Récit de la course : Marathon de Vincennes et des Bords de Marne 2010, par Yannael

L'auteur : Yannael

La course : Marathon de Vincennes et des Bords de Marne

Date : 24/10/2010

Lieu : Vincennes (Val-de-Marne)

Affichage : 1180 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Une première réussie

2009. Année course-à-pied pleine de contrastes. Un démarrage poussif aux 10 km de Vincennes m’a incité à modifier légèrement mon entraînement. Les résultats ne se sont pas fait attendre, avec un record sur semi à Nogent, en bords de Marne (1’28’11), puis sur 10 km dans le Bois de Vincennes (39’11), avant un record – anecdotique puisque seule référence sur la distance – aux 15 km du Perreux, avec des passages en Bords de Marne. En confiance, je m’inscrivais donc au Marathon de Toulouse, mon deuxième seulement après Paris en 2005. Un entraînement très (trop ?) rigoureux (5 entraînement / semaine pendant 10 semaines) laissait présager un bon chrono (3h15 ?). Hélas, deux erreurs me furent fatales : Un premier tiers de course en faux rythme, en insistant pour rester devant le ballon 3h15, et une alimentation qui n’était pas passée, me laissant sans énergie au sens propre. Conséquence logique : Le mur. Et un final en forme de calvaire, et un chrono de 3h32.

2010. Motivation en baisse, moins de temps libre, petite année pour la course-à-pied. Une course bien sympa toutefois à mon actif, avec 20 km vallonnés à Espelette, dans le Pays Basque, sur les premières pentes des Pyrénées, avec des copains. Et bien surtout, the idea. Le premier marathon de Vincennes et des Bords de Marne. Un marathon à domicile, sur « mes terres d’entraînement ». Autant dire que je connaissais déjà donc au moins 90% du parcours par coeur, et que j’ai eu tout le loisir de repérer les 10% restants. La décision ne s’est pas fait attendre, l’occasion était trop belle : Retourner sur les chemins de ma « réussite » de 2009 pour exorciser le marathon de Toulouse 2009, un an après, jour pour jour.

Oh, bien sûr, l’objectif est modeste, à la hauteur d’un entraînement moins studieux (4 entraînements par semaine, plusieurs séances raccourcies) : Finir. Et finir moins dans la douleur, sans mur vers le 30e. Oui, qu’importe le chrono, je m’inscris pour finir « mon » marathon.

L’échéance approchant, les séances d’entraînement se succédant, la motivation grimpe, et nécessairement l’ambition aussi. Finalement, puisque j’ai besoin d’un objectif chronométrique pour me régler et me booster, je me fixe sur … 3h17. Pourquoi 3h17 ? Premièrement pour rester derrière les 3h15 (on apprend de ses erreurs !), et deuxièmement car c’est pratique pour calculer (ça fait 4’40 au km). Et pour maximiser mes chances, je change aussi mon alimentation, certes moins adaptée en théorie (de simples pâtes de fruit, ainsi que deux dosettes achetées la veille dans une boutique bien sympathique Porte Dorée, pour laquelle il serait déplacé de faire de la pub en plein récit, mais dans laquelle Agnès et Franck nous accueillent si chaleureusement qu’on ne peut que vouloir revenir à Team Outd… Oups, chez eux quoi ! )

24 octobre 2010, c’est donc parti pour cette première édition, très bien organisée au demeurant. Bénéficiant d’un dossard bleu, je me retrouve vers l’avant … à hauteur du ballon des 3h ! Dès lors ma « tactique » initiale est des plus simples : Partir doucement jusqu’à me faire doubler par le ballon 3h15. Et ça commence bien : Je décide d’enlever mes gants, vu qu’il ne fait pas si froid … au moment où est donné le départ. Je me retrouve donc à les ranger tout en courant, bien joué.  Le premier km se déroule tranquillement : 4’51. Cool, un départ prudent. L’heure aussi de remettre mes gants, vu qu’en fait, si, il fait froid !  Un deuxième km en 4’43, et j’entends le « troupeau » des 3h15 qui approche. Et j’ai le bon réflexe (faut dire, j’ai eu un an pour le ressasser !) : Les laisser passer, leur laisser une vingtaine de mètres d’avance, garder le visuel sans forcer. Et c’est ce qui se passe. 4’35 et 4’32 tout de même pour les deux km suivants, dans l’aspiration du ballon jaune. Le ravitaillement du 5e km tourne au sketch : J’évite de me coller derrière tous ceux qui stoppent aux premières tables, et vise donc « logiquement » les tables du fond pour attraper mon gobelet au vol … Sauf qu’il n’y a pas d’eau au fond ! Obligé de remonter le flux à contre-sens pour prendre mon verre d’eau. Pas terrible !

Heureusement, la suite est plus tranquille. Je garde le ballon jaune en visuel 20 à 50 mètres devant, je suis à mon rythme. Les ravitaillements ne posent pas de problème. Les pâtes de fruit passent toutes seules. Les km se suivent, entre 4’32 et 4’41. Je renlève mes gants, vu que tout bien réfléchi, non, il ne fait pas froid !

Au 14e km (1er tiers), je suis sur les bases de 3h16. C’est correct. Je me sens bien. Pas facile tout de même, mais bien, sur des terrains archi connus. Sans évoquer le tour du lac des Minimes que j’aurais pu réaliser les yeux fermés.

C’est en fait à partir de l’avenue de Joinville, à Nogent, avant de rejoindre la Marne, vers le 18e, que je commence à ressentir le premier coup de moins bien. Je suis un peu dans le dur. Clairement, ça ne se passera pas tout seul jusqu’au bout ! Mais je continuer à dérouler. Passage au semi sur les bases de 3h15. Ce qui confirme ce que j’en pensais depuis le début : Ce ballon jaune des 3h15 va un peu trop vite.

Le coup dur intervient au passage du pont de Bry, au 25e km. Un km couru en 4’45, mon plus lent depuis le début (avec certes le passage du pont). C’est là aussi que j’ai pris mon gel « anti-crampes ». Mais je sens bien que ça ne va pas aller en s’améliorant. Et sur le retour sur la rive opposée, je laisse un peu filer, avec des km vers les 4’40. Les jambes sont dures, ça sent la galère. Vers le 27e-28e, je crains le pire, malgré un passage sur les bases de 3h16 aux deux tiers de la course. Je redoute la remontée vers le Bois. Et effectivement, le pont de Joinville, suivi de la montée vers le Plateau de Gravelle avec le contournement de l’hippodrome fait mal (120 mètres de dénivelé positif sur l’ensemble du parcours). Heureusement que j’avais repéré le parcours, et que je m’y attendais moralement. La moyenne en prend un coup (d’autant qu’il  avait des erreurs grossières de kilométrage pour le 32e et 33e, et que je suis sûr que le total faisait plus de 2 km … ). Je tourne donc vers les 5’ au km entre le 30e et le 33e. Ca devient très dur … mais ça tient ! Quel soulagement, pas de mur. Des jambes raides, mais pas de mur. Ouf !  Du coup, j’essaye de donner ce qu’il me reste dans la descente de l’Avenue de Gravelle. Je croise Franck au 34e (vous savez, le gars de la boutique dont il ne faut pas prononcer le nom), moment où je me sens paradoxalement bien. L’euphorie (toute relative, je tourne en 4’40 en descente, mais ça suffit à me booster et à laisser derrière les malheureux qui ont moins bien supporté le passage du 30e) sera hélas de courte durée : Jusqu’au 36e en fait.

Et là, sur ces 6 derniers kilomètres qui serpentent dans les allées du Bois de Vincennes, commence la leçon d’anatomie, plus efficace que tous les cours de collège réunis : Comment connaître tous les muscles allant des doigts de pied aux hanches ? Facile, il suffit de courir 36 km, puis de constater où surviennent les crampes ! J’ai donc découvert des muscles dont je ne soupçonnais même pas l’existence ! Une crampe en chassait une autre. L’horreur. Impossible, malgré toute ma volonté, de relancer dans ces conditions. Deux bambous avec des crampes nouvelles qui surgissent toutes les 5 foulées, on a connu mieux pour courir vite. Heureusement, le mental, lui, tient. Je refuse de marcher ne serait-ce qu’une seconde, car je sais qu’elle me serait fatale, et que je ne pourrais pas repartir. La tentation est forte, mais je résiste. Bon, forcément, le chrono en pâtit, et c’est entre 5’ et 5’20 que sont parcourus ces 6 derniers km.

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Mais qu’importe, car je sais depuis de longues minutes que mon objectif est atteint. Oui je vais finir. Oui je vais effacer « l’échec » toulousain. Oui je vais en profiter pour battre mon record sur la distance (de près de 8 minutes in fine). Et c’est donc ce qui se produit, finalement, en 3h21.

Une grande satisfaction donc. Certes, la course n’a pas été optimisée, et j’avais le niveau pour passer sous les 3h20. Mais peu importe : Je suis juste heureux d’avoir réussi mon pari. Pour une première édition d’un marathon à domicile, n’est-ce pas l’essentiel ?

3 commentaires

Commentaire de yves_cool_runner posté le 29-10-2010 à 14:35:00

Bon, tu as clairement un potentiel inférieur à 3h15 avec des marques sur semi et 10 km inférieures à 1h30 et 40 mn. On peut estimer que les 3h10 sont à ta portée sans trop de difficultés. Après, ce sont l'entraînement, le profil du parcours et les conditions qui décident. Dans tous les cas c'est un bon résultat qui te relance. Pour l'anecdote, j'ai un peu souffert sur le marathon de Toulouse dimanche dernier avec la pluie et une contracture au 34ème kilo. Mais c'est le marathon...

Commentaire de kkris posté le 03-11-2010 à 10:09:00

bravo ,jolie perf malgré les crampes!

Commentaire de Squaw Rebelle posté le 25-11-2012 à 11:15:17

Super temps, je suis moins généreuse en récit de mon 1er et de te lire nous fait revivre la course avec toi... Merci pour ce partage.

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