Récit de la course : Trail Verbier St-Bernard 2010, par arthurbaldur

L'auteur : arthurbaldur

La course : Trail Verbier St-Bernard

Date : 3/7/2010

Lieu : Verbier (Suisse)

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Distance : 110km

Objectif : Terminer

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Le Trail Verbier St-Bernard 2010

Au programme du weekend : une longue balade en Suisse dans le canton du Valais. Le trail Verbier St-Bernard. Une balade de 110 km et 6900 m de dénivelé positif pour découvrir les Alpes version Suisse et papoter avec compère Biscotte.

« Premier ultra trail de plus de 100 km entièrement suisse. Avec plus de 96% sur chemins, le parcours emprunte les grands trekkings de la région et cumule un dénivelé positif de 6900m. Départ et arrivée dans la station de Verbier à 1500m d’altitude. Le tracé, typé montagne avec un fort dénivelé, joint les trois vallées de la Drance et symbolise ainsi un trait d’union entre ces entités géographiques. Pour les candidats aux premières places, c’est à la Fouly que la course débutera vraiment, à l’amorce des 1300m de dénivelé positif menant au col de Fenêtre (2698m). La dernière montée dans la forêt de l’Arbaray devrait réserver encore de belles surprises. Relativement technique et assez raide, ce sentier totalise un dénivelé positif de près de 1200m. Au sommet, la partie est quasiment gagnée : ultime effort en tentant d’allonger la foulée le long du bisse avant de plonger sur l’arrivée. Si les premiers admireront le massif des Combins, le gros du peloton aura déjà cumulé de nombreuses heures à la seule lueur des lampes frontales et bénéficiera ainsi d’une ambiance magique où étoiles et frontales mêlent leur lumière. »

Le début de ce récit : Le Trail Verbier St-Bernard, les 3 et 4 juillet 2010 - Première Partie

La fin du récit : Le Trail Verbier St-Bernard, les 3 et 4 juillet 2010 - Deuxième Partie


Un objectif : finir et cela suffira amplement à mon bonheur. Généralement, on dit cela après coup pour se trouver une excuse quand on a fait une performance voisine des racines d'une pâquerette en fin de vie mais là vous conviendrez qu'il n'y a rien dire, j'avais annoncé cet objectif dès le début de l'année …

Une estimation de temps : 26h20. Comme quoi les estimations ne sont que des estimations. Quelle tristesse d'être si lent !

Une mission de la dernière heure : l'ami Tercan que nous devions rejoindre à Verbier a déclaré forfait du fait d'une inflammation de l'aponévrose plantaire. J'ai décidé de lui faire une petite place dans mon sac et de l'emmener avec moi. Sa présence à mes côtés ne sera bien sûr qu'une vue de l'esprit mais cet acte symbolique sera une raison supplémentaire pour rallier l'arrivée. Je serai ses yeux, ses oreilles et ses jambes, le reste, je le garde pour mon usage personnel. Il sera mon cerveau de secours au cas où … Je l'appellerai à n'importe quelle heure du jour et de la nuit (ben oui quoi, t'étais pas au courant ?) pour qu'il me botte le cul si des idées d'ab... (le mot est innommable) me traversent l'esprit !

Ce CR t'es dédié l'ami. Voilà ce que mes yeux ont vu, mes oreilles entendu ...

La veille :

Nous avons fait le trajet pour nous rendre à Verbier la veille. Un voyage sans histoire en passant par Chamonix et le col des Montets pour éviter l'achat de la vignette autoroutière Suisse et parce que le paysage le vaut bien. Ma belle sœur m'a prêté son GPS. Hum, pas très au point le logiciel. Il ne semble pas distinguer les routes principales et les voies secondaires … Nous avons traversé Verbier « dré dans le pentu » en prenant les raccourcis les plus improbables et en choisissant en priorité des voies de desserte réservées aux bordiers (comprenez riverains.). Biscotte a même dû descendre de la voiture pour un passage rendu particulièrement étroit du fait de travaux sur la chaussée. A la recherche du gite perdu … A mon avis, les courses d'orientation, c'est pas pour nous !

Mais je m'égare, revenons à notre arrivée à Verbier. Il pleut. Le temps de se garer et il pleut même des cordes. Un vrai déluge et puis ça tonne en plus pour rajouter un peu de piment à la chose. Même pour se rendre au retrait des dossards : ça ne va pas être du gâteau et pourtant nous ne sommes pas bien loin. Je n'ose pas imaginer le côté plaisant de notre balade du lendemain si cette pluie battante s'éternise.

On profite d'un semblant de répit pour se décider. Le retrait des dossards a lieu sous un chapiteau qui servira pour le repas d'après course. Il y a un peu de monde mais rien de bien méchant. Il faut donner une caution pour la puce intégrée au dossard. Nous espérions pouvoir donner cette caution en euros. Ben non. Et c'est partie pour un footing d'entrainement impromptu à la recherche d'un distributeur de billet. Bon, ce n'est pas ce qui manque dans le coin. Me voilà de retour dans la file avec un billet suisse de 20 CHF flambant neuf, sésame obligatoire pour obtenir nos deux dossards.

Le contrôle du matériel est effectué avec toute la rigueur que l'on peut attendre de nos proches voisins. OK, nous sommes en règle et autorisés à prendre le départ de la course. Il nous reste à récupérer notre dossard, le ticket repas d'après course indispensable pour reprendre des forces après l'effort et un cadeau souvenir : une casquette aux couleurs de la course. Avec celle de la SaintéLyon, me voilà paré pour des années ...

Nous avons loué un gite chez l'habitant au chalet Tai Pan. Biscotte n'a pas semblé convaincu par les charmes de « The Bunker », un hôtel spartiate aménagé dans un ancien abri antiatomique ! Je ne peux pas lui donner totalement tort. Nous ne sommes pas de la même fibre que l'ami Karbone qui n'hésite pas à passer la nuit dans une 106 la veille d'une course comme la Montagn'Hard.

Le chalet est au cœur d'un petit lotissement. Il est accessible uniquement à pied par un petit sentier en pente. C'est une construction à deux étages. Le gite occupe la totalité de la partie basse et le logement de la propriétaire le premier étage (accessible également de plain-pied du fait de la pente).
Le gite est fermé et la propriétaire semble absente. Bien que la télé soit allumée et les fenêtres de l'appartement ouvertes, personne ne répond à nos sollicitations. Pour ne pas attendre idiot, nous décidons d'en profiter pour aller manger dans le centre de Verbier.

Les restaurants ont flairé les amateurs de bière que nous sommes et ont préparé un menu spécial coureurs, des pâtes quoi. Pas mauvais du reste mais j'ai tout de même trouvé la note un peu trop raccord avec le standing de la station. Cela dit le patron était sympathique et bon commerçant.

De retour au chalet, il n'y a toujours pas un chat. Il commence à faire nuit et je m'imagine déjà, ma vieille carcasse de quadra plié en quatre, coincé entre biscotte et les portières de mon break en train de chercher un hypothétique sommeil. Des néo disciples de Karbone en puissance !
Nous nous inquiétons même pour la propriétaire. Peut-être a-t-elle eu un malaise ? La porte de l'appartement est ouverte, nous entrons lentement … Il y a quelqu'un ? Oui ! Un chien ! Un repli stratégique des plus rapides s'impose. Heureusement l'animal, assez éloigné du teckel point de vue taille, est paisiblement endormi.

Un appel à madame Biscotte nous sortira de ce début de galère. Un mail de la propriétaire est arrivé entre temps, la clé du gite est sous un pot de fleurs … Un classique pourtant !
Ce petit incident est vite oublié. Le gite est spacieux, salon, cuisine, deux chambres, nous n'aurons même pas à supporter nos ronflements respectifs. Une bonne nuit de sommeil nous attend, réveil prévu à 3h30.

Le jour de la course :

J'ai dormi comme une souche. Le sommeil du juste. Nous avions trouvé à la cuisine quelques denrées qui devraient faire l'affaire pour notre petit-déjeuner mais nous avons eu la surprise de voir notre propriétaire malgré l'heure matinale. Elle nous a apporté un petit-déjeuner pantagruélique. Trois gros pains, quatre pots de confitures, du jambon fumé, du fromage, du jus d'orange et un bon café tout chaud. Un breakfast digne d'un sujet de Sa très Gracieuse Majesté. Normale, la propriétaire est anglaise.

Il est grand temps de nous rendre sur la ligne de départ. On quitte le gite pour s'enfoncer dans l'obscurité et rejoindre la voiture à la lueur des frontales. Trouver une place dans Verbier s'annonce difficile. Nous dénichons quand même un emplacement qui semble taillé sur mesure pour ma titine. Un véhicule se gare à ma hauteur. Le conducteur nous dévisage. « Bon, il est lourd celui-là. Qu'est-ce qu'il veut ? - Biscotte, dis-lui qu'on vient de se garer ... » Hum, finalement on va peut-être lui laisser la place. L'homme en question porte un uniforme et semble avoir l'amende facile. Mieux vaut se la jouer « j'avais pas vu m'sieur l'agent » et déguerpir. En bon latins que nous sommes, nous avons obtempéré sous la menace mais à moitié seulement en nous empressant de nous garer sur le parking réservé aux clients de la Migro, la supérette locale. C'est que nous n'étions pas vraiment en avance alors se rendre au parking à l'autre bout du village, plus le temps, désolé.

Nous arrivons quelques minutes avant le départ. L'accès au sas se fait après avoir été pointé. Un échange de regard avec un coureur. C'est Stéphane Abry, que je rencontre pour la première fois en chair et en os. L'ami Stéphane est coureur par passion, coach de profession mais avec tout autant d'ardeur et créateur du site Esprit Course qu'il faut consulter de toute urgence, si ce n'est pas encore fait, notamment pour ces interviews de coureurs. Ben oui quoi, je suis dans la liste … En tout cas, voilà une personne pour le moins dynamique et qui consacre une grande partie de son énergie à récolter des fonds pour la recherche et l'aide aux familles touchées par le syndrome de Poland.

L'heure du lâcher des fauves approche. Les organisateurs ont voulu donner une petite touche solennelle au départ. Thème musical de la course en boucle, discours à deux voix pour faire monter la sauce … Hum, difficile de s'empêcher de penser à un succédané de la grande sœur chamoniarde mais avec un peloton de 356 coureurs seulement et la foule en moins. Ca fait quand même un peu réduit comme grand messe pour donner dans le discours flonflon. Soyez naturels les gars, votre course a un potentiel ENORME, vous n'avez pas besoin de ça.

Un petit décompte et nous voilà partis ...

Verbier – Croix de Cœur
D+ : 990 m, D- : 307 m, Dis. : 9,74 km
D+ cumulé : 990 m, D- cumulé : 307 m, Dis. Cumulée : 9,74 km

Mieux vaut ne pas s'exciter au départ. Le profil de la course incite à la prudence. Les principales difficultés sont concentrés sur la deuxième partie de la course et il faudra arriver frais, très frais à la Fouly. Nous sommes partis en fin de peloton avec Biscotte, nous serons ainsi contraints à un départ prudents. On traverse le village puis le peloton s'élève peu à peu dans les alpages en laissant les lumières de Verbier derrière nous.

Après quelques lacets, le sentier pénètre dans la forêt par un chemin en balcon le long duquel a été creusé un petit canal pour recueillir les eaux de ruissellement. Les montagnards du Valais Suisse ont aménagé dans leurs montagnes des canaux amenant l'eau des hautes vallées vers leurs cultures. On les appelle des Bisses et parfois des Biefs. Tient, c'est justement le nom que l'on donne aux ruisseaux dans le Haut-Doubs ... C'est très agréable de courir sur ce sentier très souple et cette eau qui s'écoule à nos côtés apporte une petite touche rafraichissante plaisante à l'œil.

On quitte rapidement ce sentier en balcon pour tirer droit dans le pentu par un sentier beaucoup plus technique. J'aperçois Stéphane dans le groupe de coureurs qui nous suivent. J'étais persuadé qu'il était parti devant. Je constate que nous ne sommes pas les seuls à jouer la carte de l'économie dans cette première montée.

Nous quittons la forêt pour longer une barre rocheuse et poursuivre notre chemin par un sentier en crête toujours en montée bien sûr. C'est magnifique, le parcours met tout de suite la barre très haut quant à la beauté des paysages. C'est un régal d'autant que notre forme physique encore intacte nous permet de l'apprécier à sa juste valeur. Le jour s'est levé. Le haut des sommets est nimbé dans la lumière du soleil tandis que, derrière nous, le bas de la vallée est encore tapi dans l'obscurité.

La longue file de coureurs a dérangé une harde de chamois. Ils semblent vouloir rejoindre l'abri offert par la barre rocheuse, ils ne doivent pas se sentir en sécurité à découvert dans l'alpage. Certains profitent d'une trouée dans le peloton pour le traverser. D'autres nous font l'honneur d'une démonstration de descente droit dans la pente à une allure qui laisserait songeur le meilleur descendeur. Impressionnant, je me demande quelle est leur vitesse de pointe sur ce genre de terrain.

Après avoir franchi les uns derrière les autres un immense paravalanche nous arrivons aux premiers contreforts de la Pierre Avoi. J'ai adoré traverser cet amas rocheux et en émerger à l'est face au soleil levant.

Nous traversons le haut d'une station de ski avant de descendre sur le col de la Croix de Cœur, emplacement de notre premier ravitaillement. Notre dossard est équipé d'une puce électronique. Un bénévole nous pointe tour à tour avec un lecteur de puce portatif. J'imagine que l'appareil doit émettre ensuite immédiatement notre heure de passage au pc central.

Ravitaillement de la Croix de Cœur
Heure d'arrivée : 07h01, Temps de course : 02:01:15, Temps de pause : 8', Classement : 252

Je bois un verre de coca puis je vais remplir ma poche à eau. A chaque ravitaillement, les coureurs auront la possibilité de faire le plein avec de l'eau, de la boisson énergétique ou du sirop. Un coureur me demande de le prendre en photo puis c'est à mon tour de prendre la pose. Il veut enrichir sa collection de souvenirs de vacances avec un portrait d'Arthur. Un petit griffon peut-être ? Non, c'est bien sûr ? Biscotte soupire. C'est vrai que j'ai été un peu long mais j'ai dû m'y reprendre à trois fois pour la photo. Je n'appuyais pas assez fort sur le déclencheur. Aller, je n'ai plus qu'à vider l'air de ma poche pour éviter les glouglous et je suis à toi.

Croix de Cœur – Le Levron
D+ : 227 m, D- : 1090 m, Dis. : 11,41 km
D+ cumulé : 1217 m, D- cumulé : 1397 m, Dis. Cumulée : 21,15 km

On quitte le Val de Bagnes pour basculer sur le bassin de la plaine du Rhône. On emprunte une route en terre assez pentue qui descend dans la forêt. La descente s'avère désagréable. Je ne peux pas me lâcher dans la pente comme je le souhaiterais. Je sens une gène plus qu'une véritable douleur sur la face interne du genou droit. Les symptômes sont similaires à ce que j'ai ressenti après le Off du Nivolet. Tendinite de la patte d'oie. Bon, on verra bien comment ça évolue. En attendant, je me ménage en me retenant dans la pente avec les bâtons. Les bras sont en forme, autant qu'il servent à quelque chose.

On chemine maintenant le long du Bisse de Saxon. La vue est magnifique sur la ville de Saxon, proche voisine de Martigny. C'est curieux : le fond de cette vallée pourtant encaissée est totalement plat. Il n'y a pratiquement aucune maison sur les hauteurs. Le moindre espace à flanc de montagne est réservé à la culture de la vigne et des abricotiers. Je me souviens avoir contemplé cette vallée la nuit sur le tracé de la CCC. Les lumières de l'éclairage urbain traçaient dans l'obscurité d'immenses lignes droites parallèles assez surprenantes. J'ai appris plus tard que l'aviation militaire suisse avait effectué de nombreux essais d'atterrissage et de décollage sur autoroute, peut-être était-ce le cas sur la route de Simplon ou sur l'autoroute du Rhône ?

Emotion, je traverse mon premier torrent ... Le bruit de l'eau, sa fraicheur, je mouille mon buff au passage en évitant de me retrouver les quatre fers en l'air dans le bouillon, il y a un petit côté ludique à bien choisir ses rochers pour traverser à gué. Pas trop glissant, suffisamment stable ... je savoure ces moments.

Le sentier débouche sur une route goudronnée. Une des rares portions en bitume du parcours. C'est à nouveau le compteur de D+ qui égrène notre progression pour absorber cette petite bosse du col du Lein qui signe notre retour sur le Val de Bagnes, une courte anomalie avant la longue descente vers Sembrancher.

L'occasion de papoter avec d'autres coureurs. L'un deux a bouclé la première édition du trail Verbier St-Bernard en 29h en 2009. Cela ne semble pas satisfaire les espérances compétitives de l'ami Biscotte qui s'inquiète de sa position dans le peloton. L'homme en question ferait passer le plus bavard d'entre nous pour Bernardo. C'est encore plus motivant qu'une barrière horaire pour avancer. Bon, je plaisante. J'aurai appris de ce coureur qu'il ne faudra surtout pas sous-estimer la dernière montée après Lourtier mais tout cela me paraît encore bien loin ...

Ravitaillement de Levron
Heure d'arrivée : 8h40, Temps de course : 03:40:04, Temps de pause : 17', Classement : 238

Chemins et sentiers forestiers à nouveau retrouvés nous conduisent bientôt au second ravitaillement dans le village de Levron. Je me prépare à prendre une petite photo du ravitaillement avant de passer au pointage. Une bénévole recule pour me laisse le champ libre. « Mais non, revenez, c'est vous que je prends en photo ... » Pfft, c'est lourd un trailer.

On s'y perd un peu dans les dénominations des ravitaillements. Qu'ils soient liquides, légers, il y a finalement toujours de quoi manger. Celui-ci est d'ailleurs particulièrement fourni. C'est un cas un peu particulier, il est vrai, puisqu'en marge du ravitaillement à proprement parlé, des denrées sont vendus aux spectateurs mais offertes gracieusement aux coureurs. C'est une véritable débauche de gâteaux, tartes et autres préparations culinaires en tout genre qui s'étalent devant mes yeux.

Au lieu de lorgner sur les gâteaux (non, je ne regardais pas les jolies bénévoles, je le jure), j'aurais mieux fait de regarder un peu mieux les étiquettes sur les jerricanes. A la première gorgée, je m'aperçois que j'ai fait le plein avec de la boisson énergétique. Je n'ai rien contre un petit apport d'énergie mais je suis plus que méfiant quant à la préparation de cette boisson par des personnes peu au fait des dosages de ce genre de produits. Surtout avec la chaleur qui s'installe.

Si je bois de ce truc je vais rendre mon quatre heures et ça va me rendre bougon. Je m'empresse de refaire le plein avec l'eau fraiche de cette providentielle fontaine. Nous ne sommes qu'à une vingtaine de mètres du ravitaillement. Biscotte ne proteste pas pour ce temps de pause supplémentaire. Monsieur a besoin de mes services pour un début de momification à grand renfort d'Elastoplast. Et que je t'en colle partout dans le dos, en long et en travers.

Je profite de l'occasion pour enrouler autour de mes pouces un peu de bande autocollante. La sangle de mes bâtons me blesse régulièrement et j'ai oublié de me protéger avec du sparadrap ce matin.

Le Levron - Sembrancher
D+ : 20 m, D- : 610 m, Dis. : 5,5 km
D+ cumulé : 1237 m, D- cumulé : 2007 m, Dis. Cumulée : 26,65 km

L'Elastoplaste enroulé soigneusement autour de mes pouces s'est fait la malle sur le pont de bois en traversant la Drance. Il aura tenu 46 minutes en tout et pour tout. Et encore, j'ai dû le recoller plusieurs fois. Pas très efficace. Je vais devoir faire sans. D'ailleurs, je suis surpris, depuis que j'ai resserré un peu mes sangles le frottement semble avoir nettement diminué.

Que dire de cette portion ? Il nous faut traverser le fond de la vallée pour rejoindre le village de Sembrancher. Il y a une longue ligne droite, sur un chemin tout ce qu'il y a de plus plat, le tout en plein soleil et sans le moindre petit feuillu pour apporter un peu d'ombre au tableau. Elle semble bien longue cette portion, si longue qu'on espère se retrouver bien vite dans les hauteurs à crapahuter sur quelques monotraces ludiques à flanc de montagne.

Un passage sous-voie et un cheminement le long de la route du Saint-Bernard très fréquentée à notre heure de passage nous ramènent brutalement dans des paysages plus citadins. Cet intermède motorisé est heureusement de courte durée et nous bifurquons bien vite au cœur du village de Sembrancher.

Ravitaillement de Sembrancher
Heure d'arrivée : 9h42, Temps de course : 04:42:12, Temps de pause : 10', Classement : 261
Barrière horaire : 11h30, Marge : 1h48

Une première barrière horaire a été mise en place à ce ravitaillement. Elle est fixée à 11h30. Nous bénéficions donc d'une marge confortable malgré notre progression prudente pour ne pas dire lente. Nous ne trainons pas. Remplissage de la réserve d'eau, grignotage rapide et varié et c'est reparti. Dix minutes montre en main, pile poil dans la moyenne nécessaire pour un ravitaillement express.

Sembrancher - Champex
D+ : 826 m, D- : 73 m, Dis. : 7,38 km
D+ cumulé : 1237 m, D- cumulé : 2007 m, Dis. Cumulée : 26,65 km

On quitte les ruelles du vieux village par une montée assez rude. La suite du parcours sera moins raide et nous conduira à flanc de coteau jusqu'à Champex. J'ai du mal à suivre Biscotte. Je suis régulièrement à la traîne quelques dizaines de mètres derrière lui. J'ai chaud, bigrement chaud.
Nous sommes toujours ensemble en traversant le village de la Garde mais nous n'atteindrons pas ensemble le village de Soulalex. L'affreux jojo a profité de ma faiblesse pour un maravage en règle non déclaré. Voilà qu'il se met à jouer les Arthur !

J'ai apprécié l'eau fraiche qui coulait dans la fontaine du village. J'ai trempé mon buff dedans et je l'ai essoré au-dessus de ma tête pour faire descendre un peu ma température corporelle. Il faut dire que je lorgnais avec envie depuis un bon moment les nombreux arrosages automatiques rencontrés. Ils ne doivent pas manquer d'eau par ici pour arroser en permanence même de simples prairies.

Je me fais gober par quelques coureurs que je reprends plus tard. Les positions se stabilisent. J'ai trouvé mon rythme. Après une montée raide de chez raide en forêt on débouche derrière l'hôtel Splendide, un grand hôtel de Champex que l'on peut apercevoir de très loin sur son promontoire quand on vient de la Fouly.

Ravitaillement de Champex
Heure de départ : 11h31, Temps de course : 06:31:09, Temps de pause : 9', Classement : 253


Nous avons décidé de nous séparer avec Biscotte. Notre différence d'allure nous est préjudiciable (surtout à moi d'ailleurs) au risque de reproduire l'épisode UTMB 2009. J'aurais aimé pouvoir franchir la ligne d'arrivée bras dessus bras dessous avec l'ami Biscotte ou à défaut être dans la peau de l'homme fort de notre binôme comme l'année dernière mais non, je suis à la ramasse comme pour les Coursières. Absence d'euphorie, aucune énergie. La fatigue accumulée et la chaleur associée, à laquelle je suis très sensible, ont absorbé toutes mes forces.

Biscotte quitte le ravitaillement peu après mon arrivée. Je ne baisse pas les bras pour autant, la forme, ça va, ça vient. J'espère me refaire une santé et pourquoi pas revenir sur l'ami Biscotte. Une défaillance est si vite arrivée … Notre alliance ayant été rompue à son initiative, je n'aurai aucun remords si d'aventure je le trouvais assis sur le bord du chemin. Bon, je ne me fais pas trop d'illusions, il y a peu de chance que cela se produise. Je quitte le ravitaillement cinq petites minutes après lui.

Champex – La Fouly
D+ : 731 m, D- : 604 m, Dis. : 17,7 km
D+ cumulé : 2794 m, D- cumulé : 2284 m, Dis. Cumulée : 48,38 km

Je me retrouve seul sur les chemins qui mènent à la Fouly. Seul ? Pas tout à fait. Je reçois régulièrement des sms de mes compères et j'ai un Tercan dans mon sac pour me rappeler combien ma chance est grande de pouvoir gambader gaiement dans la nature ensoleillée. Je l'ai surnommé « the brain » car il m'envoie régulièrement des informations sur ma position, mon classement et des conseils qui sont toujours bons à prendre venant de quelqu'un de frais et dispo.

La nature ensoleillée n'est pas tendre avec moi. La chaleur m'accable. Je connais un cerveau tout disposé à m'encourager et à me soutenir, c'est dans son intérêt de toute façon s'il veut rallier Verbier. Histoire de me faire plaindre, je lui envoie un petit sms. Ce sera bien le seul que j'ai eu le courage d'écrire pendant toute la course. « Souffre de la chaleur mais je t'emmène au bout. Merci mon cerveau. » La réponse ne tardera pas m'intimant de mouiller le plus souvent possible ma casquette. Un cerveau et un vrai ange gardien ce Tercan. A défaut de casquette, tu peux être certain que j'ai souvent trempé mon buff dans l'eau depuis le départ.

D'ailleurs, le buff est un formidable textile pour la course. Je le mouillais puis l'enfilais à moitié sur la tête et laissais pendre l'autre partie sur la nuque, une saharienne en quelque sorte. Après un certains temps, la moitié au contact de la tête était sèche tandis que la partie au contact de la nuque restait humide et fraiche. Il me suffisait d'intervertir alors les deux côtés pour retrouver une fraicheur satisfaisante.

J'arrive à la Fouly. Enfin, j'ai cru arriver à la Fouly pendant un court instant. Mes neurones fatigués ont oublié qu'il fallait traverser au préalable le village d'Issert puis celui de Praz-de-Fort !
Sympathique cette traversée de Praz-de-Fort en compagnie d'un autre coureur. Nous avons été pris en photo par un villageois alors que nous prenions la pose, bras et tête levés vers le ciel, tandis que nous nous faisions rafraîchir par le jet tout en douceur d'un arrosage automatique.

Après les replats du glacier de Saleinaz, nous empruntons un sentier plus étroit sur une ancienne moraine glaciaire avant de reprendre notre route sur la rive gauche du val Ferret.

Il y a des passages qui me rappellent immanquablement des souvenirs de la CCC comme ce passage sécurisé par des câbles dans un couloir raviné par les eaux et peut-être par les avalanches l'hiver. J'étais passé là à la tombée de la nuit avec Line il y a deux ans déjà.

Le ciel s'est couvert. Le temps est en train de virer nettement à l'orage. On va quitter le fond de la vallée pour se balader en hauteur juste quand ça va craquer. Super la synchro.

Je commence à trouver le temps long, j'ai vraiment hâte d'arriver au ravitaillement, pour pouvoir manger, me changer, me refaire une santé quoi. Il me faudra la bagatelle de 2h36 pour faire l'étape Champex-La Fouly et voir enfin le bar restaurant des Glaciers bien connu des coureurs de l'UTMB.

Ravitaillement de La Fouly
Heure de départ : 14h38, Temps de course : 09:38:36, Temps de pause : 33', Classement : 224
Barrière horaire : 17h00, Marge : 2h22

Hé mais c'est l'ami Biscotte ! Ma joie est de courte durée. Non, je ne l'ai pas rattrapé. Il est au ravitaillement depuis un bon moment et s'apprête à le quitter. Il me fait part de sa déception quant à la qualité du ravitaillement avant de m'abandonner pour débuter l'ascension de la fenêtre du Ferret. Je vois, monsieur a bien trop peur de perdre son avance sur moi.

Le ravitaillement est situé sur la terrasse du bar. Quelques tables ont été réservées à l'usage exclusif des coureurs. Le reste de la terrasse demeure disponible pour la clientèle, probablement en grande partie des supporters et des accompagnateurs venus pour encourager leur champion. La tentation est forte de traverser la rue balise qui sépare ses « deux mondes » pour déguster une pression bien fraiche à l'ombre des parasols.

Effectivement, ce ravitaillement qualifié de « grand » sur le roadbook est pour le moins décevant. Je m'attendais à quelque chose de plus copieux, similaire à celui de Bourg St-Pierre. Qu'ai-je vu ? Une assiette avec quelques tranches de jambon blanc, un peu de fromage et des quartiers de pomme en phase d'oxydation terminale ... Je passe de côté les habituelles biscuits sucrés et salés. Bon, c'est une critique qui se veut positive.

Il y a un autre point pour lequel j'avoue ne pas être d'un grand enthousiasme : faire tenir le ravitaillement par des enfants. Il est certain qu'ils prennent à cœur d'exécuter du mieux possible cette mission de confiance qui leur est confiée. Ils jouent leur rôle à merveille. Si on se place du côté de l'intérêt des enfants, pourquoi pas, l'idée est bonne, formatrice et on peut y trouver un aspect éducatif certain. Pour ce qui est du plus apporté aux coureurs, je trouve cela nettement moins évident. Je ne pense pas qu'un enfant soit capable de la même empathie avec les coureurs qu'un bénévole adulte. Bon, ce n'est que mon ressenti, je m'en suis remis, j'ai survécu.

Les sacs coureurs intermédiaires sont disposés sous un marabout à l'autre extrémité. Je récupère le mien et vais m'installer sur une chaise à proximité des bénévoles en charge du pointage. Cela permet d'avoir quelques commentaires en live sur le déroulement de la course. Le ciel s'est couvert un peu sur les hauteurs. J'enfile mon t-shirt manches longues des Templiers et j'applique sur les pieds une épaisse couche de Nok. J'en profite également pour changer de chaussette. Pas de bobo aux pieds pour le moment, un léger échauffement tout au plus.

Aller, il est grand temps de continuer.

La Fouly – Col de Fenêtre
D+ : 1273 m, D- : 175 m, Dis. : 10,93 km
D+ cumulé : 4067 m, D- cumulé : 2859 m, Dis. Cumulée : 59,31 km

On emprunte dès la sortie du ravitaillement une route d'alpage qui monte en lacets à l'assaut de la pente. Il y avait un léger souffle d'air sur la terrasse du ravitaillement. Cette fraîcheur toute relative ressentie a malheureusement très vite disparu. La chaleur dans cette montée en plein cagnard me coupe les pattes. Je regrette d'avoir enfilé mon t-shirt manches longues et j'envisage bien vite de me changer. Mais voilà, j'ai fait une grosse erreur. J'ai oublié de prendre mon t-shirt de rechange dans mon sac. Je ne suis pas forcément très loin de La Fouly mais je ne peux pas me résoudre à faire demi tour pour redescendre, c'est au-dessus de mes forces. Je poursuis ma route relevant mes manches, ouvrant mon col au maximum et espérant que le ciel encore clément laisse rapidement place à la pluie, la neige ou tout du moins à un ciel un peu plus couvert. A vrai dire, j'espère surtout que l'altitude m'apportera un peu de la fraicheur désirée.

Après avoir atteint l'alpage de l'Arpalle, un sentier redescend progressivement sur Ferret. On ne prête guère attention à cette descente sur le profil de la course et pourtant c'est environ 150 m de dénivelé qu'il nous faudra à nouveau grimper. Puis c'est le Sentier des Bergers à flanc de coteau jusqu'aux Ars Dessus.

Je suis obligé de faire des pauses régulières pour récupérer. J'en profite à chaque fois pour prendre une photo et enregistrer une petite séquence de vidéo. J'aime regarder en arrière le chemin parcouru, chercher les méandres du sentier aussi loin que porte la vue. En étant suffisamment attentif, je peux découvrir la lente progression de coureurs encore très éloignés de moi. La distance ne représente pas grand chose ici. Dans combien de temps seront-ils ici ? 30 minutes ? Plus peut-être.

Je me fais rattraper et doubler régulièrement par des petits groupes de coureurs. Je ne cherche pas à m'accrocher préférant progresser à mon rythme. Et puis, je ne m'en sent probablement pas la capacité. Certains coureurs ont de terribles défaillances. Je les vois se laisser subitement décrocher, incapable de maintenir l'effort soutenu qui leur permettait de rester au sein de leur groupe. Leur allure chute considérablement et je les cueille alors tranquillement sans précipitation. Quelques mots de soutien, parfois un simple signe d'encouragement et une fois passé, je m'empresse de tracer une croix supplémentaire sur le flanc de mon sac. Il ne fait pas bon avoir une défaillance par ici. La montée sur les Lacs Fenêtres est un sacré morceau.

Le ciel est de plus en plus chargé, les nuages semblent s'accrocher aux sommets. Les couleurs estivales du paysage s'estompent, la palette de verts n'a bientôt plus sa place. Ici règne en maitre le minéral. De nombreuses plaques de neige émaillent le paysage. Je traverse mon premier névé. C'est impressionnant comme on sent la fraicheur montée de cette masse neigeuse. La température chute immédiatement de quelques degrés.

J'accède enfin à la région des lacs. Ils se nichent au fond d'un cirque montagneux. Sans les traces dans la neige et la rue balise fixée à intervalle régulier, on pourrait se sentir seul au monde. Les lacs sont encore en majeure partie gelés. En fondant, la glace s'est morcelée et a formé de gros blocs irréguliers donnant une impression de chaos. Je suis en train de traverser un névé en surplomb du premier lac et la pente, bien qu'assez douce, plonge droit dans ses profondeurs. En bordure, une eau d'un bleu presque laiteux apparaît. Elle doit être particulièrement froide et cela m'incite à la plus grande prudence. Je n'ai aucune envie de prendre un bain même si je succombais encore à la chaleur il y a peu.

Il devait y avoir ici même un ravitaillement tenu par des spectateurs et des supporters solidaires. Une grande première d'après le roadbook. Je n'ai pas aperçu la moindre boisson ni le moindre petit biscuit et encore moins une quelconque personne ne serait-ce que pour nous encourager. C'est un flop me semble-t-il au moins pour la fin du peloton. Il faut croire que nous ne faisons pas partie du spectacle.

De toute beauté cette traversée des Lacs Fenêtre. Cela méritait bien une grosse suée. La sueur, c'est de l'histoire ancienne désormais. Le ciel est totalement couvert et le tonnerre résonne sur les sommets tout proches tandis que je me dirige vers le col. Ca vire même carrément à la merdasse.

Les premières gouttes s'écrasent sur le sol et sur mon visage. De grosses gouttes froides qui s'infiltrent à travers les mailles de mon t-shirt. Je sens la fraicheur de leur contact sur ma peau. J'enlève mon sac précipitamment pour enfiler ma veste de pluie mais les choses s'accélèrent subitement, un épais rideau de pluie m'enveloppe, les quelques gouttes se transforment instantanément en une averse dense. Ma veste est pliée soigneusement dans sa poche dorsale comme c'était le cas pour les célèbres kway. Je peine à l'extraire de son habitacle. Mes gants me gênent et mon désir d'échapper au plus vite à la morsure de la pluie rend mes gestes fébriles. Je suis trempé. Je peux enfin enfiler ma veste ...

L'orage redouble de violence, les coups de tonnerre se succèdent, les impacts de la pluie se font plus fort. Au sol, la neige se couvre d'un fin granulé blanc. Il grêle. Purée, il ne manquait plus que ça ! Vite, il me reste à protéger mon portable. Je suis penché au-dessus de mon sac pour l'abriter du déluge, l'eau ruisselle sur ma veste. Je place mon portable dans un sac de congélation étanche. Heureusement que j'ai prévu ça dans ma liste car l'intérieur de mon sac me paraît tout aussi humide que l'extérieur. Je met en place la housse de protection intégrée au sac ... Bon, OK me voilà paré.
Un bruit assourdissant éclate à nouveau mais plus proche, plus impressionnant, comme s'il était situé au-dessus de ma tête. Je reprends ma route, il ne fait pas bon traîner par ici. Je n'ai pas envie de finir griller comme une merguez dans ce barbuc pour géant !

Col de Fenêtre
Heure de départ : 18h02, Temps de course : 13:01:57, Temps de pause : 1', Classement : 219


La silhouette que l'on distinguait en haut du col a disparu. Je progresse d'un bon pas vers ce point haut enneigé en maintenant un bon rythme pour me réchauffer. Je ne souffre plus de la chaleur, c'est le moins que l'on puisse dire. Les bénévoles en charge du pointage se sont réfugiés au sommet sous une tente. L'un d'eux en émerge pour me pointer. Il me souhaite bon courage et je ne peux que lui rendre la pareille. Ils ne doivent pas être à la fête ici !

Col de Fenêtre - Col du Grand St-Bernard
D+ : 140 m, D- : 369 m, Dis. : 3,2 km
D+ cumulé : 4207 m, D- cumulé : 3228 m, Dis. Cumulée : 62,51 km

La descente du col sera une longue fuite pour échapper aux éléments déchainés. Le chemin s'avère très vite peu praticable. Un chemin ? Quel chemin ? Ici, il n'y a que torrents, ruisseaux et terrains gorgés d'eau. Les rubans de rue balise attachés sur de petits piquets plantés dans le sol matérialisent une route qui me semble bien erratique. Je ne compte plus les traversées de torrents. Le tonnerre a coupé court à mes hésitations lors de ma recherche d'un premier passage à gué. Je me suis résigné à traverser les pieds dans l'eau jusqu'aux chevilles, préoccupé avant tout par le maintien d'un équilibre précaire sur les rochers rendus glissants par la force du courant plutôt que par la température de l'eau bien éloignée de celle de mon bain.

J'ai la surprise de découvrir que des skieurs de rando fuient également vers la vallée. Les plaques de neige sont certes encore nombreuses mais cela ne va pas tarder à s'apparenter à du ski nautique !Leur tenue semble plus douillette que mon t-shirt et ma couche plastique Quechua mais je ne les envie pas pour autant !

Je rejoins la route du St-Bernard. Il y a une petite maison en contrebas de la route. J'ai froid. J'ai repéré une petite avancée du toit qui devrait me permettre de me changer sous cet abri tout relatif. Surprise, il y a déjà quelqu'un ! Un italien transit par le froid est blotti dans un angle en attendant que l'orage se termine. Le dialogue s'avère difficile, je ne suis pas doué pour les langues en dehors de celle transmise par ma chère maman. A grand renfort de gestes, je finis par comprendre qu'il s'est abrité ici dès le début de l'orage et qu'il attend que ça passe tout en doutant fortement que ce soit le cas rapidement. Je profite de notre discussion sur la pluie et le beau temps pour me changer. Ma polaire est le seul vêtement en ma possession qui ne soit pas gorgé d'eau. Je délaisse mon t-shirt trempé au profit de cette douce chaleur. J'essore mes gants, renfile ma veste de pluie et présente mes salutations à l'hôte de ses lieux. C'est parti pour une remontée en direction du Col du Grand St-Bernard.

La différence d'équipement entre les coureurs rencontrés est stupéfiante. Certains toujours en short ne semblent pas souffrir du froid bien que la couleur rosée de leurs jambes les trahisse. En plus de la traditionnelle veste de pluie obligatoire (et c'est ô combien justifié), d'autres ont même revêtu des pantalons de pluie comme on peut en trouver dans les rayons randonnée. Pas simple de trouver le bon compromis entre le poids et le confort. Bah, une fois réchauffée par l'effort musculaire, l'eau retenue par les fibres de mon corsaire mouillé se fait finalement assez bien oublier. C'est le principe de certaines combinaisons de plongée, me semble-t-il. Le tout est de ne pas s'arrêter.

Ravitaillement du Grand Saint-Bernard
Heure d'arrivée : 18h59, Temps de course : 13:59:36, Temps de pause : 46', Classement : 216


Je longe le lac qui borde les Hospices sur un chemin qui domine la route, évitant tant bien que mal les innombrables flaques même si mes pieds n'ont plus rien à craindre de l'humidité. Ca y est, me voilà au ravitaillement du Grand St-Bernard. Un marabout pour s'abriter de la pluie, deux tables et quelques chaises, j'aurais apprécié quelque chose de plus cocooning en arrivant sur les lieux. On m'annonce que la course est neutralisée pour des raisons de sécurité. Je suis invité à me ravitailler puis à rejoindre une salle chauffée à l'intérieur des hospices en attendant les instruction des directeurs de course. La salle chauffée me semble aussi appréciable qu'une place au paradis. Avec l'arrêt, je me suis refroidi très rapidement et je suis pris de tremblements incoercibles. On me propose de prendre un bouillon bien chaud que je m'empresse d'accepter. Je suis obligé de m'assoir sur une chaise pour ne pas renverser le contenu du bol. Même sur la LyonSaintéLyon je n'ai pas tremblé autant au ravitaillement de Saint Genoux.

Un peu ragaillardi par la chaleur du breuvage, je pénètre dans les Hospices transformés en camp de réfugiés pour coureurs harassés. Des coureurs, il y en a partout ! Je traverse un couloir et pénètre dans une salle destinée à prendre des repas. La salle est bondée. La majeure partie de la pièce est occupée par des tables autour desquelles se sont regroupés les coureurs. Dans un coin de la salle trône un bar ou plutôt une banque alimentaire derrière laquelle des membres du personnel de l'Hospice s'affairent. On me propose de m'attabler et de boire un bouillon ou un thé. Ce dernier a ma préférence. Je profite de ce répit pour réorganiser un peu mon sac. Le bilan n'est pas réjouissant. Le contenu oscille entre humide et détrempé. J'isole ce qui peut être encore sauvé.

On nous annonce qu'un parcours de repli a été mis en place permettant de rejoindre Bourg St-Pierre sans passer par le Col des Chevaux et qu'une navette ne devrait pas tarder à arriver pour les coureurs désirant abandonner. Nous sommes invités à quitter la salle pour laisser la place aux clients des lieux qui vont prendre leur repas. Une autre salle est mise à notre disposition. Dehors la pluie continue à tomber de plus belle. Continuer dans ces conditions me semble si improbable que je m'attends à ce que tous les coureurs ici présents abandonnent. J'ai la sensation de vivre ces moments comme un spectateur extérieur à la scène, l'observant sans pouvoir influer sur son déroulement. Pourtant je ne suis pas encore décidé à renoncer.

J'entre dans cette nouvelle salle. J'y trouve à nouveau quelques tables, des coureurs dans l'attente et quelques secouristes. Je reconnais parmi les coureurs mon hôte italien qui a de toute évidence décidé de se risquer sous la pluie en quittant son abri. Je tourne la tête à gauche et découvre avec surprise Stéphane. Je ne m'attendais pas du tout à le trouver là. L'ami Stéphane a décidé de rendre les armes comme tous les autres dans cette salle. Plus le goût comme on dit ... J'aimerais l'inciter à reprendre la route mais je suis moi-même sur le fil du rasoir, trop usé physiquement et mentalement pour fournir cet effort de persuasion. Par esprit bravache, j'annonce tout de même ma décision de poursuivre la course sans en être moi-même pleinement convaincu.

La navette pour Bourg St Pierre est arrivée. Nous sortons tous de la salle. Je suis dans le couloir dans la file des coureurs avec cette alternative : poursuivre à pied ou en car. David, un anglais vétéran 3, est assis dans le couloir et range ses affaires. Nous échangeons quelques mots et quelques gestes ... Il a envie de continuer, moi aussi ... Tout est dit. J'ai trouvé mon homme et mon cerveau le déclic qu'il attendait pour se focaliser à nouveau pleinement sur la poursuite de la course. « Go David, Go ... ».
Nous passons le pointage, on nous annonce un temps d'1h30 pour rejoindre le prochain ravitaillement. Il m'en faudra 2h.

Col du Grand St-Bernard – Bourg St-Pierre
D+ : 365 m, D- : 1202 m, Dis. : 13,9 km
D+ cumulé : 4572 m, D- cumulé : 4430 m, Dis. Cumulée : 76,41 km

Nous sortons ensemble du bâtiment. Le froid me saisit mais je suis à nouveau motivé comme jamais. Le car est stationné là. Nous ne sommes que deux à continuer la course à ce moment-là. Les autres coureurs ont tous choisi de rentrer en car et ce dernier semble déjà bien rempli. Je passe devant en saluant ses passagers puis autant par défi que pour me donner du courage, je prend mon élan et fais un bond pour faire claquer mes talons l'un contre l'autre. L'abandon n'est pas au programme d'Arthur cette année ...

Avoir décidé de continuer m'a mis une pêche incroyable. J'enquille la descente comme jamais sautant de rocher à rocher, surfant sur les plaques de neige, coupant droit à travers flaques et ruisseaux. Mon compagnon de route a bien du mal à suivre, je ralentis régulièrement pour l'attendre. Il souffre de crampes mais garde le sourire. Je lui propose de l'homéopathie (sporténine) mais il a ce qu'il faut avec lui. Il me fait comprendre qu'il est préférable que nous allions chacun à notre rythme. Il a sans doute raison. Lors de cette ultime pause pour l'attendre, un couple de vétéran en t-shirt orange nous a rattrapés. J'ai demandé si tout allait bien pour eux compte tenu des conditions météo. « Oui, pourquoi voulez vous que cela n'aille pas ? » sur un ton que l'on pourrait qualifier d'un poil bourru. Oui effectivement, pourquoi donc ? On vient juste de se ramasser un bout de ciel sur la gueule, on patauge tous en cœur dans 10 cm de flotte, où est le problème ?

J'abandonne tout ce petit monde et reprend ma folle cavalcade. Un détail va vite me couper dans mon élan. J'ai beau aspirer sur la pipette de ma poche à eau, rien ne vient ! Quel con. J'ai passé plus de quarante minutes au ravito et je n'ai pas pensé un instant à faire le plein ! Pas terrible cette histoire d'autant qu'il fait nettement plus chaud en descendant dans la vallée, j'ai même dû tomber ma veste un moment plus tôt. Mon sauveur se présentera à moi sous l'apparence d'un campeur. Je l'ai pris au début pour un bénévole chargé d'un hypothétique pointage surprise. Faut dire que faire du camping avec toute sa petite famille par ce temps ... Bon cela dit je ne vais pas m'en plaindre, c'était même une très bonne idée finalement. L'homme m'a fourni de l'eau et un morceau de Toblerone. Qu'il soit béni lui et sa famille pour ces présents jusqu'à la énième ... aller, jusqu'à la génération qui lui conviendra le mieux, je ne vais pas être pingre. J'en vois qui esquisse un rictus au passage ... Non, je vous arrête tout de suite, ce n'était pas un ravitaillement hors zone mais un simple déplacement du ravitaillement spectato solidaire qui devait se trouver initialement aux Lacs de Fenêtre. Un petit coucou à madame et aux enfants, encore un grand merci à monsieur et je poursuis mon chemin.

Après avoir rejoint le parcours officiel, la cavalcade effrénée s'est muée en une allure plus propice à l'ultrafond voir à encore plus long. Il y a quoi au-delà du delà ? Je me fais rattraper par un premier couple non identifié que je nommerai couple X puis talonné par le couple aux t-shirts oranges que je nommerai couple orange pour la facilité du discours et ne pas citer de nom. Monsieur V3, madame V2 tous deux excellents randonneurs et qui me semblent avoir une expérience longue comme un jour sans pain pour ce genre de balade. Ils ont fait la presque totalité du parcours en marchant d'un (très) bon pas, gérant au plus juste les ravitaillements et me font penser, avec tout le respect que je leur dois, à la tortue de la célèbre fable tandis que j'endosse malheureusement le costume du lièvre avec mes ravitaillements à rallonge et mes emballements d'allures incongrus dans certaines descentes.

Je me laisse rattraper une première fois par mes poursuivants tout à fait volontairement. Je suis ce qu'on peut appeler un citadin avec un grand C mais je suis tout de même aller suffisamment à la campagne pour faire la différence entre une paisible vache et un taureau couillu. Il y a bien un truc qui pendouille là-dessous mais ça ne ressemble pas à des tétines ! Alors quand ce n'est pas une, mais tout un troupeau de ces charmantes bestioles noires comme un sombre présage, qui me font face sur le chemin, je remets au lendemain tout acte d'héroïsme. D'autant, que ces bestiaux trapus ont une paire de cornes que tous les cocus envieraient.
J'abdique, je range mon amour propre dans mon sac et m'insère entre les deux coureurs du couple orange sous un prétexte fallacieux pour franchir cette passe difficile. De toute évidence, le taureau suisse est du genre paisible ... mais je préfère qu'il embroche en premier un V3 expérimenté. Place au jeune que diable.

Après ce haut fait d'arme, je ne pouvais pas décemment quitter mes sauveurs immédiatement d'autant que se faire trainer est une pratique somme toute assez confortable. Je reprendrai les commandes plus tard après la retenue d'eau du Lac des Toules et je quitterai mes tortues oranges pour me laisser aller à un nouvel emballement dans la descente finale vers Bourg St-pierre.
La nuit tombera bien avant que je n'atteigne le ravitaillement. La nuit, tous les chats sont gris mais il me semble bien avoir rattrapé le couple X, vous savez, le premier couple rencontré ... Yes !

Ravitaillement de Bourg St-Pierre
Heure d'arrivée : 22h52, Temps de course : 17:06:13, Temps de pause : 46', Classement : 171
Barrière horaire : 2h00, Marge : 3h08


Il fait totalement nuit quand j'arrive au ravitaillement. Il y a quelques tables installées dehors sous des abris toilés, des personnes attablées se tournent vers moi et m'encouragent. Merci, cela fait chaud au cœur. Je suis rassuré, le ravitaillement est en fait installé à l'intérieur dans une salle. C'est vraiment appréciable de pouvoir se reposer au chaud. Enfin, voilà un ravitaillement suffisamment consistant pour me refaire une santé. Depuis le temps que je l'attendais mon plat de pâtes ! Dommage, il n'y avait plus de sauce, il ne fait pas bon être un traîne-savate. Bouillon, pâtes, coca et un thé bien chaud me remettront sur les cannes. Les bénévoles sont très prévenants, cela compense assurément la sauce. J'ai étalé mes petites affaires pour tenter de les faire séchés. Mission impossible, il y a des limites même avec des vêtements techniques. Côté pieds, les trempettes forcées dans l'eau glacée ont eu le mérite de stopper l'échauffement que je commençais à ressentir sous les coussinets. Une bonne couche de Nok ne sera pas du luxe. Par contre, je vous laisse imaginer l'apparence de ma peau avec ce séjour prolongé à l'humidité ! Et puis avec l'état de mes chaussettes, l'expression « baigner dans son jus » prend tout son sens. Incommodé par sa propre odeur, tous à vos masques !

Les oranges sont arrivés à leur tour suivi encore plus tard par mon « déclic » anglais. Mon ancien compagnon de route est en piteux état côté physique mais il garde toute sa tête. Pour se refaire un corps tout neuf, il décide de se laisser aller à une sieste réparatrice, un bénévole veillera au grain, il s'agit de ne pas louper les heures limites des barrières horaires. Une petite tape sur l'épaule pour l'encourager et il est temps pour moi de quitter les lieux.

Bourg St-Pierre – Cabane de Mille
D+ : 1038 m, D- : 190 m, Dis. : 11,56 km
D+ cumulé : 5610 m, D- cumulé : 4620 m, Dis. cumulée : 87,97 km

Il faut imaginer cette montée au col de Mille comme une succession de trois immenses arcs de cercle inclinés qu'il nous faut enchainer les uns après les autres. Au creux de chaque arc se niche un torrent qui gronde et résonne crescendo dans l'obscurité, au fur et à mesure de notre progression. Une fois franchie la difficulté du mieux possible, c'est-à-dire en évitant de se ramasser dans l'eau noire peu avenante qui s'écoule entre les pierres des gués, on s'éloigne peu à peu et le son s'atténue pour devenir bientôt un murmure ouaté.

Je devine plus que je ne vois la masse sombre de la montagne qui me domine sur la droite. A gauche, très loin en contrebas dans la vallée, les lumières d'un village, peut-être celui de Liddes, me rappellent la présence de mes semblables. La plupart doivent être endormis maintenant tandis que je crapahute seul sur ces sentiers montagneux. Par moment, les lueurs d'une lampe frontale apparaissent furtivement au loin. Ce n'est guère réjouissant car elles semblent toujours bien hautes par rapport à ma position actuelle. Il n'y a pas de secrets, pour atteindre les 6900 m de dénivelé, il faut monter ... et monter longuement.

Les deux loupiotes qui me pourchassent me travaillent beaucoup plus. Je soupçonne qu'elles appartiennent au couple orange et cela me dérange quelque peu. Amour propre oblige, je me suis affecté comme mission de rester en tête à tout prix. Je dis à tout prix mais dans les limites d'une saine concurrence sportive bien entendue. Je n'ai pas de pièges à loups sur moi de toute façon. J'ai beau y mettre toute ma meilleure volonté et une énergie raisonnable, je ne peux de toute façon pas faire plus, l'écart se réduit peu à peu comme une peau de chagrin. Bientôt, les frontales sont sur moi, leur halo m'éblouit avant que mes yeux s'habituent peu à peu à ce surcroit de lumière. Des visages marqués, rendus blafards par la lumière des LED apparaissent peu à peu. On échange quelques mots pour s'encourager et s'enquérir de la forme de chacun, un court intermède entre personnes partageant la même passion et puis chacun poursuit son chemin. Le couple X est à nouveau passé devant moi.

Nous sommes maintenant épargnés par l'orage mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Les éclairs jaillissent régulièrement plus à l'ouest, illuminant par instant les sommets montagneux. C'est féérique un orage quand on le voit de loin ...

C'est bien la première fois que je souffre du manque de sommeil pendant la nuit. J'ai des coups de pompe matérialisés par des absences comme si je faisais une partie du chemin en dormant ou tout du moins en progressant alors que ma conscience sommeille. Et puis, mon esprit reprend subitement les commandes, je suis alors plus attentif au chemin et chaque passage marquant s'inscrit dans ma mémoire d'une façon indélébile.

Ce manque de vigilance m'a valu de rebrousser chemin pour vérifier ma route. Les marques de peinture matérialisant le chemin de grande randonnée était bien présents mais je ne voyais plus aucune trace de peinture verte et encore moins les piquets soutenant la rue balise réfléchissante. J'étais incapable de me rappeler si j'avais croisé les balises en question quelques instants plus tôt. Dans le doute, il valait mieux vérifier. Il n'était pas question de perdre de vue cette ligne de vie lumineuse, je n'avais pas envie de rallonger la sauce comme aux Coursières. Fausse alerte mais qui n'allait certainement pas arranger mes affaires avec mon challenge orange.

Pour éviter des divagations nuisibles à mon esprit (on ne progresse pas beaucoup en faisant des aller retour), j'ai essayé de faire des micro-siestes sur le bord du chemin. Je faisais coïncider celles-ci avec mes ravitaillements. Je me choisissais un rocher 3 étoiles, confortable et douillet, et je commençais par déguster lentement une barre de céréale ou un gel, puis la tête blottie entre les bras, je faisais le vide et relâchais au maximum ma musculature. Ce simple relâchement de quelques minutes était incroyablement efficace dès lors que je reprenais la route.

A l'occasion d'un mini dodo, je me suis fait rattraper par un coureur solitaire. J'ai fais le yoyo avec lui et deux autres coureurs que nous avons rattrapés par la suite. Toujours pas d'orange en vue. On aperçoit très tôt les lumières de la cabane de Mille. On croit pouvoir la toucher mais on s'en éloigne pour un dernier arc de cercle. C'est long. Ces lumières approchées sans être jamais atteintes, ça a quelque chose de cauchemardesque. Il ne faut surtout pas se focaliser dessus et vouloir les atteindre avec trop d'empressement. C'est le meilleur moyen pour se casser le moral. Mieux vaut prendre son mal en patience et profiter du calme et de la sérénité que l'on ne manque pas de ressentir lors de ce long cheminement nocturne.

Je mets pieds sur une crête balayée par les vents, quelques drapeaux plantés là à la gloire des sponsors de la course claquent et vrombissent dans la nuit, la rue balise tendue à rompre par les éléments forme un couloir qui guide mes pas vers les lumières toutes proches de la cabane de Mille, seule trace attestant de la présence de l'homme dans ce paysage désolé.

Ravitaillement de la Cabane de Mille
Heure d'arrivée : 02h25, Temps de course : 21:25:35, Temps de pause : 16', Classement : 157


Encore une centaine de mètres et j'arrive au ravitaillement. Il est à l'extérieur cette fois mais abrité efficacement du vent sous une toile de tente à proximité du refuge. L'accueil est chaleureux. Il y a là deux bénévoles ainsi que trois personnes dont je n'ai pas trop compris la présence. Spectateurs, randonneurs noctambules hébergés au refuge ? Je suis assis sur un banc en train de siroter un bouillon à moins que ce ne soit un thé, mes souvenirs s'effilochent déjà ! Comme à chaque ravitaillement, je ne manque pas de soulager mes pieds avec une bonne dose de Nok.
Mes compagnons yoyo sont arrivés peu à peu puis c'est le tour du couple orange. Argh, il est temps de partir ...

Cabane de Mille – Lourtier
D+ : 78 m, D- : 1484 m, Dis. : 10,88 km
D+ cumulé : 5688 m, D- cumulé : 6104 m, Dis. Cumulée : 98,85 km

Il faut repartir en sens inverse, ce qui explique certainement la profusion de rue balise à cet endroit, avant de basculer sur la gauche pour attaquer la longue descente sur Lourtier. Quand même près de 1500 m de dénivelé négatif que les cuisses et les genoux vont devoir encaisser sans broncher. Négatif, tu m'étonnes qu'elle va être négative la descente pour mes pauvres guiboles !

Je n'ai pas énormément de souvenirs de cette descente sur Lourtier. Je me rappelle l'avoir effectuée en partie avec mes yoyos habituels. La pente atteignait parfois un fort pourcentage notamment dans la forêt de la Perche. En me laissant aller pour prendre un peu de vitesse, j'ai glissé plusieurs fois, me rattrapant in extremis, la douleur m'arrachant quelques jurons de circonstances mais avec un minimum de discrétion. Je m'en serais voulu de choquer quelques oreilles suisses.

Du haut des alpages, le regard embrasse une bonne partie de la vallée. Il y a beaucoup de lumières réparties en paquets plus ou moins lumineux. A chacun de ces groupes correspondent des villages. Lequel est Lourtier ?

J'ai repéré le ravitaillement grâce à une de ses immenses boules lumineuses qui servent aussi bien à éclairer un large emplacement qu'à faire de la pub pour telle ou telle marque. Les maisons alentours grossissent peu à peu au fur et à mesure de ma progression. Une lente progression en alternant marche et course, peut-être plus marche que course d'ailleurs. Le couple orange me talonne à nouveau à quelques encablures. Le jour se lève, j'arrive à Lourtier à temps pour l'heure du café.

Ravitaillement de Lourtier
Heure de départ : 6h00, Temps de course : 25:00:03, Temps de pause : 23', Classement : 143
Barrière horaire : 9h00, Marge : 3h00


La nuit a dû être longue pour les bénévoles, ils me semblent bien fatigués, quelque peu avachis sur leurs chaises derrière la table du ravitaillement. Je me fais servir un café et prends une petite réserve de gâteaux avant d'aller m'asseoir sur les bancs disponibles. Une nouvelle journée débute, un bénévole démonte la lampe que j'ai repérée dans la pénombre quelque temps auparavant. Le couple orange est arrivé et se restaure à proximité. Déjà une bonne demi-heure de retard sur mes prévisions les plus optimistes et je suis loin du compte si j'en crois les commentaires décrivant la montée à La Chaux, dernière difficulté au menu. Un truc similaire dans l'esprit à la montée de la Flégère à l'UTMB. Cela promet quelques moments délicats à passer. Il ne fait pas bon être cuit à Lourtier.

Lourtier – La Chaux
D+ : 1146 m, D- : 20 m, Dis. : 4,88 km
D+ cumulé : 6834 m, D- cumulé : 6124 m, Dis. Cumulée : 103,73 km

Le couple orange quitte les lieux avant moi. On ne peut décidément pas se la jouer cool et piquer un p'tit roupillon tranquille. Je suis en train de me faire bouffer tout cru par mon couple de tortues !

Je quitte à mon tour le ravitaillement bien décidé à ne pas finir en salade. La grimpette ne fait pas dans la dentelle, on tire tout droit dans la pente histoire de se rapprocher au plus vite du mur qui va nous occuper ce début de matinée.

Le mur en question est un régal pour un coureur en pleine possession de ses moyens. Imaginer une monotrace étroite formant d'innombrables petits lacets dans une pente de folie abritée des ardeurs du soleil par les frondaisons. Bertone ! Oui c'est cela, je me revois dans cette terrible montée au refuge Bertone l'année dernière. Une orgie de lacets, un cagnard sans pitié, les similitudes sautent aux yeux. A une différence près, il n'y a pas de refuge à la clé pour clore ce long calvaire musculaire. Ca ne se termine jamais, on espère par moment tirer à gauche, contourner la difficulté par un cheminement en balcon mais non à chaque fois le chemin repart à l'assaut de la pente et s'élève à nouveau rapidement.

J'espérais pouvoir terminer la course avec ma polaire. Aussi fine soit-elle, je ne pourrai de toute évidence pas la supporter encore bien longtemps. La chaleur se fait de plus en plus présente et est grandement renforcée par l'intensité de l'effort dans la pente. Je dois me résoudre à renfiler mon t-shirt toujours aussi trempé depuis l'orage de la veille. J'aurais dû le faire sécher pendant la nuit accroché à mon sac mais la place était déjà prise par ma veste de pluie et je m'imaginais arriver à Verbier aux premières lueurs ... Ouaf ouaf ! L'effet est on ne peut plus rafraichissant voir réfrigérant !

Le couple orange a fait une pause pour se ravitailler. C'est bien la première défaillance que je constate chez eux depuis que nos routes se croisent. La salade reprend les commandes. Je ne peux décemment plus me comparer à un lièvre tant je semble scotché au terrain. Et puis mon genou droit me fait un peu souffrir. Pas énormément c'est vrai mais j'appréhende de le solliciter autant que la pente le nécessiterait. Pour l'économiser, j'ai tendance à utiliser surtout la jambe gauche.

La dernière partie dans les alpages est un régal, on découvre avant même d'avoir franchi la lisière de la forêt que les réjouissances sont loin d'être terminées. Le mur se poursuit encore et encore, plus ou moins velu mais tout aussi impressionnant quand je vois au loin, bien plus haut, les silhouettes minuscules des quelques coureurs qui me précèdent.

Après avoir avalé une ultime bosse, la pente s'adoucit et le chemin ménage enfin nos organismes fatigués. La sonnerie du téléphone retentit. L'ami Biscotte est arrivé. Après avoir repris du poil de la bête, le remords l'a envahi et il s'enquiert enfin de l'état de son compagnon à deux pattes abandonné sur le bord de la route. Ce n'est pas encore aujourd'hui que l'on franchira bras dessus bras dessous la ligne d'arrivée d'un ultra. Pfft ...

Ravitaillement de La Chaux.
Heure d'arrivée : 8h26, Temps de course : 27:26:13, Temps de pause : 10', Classement : 141


J'arrive au dernier ravitaillement. Il est installé sur un chemin carrossé à proximité de remontées mécaniques. Quand je pense que cet enfoiré de Biscotte m'a fait croire qu'il me faudrait atteindre l'ultime pylône du télésiège qui disparaît au sommet des pistes avant de basculer sur Verbier ! Je cherche mes mots, comment qualifier pareil coup pendable et quel châtiment lui réserver ... La pendaison ? L'écartèlement ? L'empalement ? Trop doux ... Le priver de trail ? Trop dur ... Je trouverai bien, il ne perd rien pour attendre le bougre.
Encore inconscient de cette forfanterie, je reprends des forces assis sur une chaise, devant la table de ravitaillement en buvant du coca et en réveillant mes papilles gustatives à grand renfort de chocolat. Etait-il Suisse au moins ? En tout cas, la halte est plaisante, on domine la vallée depuis ce point de vue et le regard porte loin. Le couple orange repartira à nouveau avant moi du ravitaillement !

La Chaux - Verbier
D+ : 70 m, D- : 780 m, Dis. : 6,81 km
D+ cumulé : 6904 m, D- cumulé : 6904 m, Dis. Cumulée : 110,54 km

On quitte le ravitaillement par le sentier du Bisse. Je profite de cette partie plane pour solliciter des qualités de coureurs bien peu exploitées pendant cette balade. J'ai l'impression d'avoir beaucoup marché ! Cette relance me permet de me dépatouiller une bonne fois pour toute de mes challengers orangés. Non mais ...

Un petit lacet en montée me fait penser que l'ultime grimpette le long des pylônes du télésiège décrite par Biscotte a enfin commencé mais la supercherie éclate bientôt à mes yeux ! « Oh, l'enfoiré ... » J'avoue avoir été quelque peu soulagé en découvrant que l'on basculait directement sur Verbier ! Enfin, quand je dis directement ... le final m'a quand même occupé plus d'1h30. Une paille ! Il semble encore bien petit le centre sportif de Verbier à ce moment-là.

Toute chose à une fin, j'arrive enfin à Verbier. La délivrance est pour bientôt. Mais non, que dalle ! Me voilà perdu au milieu d'un chantier à chercher des traces vertes. Une petite montée d'adrénaline, je m'imagine déjà grillé sur la lignes par mes deux tortues. Tient une flèche verte au sol ... Ouais, c'est vert mais ce ne sont pas les jolis petits ronds habituels. Me voilà perplexe, c'est peut-être un balisage pour les vététistes en nombre dans la station. Une piste verte pour les débutants ? Il est pas bien frais le père Arthur ! Mes quelques neurones survivants finissent par me remettre sur les rails.

Je me rapproche du centre du village. L'arrivée du trail ne semble pas avoir déplacé les foules mais il y a quand même quelques spectateurs et des passants qui m'encouragent et applaudissent lors de mon passage. Je suis sur un petit nuage. Ces moments savoureux à l'approche de l'arrivée sont si fugitifs qu'il faut en savourer chaque précieux instant. Je longe des boutiques, évite les terrasses et me faufile entre les badauds en trottinant gentiment. Je traverse prudemment une rue et je pénètre dans le couloir de l'arrivée. Un petit virage à gauche et l'arche se dresse devant moi. Purée ce que c'est bon d'arriver.

Histoire de finir en beauté, je renouvelle le petit saut sur le côté pour faire claquer les talons. Bon, il faudra que je le refasse deux fois, le photographe a insisté, il m'a raté à la première tentative ! Biiiip. Le dernier pointage est effectué, 29 heures après le départ de la course. Ca y est, je l'ai fait. Je suis finisher du trail Verbier St-Bernard !

Comatage d'après course

Cette canaille de Biscotte est dans le sas d'arrivée. Faux frère, tu n'as pas trop souffert de bourdonnements et autres sifflements dans les oreilles ? Parce que je t'ai gentiment béni en cherchant les pylônes sur le bord de mon chemin. Bravo mon poulet pour cette belle course comme quoi quand tu veux ... :mrgreen:

Le photographe me fait prendre la pose devant un poster de la course puis on me remet mon cadeau : un t-shirt technique manche longue Columbia qui vient compléter à merveille mon matériel. Me voilà équipé pour la mi-saison.

Alors que nous étions en train de déguster le repas d'après course et de nous réhydrater avec la traditionnelle bière d'après course, nous avons assisté à l'arrivée du couple orange. J'ai vengé le lièvre et réussi à faire la nique à la fable mais c'était loin d'être gagné et à défaut d'avoir eu le temps de féliciter sur place mes deux tortues (ils sont partis immédiatement), je m'empresse de le faire maintenant par écrit. Toutes mes félicitations à vous deux.

Une fois repu, je suis allé prendre une douche au centre sportif. Avec 3h d'avance sur moi, Biscotte a eu tout le temps nécessaire pour m'accueillir frais comme une rose à l'arrivée. Pas sûr qu'il me reste de l'eau chaude d'ailleurs ... J'arrive trop tard pour me briquer sous les douches des hockeyeurs fermées entre temps mais celles de la piscine attenante feront l'affaire. En sortant de la douche, j'ai la bonne surprise de voir arriver David, l'anglais rencontré au Grand St-Bernard. Tope là, l'ami, je suis vraiment heureux que tu ais également terminé ce périple. C'est un peu grâce à toi que j'ai eu le courage de repartir sur mes deux jambes après l'épisode orageux de la Fenêtre du Ferret. Merci à toi.

Un gros regret. J'ai complétement zappé que Jean-Luc Ridet (coureur d'ultra en tout genre et accessoirement masseur thérapeute et coach sportif) était également à Verbier pour faire bénéficier aux coureurs de sa science du massage. Pourtant, j'en aurais bien eu besoin !

Histoire de reprendre la route dans de bonnes conditions nous sommes allés faire une petite sieste au bord de l'eau. 3 heures à faire la fête à Morphée allongés sur les sièges de la voiture. Je me serais probablement laissé tenter par une petite heure supplémentaire mais j'ai eu pitié de la Biscotte qui n'arrivais pas à dormir. Trop chaud, trop de bruit. Il était dérangé par le doux bruit de l'eau à moins que ce ne soit par les quelques ronflements d'un Arthur assoupi. C'est vrai aussi qu'il était temps de clore le weekend. Je débutais mes vacances mais l'ami Biscotte devait se lever aux aurores le lendemain et se rendre au boulot en vélo ! J'envisageais pour ma part une toute autre forme de récupération.

Avant de quitter la Suisse, nous avons acheté une barquette d'abricots du Valais, une petite contribution à l'économie locale et une manière agréable de dépenser nos derniers francs suisses. Le retour par Chamonix s'est fait sous la pluie, le weekend s'est terminé comme il a commencé mais purée entre les deux j'en aurai vraiment pris plein les mirettes.

Conclusion

J'avais prévu un temps de 26h20 en début d'année puis de 24h après les Coursières ... J'en suis bien loin, le chrono n'est pas à la hauteur de mes espérances mais qu'importe, je suis vraiment très satisfait d'avoir pu rejoindre la ligne d'arrivée.

J'ai bien failli rendre les armes au Col du Grand St Bernard ... Se prendre un orage de grêle à 2700m d'altitude sur un névé est relativement vivifiant. Je n'ai même pas eu le temps de sortir ma veste que j'étais trempé jusqu'aux os ! Sans compter le risque de se prendre la foudre. Et que dire des traversées multiples de torrents en cru avec de l'eau jusqu'aux chevilles ! Il y a eu beaucoup d'abandons à ce moment de la course mais j'ai eu la chance de passer au travers probablement en partie grâce à ce coureur anglais rencontré. La descente du St Bernard en direction de Bourg St-Pierre dans les chemins transformés en torrent et sur les névés transformés en piste de luge a été curieusement un des moments que j'ai le plus apprécié.

Mais pourquoi donc ce surcroit de temps ? J'ai ressenti des douleurs dès la première descente dans la jambe droite et notamment au niveau du genou. Dans les montées, la chaleur me clouait littéralement au sol. Je suis très sensible aux températures excessives, avec le manque de lucidité, je vais d'ailleurs faire l'erreur d'oublier mon t-shirt manches courtes à la Fouly, ce qui ne va pas arranger les choses. Bref, je suis bien en-dessous de mon allure dès la seconde montée.

J'ai perdu énormément de temps au Grand St Bernard ... Il faut s'imaginer arriver tremper jusqu'aux os (sac compris) de la tête aux pieds, par une température qui n'a plus rien de caniculaire, dans un lieu surchauffé où des gens vous servent un bouillon bien chaud ... Très difficile mentalement. J'ai mis du temps à me refaire une santé, à réorganiser mon matos et à trouver les ressources mentales nécessaires pour m'extraire de ce piège.

Ne pas atteindre Bourg St-Pierre avant la nuit m'a fait perdre à nouveau beaucoup de temps. C'était très difficile de courir la nuit, je trottinais parfois mais l'allure correspondait plus à une marche rapide. Ce n'était pas le lendemain pour la fin du parcours que j'allais refaire mon retard ... J'étais surtout occupé à gérer la fatigue avec l'objectif d'arriver au bout.

J'ai passé un temps de 3h38 cumulé pour les 10 ravitaillements. J'estime qu'un temps de 2h20 aurait dû être suffisant. Difficile de faire moins. Il faut compter 10 minutes par ravitaillement et 30 minutes aux ravitaillements de la Fouly et de Bourg St-Pierre. Déjà 1h18 de gagner pour la prochaine fois ...

J'ai l'impression de manquer de fraîcheur physique et de ne pas être à 100% de mes capacités depuis l'Ultra des Coursières. Un peu comme si le moteur tournait sur 3 cylindres. J'ai coupé complétement pendant deux semaines après Verbier, j'espère que cela suffira pour me remettre sur les rails.

Et pour la course elle-même ?

Le Trail Verbier St-Bernard est une course monstrueusement géniale. Il ne faut pas sous-estimer la difficulté du parcours. Il y a de quoi faire une overdose de lacets dans la dernière montée après Lourtier.

Les paysages sont somptueux. Je me suis arrêté plusieurs fois pour en profiter, assis sur un rocher, scotché face à la beauté des montagnes qui m'entouraient. J'en avais des frissons de plaisir/émotion similaire à l'effet que que l'on peut avoir en écoutant un morceau de musique favori. Le truc qui te prend aux tripes ... bon j'étais aussi scotché par la fatigue !

Le balisage est parfait et très facile à suivre même la nuit. C'est appréciable quand on chemine longuement tout seul et puis quelle bonne idée d'avoir dessiné le profil de la course sur le dossard.

Je n'ai pas compris l'intérêt du sac coureur à la Fouly. Je pense qu'il vient beaucoup trop tôt dans la course. Il serait beaucoup plus utile de bénéficier d'un change à Bourg St-Pierre avant la nuit. Un ravitaillement chaud à la Fouly équivalent à celui de Bourg St-Pierre serait un plus indéniable à mon sens. J'ai trouvé cela vraiment léger mais peut-être suis-je passé à un mauvais moment ? C'est bien là le seul reproche que j'ai à faire aux organisateurs. Je ne peux que vous recommander chaudement d'inscrire le Trail Verbier St-Bernard à votre agenda.

@rthurbaldur.

7 commentaires

Commentaire de DROP posté le 26-07-2010 à 14:19:00

Immense respect pour avoir terminer cette course.
Merci pour le super CR.

Commentaire de millénium posté le 26-07-2010 à 15:40:00

un immense merci pour ce récit fort interessant. Et un BRAVO non moins grand pour cette perf !!!

Commentaire de arthurbaldur posté le 28-07-2010 à 09:01:00

Merci. En vous lisant, j'étais en train de me demander si j'en avais plus chié pour la course ou pour le cr ... :)))

Commentaire de tidgi posté le 04-08-2010 à 19:24:00

Bravo pour ta course mon grand.
Une inoubliable expérience je suppose...

En te lisant, ce que nous avons vécu aux Coursières, c'était une "petite rando entre amis".
Merci pour ton récit.

Commentaire de coach Jack posté le 09-08-2010 à 11:44:00

Magnifique course, ça donne envie ! Quelle leçon de courage et que dire du récit ... la CLASSE
A ton prochain CR ou peut-être sur une course
Jack

Commentaire de arthurbaldur posté le 10-08-2010 à 16:41:00

@Tidgi
Merci m'sieur.
Inoubliable expérience comme tu le dis. Le côté "inoubliable" est probablement en rapport avec la durée de l'épreuve ... Tu as le temps de vivre tout un tas de trucs (plus ou moins) sympathiques en 29h !

Commentaire de arthurbaldur posté le 10-08-2010 à 16:48:00

Leçon de courage ? Bon faut relativiser les choses, comme dit ma femme, personne ne m'oblige à aller gambader des heures dans la montagne pendant que les gens "normaux" dorment. C'est avant tout un plaisir. :)

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