L'auteur : NEOCAP

La course : Marathon "Paru Vendu" Halloween

Date : 29/10/2005

Lieu : Grenoble (Isère)

Affichage : 1712 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

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Marathon de l'horreur.

Dicton Grenoblois.

Il y a un dicton qui dit " Quand on a pas de tête, on a des jambes". En CAP, c'est l'inverse " Quand on a pas de tête, on a plus de jambes.."
Malgré ma mauvaise gestion du semi de la semaine passé (faire un semi une semaine avant le marathon relève également de la mauvaise gestion..), je n'ai pas tiré les enseignements que j'aurais du.
Petit retour en arrière ...
J'arrive à Grenoble la veille, j'en profite pour aller chercher mon dossard avant que ça ne soit la cohue, et effectivement, en 5 minutes, c'est fait.
Petit tour des différents sponsors qui on tous des petits cadeaux a remettre au coureurs, qui un sac a chaussures ( utile), qui un jeton de caddies ( bof), qui un T-shirt ( comme d'hab.), qui un porte clef pour CAPeurs ( j'emmène jamais mes clefs, j'ai horreur d'avoir un truc qui fait shling shling tous le temps..), enfin bref, je critique, mais j'étais comme un gamin de faire le tour des stands pour récupérer ces trucs qui servent a rien mais qu'on est bien content d'avoir !!
Retour à l'hôtel et bonne nuit de sommeil ( 7h ).
J'me réveille quand même avec cette foutu angoisse qui me tiens depuis la veille. Les places de parking risquant d'être difficile à trouver sur le secteur, je fais la grosse erreur de m'y rendre vers 10 h du mat, pour rappel, le départ est a 19 h. Et toute la journée, je tourne en rond, entrecoupé par la pasta party incluse, bonne surprise, dans le prix de l'inscription. Je n'arrive pas a me relaxer, je regarde le temps qui se couvre, le vent, chaud (du Foehn) qui se lève, la pluie qui doit arriver ou pas, enfin bref, je stresse.
J'en profite pour remercier le coureur de la Foulée d'Annemasse à qui j'ai demandé conseil sur manche longue ou courte, et qui m'a recommandé manche courte. J'ai crevé de chaud toute la soirée, je n'ose pas imaginer si j'avais gardé les manches longues comme je voulais faire. Mille mercis.
19 h et quelques minutes, PAN, le départ est donnée, et malgré la lenteur du départ, la chaleur est torride ( 21 °). Le parcours est relativement agréable, bien signalé et surtout assez large pour tout le monde, ce qui évite les engorgements habituels du départ. Je pars au alentour de 10 km/h, mais 1ere erreur, quand je suis chaud, j'accélère un peu. 1er ravitaillement, c'est un peu la panique, je cherche de partout, pas d'eau, juste des boissons dites énergétiques de couleurs fluo ou au goût citron, je peste intérieurement et chope une bouteille citron dont je bois la moitié dans les 2 km qui suivent.2eme erreur: N'aimant pas courir avec quelque chose qui ballote dans la main, je la pose derrière un panneau en me disant qu'elle sera encore là au 2eme tour, hélas, a peine quelques foulées faites, je l'entend qui tombe derrière le mur, pas grave ...
Les kilomètres avancent, moi aussi.
Je salut la patience des Grenoblois a qui l'on a mis le bronx en centre ville, rues coupées, files d'attentes interminables pour croiser le parcours, etc..
Le second ravitaillement approche.. Je rêve, non je cauchemarde: pas une bouteille ni un verre d'eau, les bénévoles distribuent de l'actimel !! Je ne suis pas certain que cela soit vraiment adapté et je saute le ravitaillement. Ben quoi, quand on fait des erreurs, autant les faire à fond !! ;-)
Le parcours continue, je ne sais plus vraiment dans quel ordre j'ai croisé tous ça, mais on passe des quartiers de bureau, des quartiers en plein travaux, des quartiers ou je ne viendrais pas courir seul le soir, enfin bref, un peu de tous les styles. J'approche du 3eme ravitaillement et je m'inquiète car j'entend une bénévole dire a un point radio qu'il faudrait réapprovisionner ... Ma crainte est justifiée, au ravitaillement, j'aurais droit a un sucre, point. zéro boisson.. ça commence a faire long sans boire.
Le long d'une piste cyclable avec un jardin a coté, miracle, une fontaine, c'est la ruée et dans la cohue, j'arrive à avaler UNE gorgée. Elle suffit a peine à m'humecter la bouche, mais, encore une erreur de plus, je ne veux pas m'éterniser. Le semi est bouclé est 2h06 (1h55 la semaine dernière, mais c'était la fin !), je me dit qu'après tout, je m'en sors pas trop mal. Et enfin, je peux boire, celle la de bouteille, je ne la lâcherais pas avant de l'avoir vidée !! Je sens que la mécanique à pris un coup quand même, et ma vitesse chute ( 8,5 Km/h) et l'idée de refaire un tour en passant par le même chemin me mine le moral. Et quand le moral ne va pas ...
Les maçons arrivent tôt aujourd'hui, et je me prend le mur en pleine poire juste après le 1er ravitto (cette fois, il y a de l'eau a volonté..), vers le 26 eme Km. Dans ma tête, l'abandon est là. Je commence à calculer à quel niveau du parcours je suis au plus prés de l'arrivé pour abandonner et rentrer au plus court. Je commence à marcher par moment, puis carrément a m'arrêter et a m'asseoir sur le bord du trottoir, les jambes sont dures, le moral est mou. Heureusement, un coureur qui était derrière moi passe et m'encourage à repartir. Je me relève, marche 10 m et me remet à trottiner. Je réfléchis maintenant a ma stratégie pour aller le plus loin possible, même si dans ma tête, il est clair que je n'arriverais pas au bout.. Je décide, tous les 500 m a peu prés, de prendre un point de repère a 20 ou 30 m devant moi, de marcher jusque là, puis de me remettre a trottiner 500 m.. Quand vraiment je dois m'arrêter et m'asseoir, ce sera toujours a quelques pas des bénévoles qui indiquent le chemin ou font la circulation, parce que si je m'arrête tous seul et que personne ne m'encourage à repartir, la partie sera perdue. Et petit à petit, je grignote les kilomètres. 3eme ravitaillement, de l'eau, du sucre, j'en ai marre. Je m'assois, j'veux un bus, un hélicoptère, n'importe quoi, mais plus mes pieds... Un coureur passe, un sourire crispé, un petit " allez" du bout des lèvres.. Je repars. Il reste 7 km. Ce n'est pas 7 P....... de kilomètres qui vont m'arrêter. Je mettrais le temps qu'il faut, mais seul la voiture balais m'arrêteras, c'est décidé ( en même temps, j'espérais un peu la voir arriver, cette voiture balais).Je repasse la piste cyclable avec la fontaine, personne devant ni derrière, je prend le temps de boire, de m'éponger ..Et toujours personne.
Je continue comme avant, 500 m de "course", 20 ou 30 M de marche, etc.. 38 Km, une voiture officiel me dépasse et une jeune fille m'interpelle, je crois que c'est la fin, mais non, elle veut savoir si j'ai besoin d'eau, de sucre ou autres .. Des pensées lubriques me viennent, le moral est de retour, "NON, Tout vas bien, merci" ..Hum Hum
Je suis re-rentré dans le centre de Grenoble, les gens nous encouragent, j'ai rattrapé deux personnes devant moi qui marchent. Deux demoiselles en vélo me tiennent compagnie 500 m, on discute, ça fait du bien de pensée a autre choses et puis pas question de ralentir devant elles.. ;-)
Un bénévole me dit " Plus qu'un kilomètre", alors je puisse au fond de mes réserves, de ma volonté et j'accélère, j'allonge la foulée. Bizarrement, je n'ai quasiment pas mal aux jambes en courant, le souffle va bien, en limite, mais correct.. Je croise la panneau 40..Zut, c'était presque le dernier kilomètre !
J'veux pas arriver en marchant, ni en trottinant, je m'accroche.. Il y a 15 kilomètres, j'croyais que je n'arriverais pas, et là, il me reste 1km, 500 m, 400, 300, 200, je rentre sur la piste d'arrivée, des gens nous encouragent, il y a encore foule.
Je commence à doubler un autre coureur dans les 100 derniers mètres, et quand je le dépasse, je l'entends qui accélère, il s'accroche un peu. Je ralentis, je ne veux pas lui voler son arrivée devant moi, je reviens à son niveau, mais il continue de ralentir... Je maintiens ma foulée et passe la ligne 3 secondes devant lui. J'ai honte et je n'ose pas le regarder.
si le négative Split existe, c'est que le Split existe.. Ben moi, j'ai fait le Mega Split !! 2eme semi en 3 h01.
5h07 au total.
J'suis déçu, j'voulais faire mieux que mon premier, mais je suis heureux en même temps, parce que je ne pensais pas que je serais a l'arrivé.
Je vais récupérer mes affaires, je m'assois et je pleure.
Je suis arrivé.

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