Récit de la course : Triathlon LD de l'Alpe d'Huez 2010, par aymeric

L'auteur : aymeric

La course : Triathlon LD de l'Alpe d'Huez

Date : 28/7/2010

Lieu : Vaujany (Isère)

Affichage : 2392 vues

Distance : 140km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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Triathlon LD de l'Alpe d'Huez 2010

Me voici enfin devant mon "everest" de cette année : le triathlon longue distance de l'Alpe d"Huez.

Objectif majeur de cette première année de triathlon, ce 28 juillet devait constituer la consécration de tous les efforts consentis cette année, en particulier en natation.

 Après un mois de juin très intense, j'ai réduit la voilure sur juillet. Une douleur récurrente sous l'omoplate droite (tendinite?), et je l'avoue un peu de lassitude. Le gros de la préparation était faite et je ne voulais surtout pas me blesser.

 Au menu donc, aucune cyclosportive, des sorties vélo n'excédant pas 100kms et 2500m de D+, et une réduction drastique de la course à pied à environ 40km par semaine.

A J-10, j'ai programmé une dernière séance de rythme en participant au triathlon de Thonon, avec pour unique but de ne pas me blesser. Parti dernier dans un lac déchainé pour éviter les coups, sorti 130e temps de l'eau, j'ai assuré tranquillement sur le vélo et la cap sans me mettre dans le rouge pour terminer en 2h46 à la 80e place. Bilan positif : les jambes sont là (pourvu qu'elles y restent!), l'omoplate ne me fait pas trop souffrir à l'effort, et je termine particulièrement frais.

Dans la dernière semaine, je me suis contenté de séances natation dans le lac d'Annecy, quelques sorties vélo à 20 de moyenne (!) d'au plus 60kms, et de 2 footings de 10 kms. Entrons maintenant dans le vif du sujet!

 Le mardi 27 au matin, c'est le grand départ. Le stress m'envahit depuis maintenant 48h et ne me quittera plus jusqu'au départ. Arrivé à l'Alpe pour récupérer le dossard, je trouve une organisation vraiment impeccable. Félicitations et d'ores et déjà un grand merci à tous les bénévoles! Petite visite du village partenaire, et je redescends vite pour refaire en voiture les 50 premiers kilomètres du parcours vélo, soit jusqu'au sommet du col de la Morte (Alpe du Grand Serre). Je n'avais que peu de souvenirs de cette partie lors de la "reco" effectuée mi juin, et voulais être sûr de l'allure à adopter dans ce premier col.

 Mais parlons d'allure. Bien entendu, mon objectif sur cette épreuve est d'avant tout être finisher. Mais j'ai le secret espoir, en regardant les temps des années précédentes, de terminer en 9h30 environ.

Les temps intermédiaire "visés" seront donc les suivants :

50 minutes pour les 2,2 kms de natation. Pour rappel, je n'ai découvert le crawl qu'en septembre, et ne me sens vraiment pas dans mon élément sur la partie aquatique. L'objectif sera uniquement de sortir indemne sans trop avoir grillé de cartouches pour la suite.

5 minutes pour la première transition. 

6h pour les 115 kms de vélo et les 3000m de D+ : Même avec un volume de 5500kms depuis mars et de nombreux cols franchis, la partie vélo me fait peur. Je ne pratique le cyclisme que depuis 1 an et demi, et je redoute la chaleur dans le col d'Ornon. J'y avais particulièrement souffert lors de la reco et l'avais trouvé interminable.

5 minutes pour la deuxième transition.

2h30 pour les 22kms de course à pied : cette discipline est sensée être mon point fort (1h25 au semi environ), mais en observant les temps des années précédentes, le fait de devoir courir à presque 2000m d'altitude (sans compter les 500m de D+), m'incite à la plus grande prudence. Sans oublier la fatigue accumulée...

Mercredi 28 juillet, Jour J!

Debout à 6h, et petit réveil musculaire avec une marche de 10 minutes avant d'ingurgiter du Gatosport. Plutôt que de loger à l'Alpe, j'ai préféré résider dans une chambre d'hôtes à deux pas du départ (4kms), tout proche de Vaujany. Cela m'évitera ainsi les presque 30 kms de descente en vélo pour rejoindre le barrage du Verney.

A 8h, c'est la grande entrée dans le parc vélo. Etant malheureusement seul engagé de mon club, j'ai apprécié d'être entouré par des camarades de même nationalité, mais également de la même région. Du coup, je me suis senti moins seul pour les derniers préparatifs avant le grand départ à 9h30.

9h10, dernier briefing, et direction l'eau, qui sera aussi froide qu'annoncée. Quelques mouvements pour faire disparaître la sensation d'oppression, et hop direction la rive opposée au soleil pour ne pas avoir trop froid en attendant le départ.

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Comme sur tous les triathlons auxquels je participe, et compte tenu de mon niveau, je me place derrière.

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La musique retentit, et c'est parti! Ce sont finalement 952 triathlètes qui se dirigent vers la première bouée afin d'en finir au plus vite avec les 2,2 kms de natation. Comme d'habitude, et bien malgré moi, j'oublie très vite la nage en 3 ou 4 temps et me retrouve rapidement en 2 temps. Escomptant me retrouver parmi les derniers, je me rends compte rapidement qu'un certain nombre de triathlètes sont plus ou moins de mon niveau, ce qui oblige malheureusement à devoir jouer un peu des coudes de temps en temps pour se frayer un passage.

Je respecte en revanche mon schéma de départ à savoir ne mettre les jambes que sur les 100 derniers mètres, histoire de réveiller un peu les membres inférieurs.

Le passage des bouées se passe bien, et nous voici déjà le retour qui lui me paraîtra interminable. Je me décale volontairement sur la gauche pour nager en toute tranquillité, même si ça ajoutera un peu de distance au final. Enfin, je sors de l'eau en compagnie de Vincent Bachelot (commentateur triathlon sur sport+) ce qui me rassure sur mon temps : il était sorti de l'eau en 46 minutes l'an passé.

Pas de stress pour l'hectomètre à parcourir jusqu'à la zone de transition. J'évalue, compte tenu du nombre de vélos encore présents dans le parc, à une place autour de 800e. Et suis plutôt satisfait de me dire qu'il y en a autant derrière moi!

Je finis d'ôter la combi et me sèche longuement les pieds avant d'enfiler les chaussettes. Surtout, éviter les frottements et ainsi une éventuelle ampoule. J'enfile les manchettes, ainsi qu'un maillot manches courtes par dessus la trifonction et c'est parti pour la partie vélo.

Un rapide coup d'oeil sur l'heure m'indique 10h23. J'aurais donc mis environ 53 minutes pour la natation et T1, soit un temps conforme à mes prévisions. Tout est donc sur les rails pour la partie vélo, où je pense pouvoir rattraper tranquillement quelques concurrents dans les cols.

Finalement, le chronométrage officiel indiquera un temps de 47mn38 sur la nat (604e place!!!!!!!!!!) et une transition de 4mn44s.

 Je me remémore les conseils de Cyrille Neveu : surtout ne pas s'enflameer sur les 30 premiers kilomètres, en faux plat descendant jusqu'à Séchilienne. Sur une route ouverte à la circulation, et avec le nombre de participants encore compact, il est difficile de ne pas être en drafting. Je me décale donc le plus souvent possible pour respecter le réglement, mais c'est vrai que c'est toujours frustrant de se faire doubler par des pelotons de 10 parfaitement organisés. Je reste cependant calme en me disant que de toute façon, je les reprendrai certainement dans le col de la Morte.

Arrivé à Séchilienne, le chrono affiche une moyenne supérieure à 36. Bien supérieur à ce que j'avais prévu. Je ralentis volontairement sur le dernier kilomètre pour repasser sur le 39 et tourner un peu plus les jambes afin de les préparer au brusque changement de braquet.

Les premières rampes se dressent déjà devant nous, et j'en aperçois déjà en train de souffrir, tout à gauche. Pour eux, je me dis que la journée va être longue. J'adopte un rythme soutenu, sans essoufflement, sur le 39*21. Les premières pentes ne sont pas trop pentues (autour de 7%) et je suis surpris de remonter autant de concurrents. Au 7e km, pour ne pas trop m'enflammer, je passe le petit plateau (30*10/21) et monte beaucoup plus en vélocité.

Je commence à avoir chaud, et profite de retrouver mes parents dans la montée pour leur laisser mon maillot. Je décide en revanche de garder les manchettes pour les descentes. La fin du col se passera sans souci. Je pense avoir déjà rattrapé 150 concurrents et me demande si je ne suis pas parti trop vite. Les sensations sont très bonnes et je n'ai pas eu l'impression de forcer. Dans ce premier col, seuls 2 triathlètes m'ont rattrapé, et je les ai laissés filer.

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Je refais le plein au ravitaillement et me dirige vers Valbonnais. Cette partie est beaucoup moins facile qu'il n'y parait sur le profil, avec quelques "coups de cul" bien sentis. Ma stratégie est donc d'y aller tranquillement ("tranquille" sera le maître mot de la journée, mais peut il en être autrement sur un tel parcours qui ne pardonne rien?)

A ce niveau de la course, on sent que chacun commence à trouver sa place. Les places sont plus ou moins établies.

Le ravitaillement personnel de Valbonnais me fait le plus grand bien. Trois petits sandwichs blanc de poulet/comté permettent de changer des pates d'amande, pitch, et cie. Je tiens d'ailleurs à remercier l'organisation pour le nombre et la qualité de chacun des ravitaillements. Aucune excuse pour finir déshydraté!

Après ce petit moment de réconfort, place au col d'Ornon, interminable (près de 22kms de lègère montée, sauf sur les 4 derniers où c'est un peu plus raide). Là encore, j'apprécie mon choix du triple plateau car c'est vraiment le développement idéal sur ces cols à 4-5%. En remontant des concurrents, je "tombe" sur un triathlète avec qui j'avais fait connaissance le matin à l'auberge. Du coup, nous avons terminé la montée ensemble, en discutant, et ça a permis de briser un peu la monotonie.

Le col d'Ornon est vite avalé, et c'est l'heure de faire le point au niveau chrono. 3h40 pour les 87 premiers kilomètres, c'est beaucoup mieux que le temps de passage prévu (4h15). Je cherche à récupérer dans la descente, à enrouler sur le plat (4kms) qui nous emmène sur le plat, et enfin voici le juge de paix : l'Alpe d'Huez.

Première rampe : tout à gauche (30*25). Objectif : mouliner pour ne pas se flinguer les cuisses sur ces passages à 12%. Quelques concurrents sont déjà à la dérive. Le ravitaillement de la Garde arrive à point nommé : le coca permet de changer de la boisson énergétique. Les pentes se font légèrement plus douces, et je mets le 30*23, que je conserverai presque jusqu'au sommet.

Lorsque j'avais effectué cette montée en reco, j'avais mis 1h02 en montée sèche et 1h18 sur le parcours complet. Je m'étais donc fixé un objectif d'environ 1h15, sans jamais se mettre dans le rouge, sans (trop) produire d'acide lactique car je redoute les crampes sur la cap ensuite. C'est sensiblement le temps que je réaliserai.

Les virages s'enchainent, et je reprends régulièrement quelques concurrents. Certains sont littéralement plantés. Une erreur de développement sans aucun doute. 39*27 ou 39*29, n'est ce pas un peu trop gros sur ces pentes surtout lorsque l'on n'est pas habitués à la haute montagne?

Enfin, le village de l'Alpe d'Huez se profile, et avec lui les derniers efforts pour la partie cyclisme. Pour les 6h escomptés, je mettrai finalement 5h12mn59 (294e temps). Inespéré. 

Deuxième transition, un peu plus rapide celle-ci (2mn09). Je redoute les premiers pas, mais les jambes ne semblent pas trop congestionnées.

Premiers hectomètres. Je cherche à m'habituer à l'effort et au manque d'oxygène avant la première montée sur ce chemin caillouteux. Pour le moment, les sensations sont correctes, et le demi tour est vite atteint. Sur le retour, le vent de face nous ramène à la réalité, et la "petite" bosse finit de nous saper le moral. Enfin le haut de celle-ci est atteinte, puis arrive la longue descente pour récupérer le premier chouchou. Premier tour effectué en 32 minutes. 6,3 kms au GPS. Il semble manquer un km. Je ne m'en soucie guère et repars pour la deuxième boucle.

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Les efforts commencent à se faire sentir, les mollets se font plus durs, la foulée plus hésitante. Le visage se crispe. Le demi tour me parait beaucoup plus loin, et la montée...interminable. Je sens que le rythme faiblit, j'ai l'impression de ne plus avancer. Je suis cuit. Enfin la descente, abordée prudemment pour ne pas réveiller les ischios. De nombreux concurrents marchent ou sont arrêtés, victimes de crampes.

Retour devant le palais des sports, et nouveau chouchou. 35 minutes. Le rythme a baissé.

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Le dernier tour s'annonce, et ça se corse. J'ai peut être trop bu, et suis obligé de m'arrêter me soulager dans les sanitaires. Avec la trifonction, c'est une bonne minute de perdue. J'en profite tout de même pour essayer de récupérer.

La remise en route est très compliquée, je trottine et débranche le cerveau. Le mental prend le dessus. Tenir, c'est le dernier tour. Unique objectif. Je m'accorde 30s de marche sur ce chemin caillouteux en montée. Et repars. Je me trouve à l'agonie, mais suis étonné car peu de concurrents me reprennent. Serions nous tous dans le même état?

Enfin se profile le dernier demi tour. Je souffle, et continue. Ma 305 m'indique une allure proche de 6min au kilo, mais je ne m'en soucie plus. Je sais que le rythme diminue. Il faut passer la dernière montée, coûte que coûte. Je craquerai à mi pente, et alternerai course et marche jusqu'au sommet.

Mais en haut, c'est la délivrance : je sais que c'est gagné!!!!!!!!! Je serai finisher. La descente se fait en douceur, une nouvelle fois pour éviter tous risques de crampes. Dernier faux plat, passage devant la voiture du partenaire, et enfin la route du parc vélo qui nous emmène vers la ligne d'arrivée. Je profite un maximum de ces instants, ralentis volontairement pour laisser s'éloigner le concurrent derrière moi, et m'assure qu'il n'y a personne derrière moi qui pourrait "gâcher" mon plaisir dans cette dernière ligne droite.

Je la savoure, et souris. Pari gagné. Le temps final est au délà de mes espérances : 7h55mn09. Un peu moins de 8h15 si on ajoute les 3kms qui manquent cette année. 220e temps course à pied. Et 275e au scratch.

Cette course est vraiment fantastique, et le parcours exceptionnel. Je réalise. Tous les efforts de cette anée se sont vus concrétisés sur cette course.

Qui aurait cru il y a 10 ans, lorsque je pesais 120 kilos, que quelques années plus tard, je courrai des marathons. Et que maintenant je suis finisher d'un triathlon longue distance. Petite revanche personnelle. Et petite fierté, je dois bien l'avouer, pour le chemin accompli depuis.

Heureux également car je suis capable de marcher. On m'avait dit qu'un triathlon, aussi long soit il, était moins traumatisant qu'un marathon. Et je confirme.

Dans un coin de ma tête, je sais aussi que j'ai validé mon billet pour mon défi de l'année prochaine : Embrun.

Je pense avoir trouvé mon créneau : ces triathlons typés "montagne" sont vraiment ce qui me correspond le mieux.

Je vais maintenant profiter de la vie sur les 15 jours qui viennent, réduire l'entrainement, et récupérer. Participer encore à 1 ou 2 triathlons en "touriste", juste pour le plaisir. Et finirai la saison, cerise sur le gateau, par le marathon de New York. Mais ce sera une autre histoire...

 

 

4 commentaires

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 01-08-2010 à 23:12:00

"Finir" ce triathlon est déjà en soit un exploit... Surtout après avoir vécu le "court"...
Mais rajouter à celà un temps aussi bon, je t'adresse toutes mes sportives félicitations !!!!!

Commentaire de raspoutine 05 posté le 02-08-2010 à 10:02:00

Félicitations pour la performance, pour un premier coup sur du long, tu t'en es vraiment bien sorti !
Encore bravo, fois 21, bien sûr !

Commentaire de Eponyme posté le 03-08-2010 à 11:22:00

Bravo pour ce super tri ! Je suis pas pratiquant, mais admiratif devant ce genre d'effort... et merci de partager ça avec nous grace à ec CR très sympa à lire !

Commentaire de LtBlueb posté le 03-08-2010 à 23:09:00

un très joli temps vélo il me semble : beaucoup de potes du club y étaient la semaine dernière ! et un très beau résultat final qui récompense une préparation qui semble n'avoir rien laissé au hasard ! bravo pour la perf et la parcours accompli depuis... 10 ans !

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