Récit de la course : Trail des Citadelles - 40 km 2010, par Tomcat

L'auteur : Tomcat

La course : Trail des Citadelles - 40 km

Date : 4/4/2010

Lieu : Lavelanet (Ariège)

Affichage : 2651 vues

Distance : 40km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Le récit

Je l’attendais depuis longtemps ce trail de 40 km ! C’était même mon premier véritable objectif de l’année. 40 km, je n’ai jamais parcouru une telle distance. Ajoutés à ces 40 km, 2000 m de dénivelée, sans forcément me faire peur, n’étaient pas pour me rassurer.

Mais bon, fort de mes 500 km d’entraînement depuis janvier, de mes temps très encourageants sur les deux 10 km auxquels j’ai participé en mars (Blagnac et Montauban), j’y allais assez serein sur mes capacités à encaisser la distance.

J’ai même eu la faiblesse de me fixer deux objectifs : parcourir la distance en moins de 6 heures et entrer dans les 125 premiers. Des deux objectifs, en vérité seul le premier me semblait à portée : le trail des Citadelles, notamment le 40 km, attire des concurrents de toute la France. Le niveau allait être élevé comparé au mien, beaucoup plus modeste.

Et puis, pour une fois, je n’y suis pas seul sur la course. Lionel aussi est inscrit, sur la même distance. Certes, il s’est un peu moins entraîné que moi, mais son passé de grand sportif et de cycliste plaide pour lui. Il n’est cependant pas très optimiste et se réserve la possibilité de bifurquer par le circuit du 20 km s’il ne se sent pas en cannes. Le connaissant, je me dis qu’il aura du mal à ne pas faire le 40 km, même à l’agonie !

Après une nuit relativement courte (moins de 6h de sommeil), on se lève à 4h15. Petit dèj’ (pain d’épices, Gatosport amende pour moi, truc bizarre de chez Aptonia pour Lionel) et on prend la route à 5h. Lavelanet est à 1h45, on y arrive peu avant 7h. On récupère nos dossards : le 589 pour moi, le 911 pour Lionel.

D’emblée, j’aime beaucoup mon numéro de dossard : 589, ça pourrait être 5 comme mai (mois de naissance) et 8*9 = 72 comme mon année de naissance. De bon augure donc !

Quant à Lionel, on croise les doigts pour que ce ne soit par son 11 septembre (9-11 –lire « naïne ilèveunh », comme disent nos amis outre-Atlantique) à lui !!!

Nos dossards en poche, on part se préparer. La Clio est un peu petite comme vestiaire mais il fait froid dehors. De la crème sur les pieds, de l’huile sur les cuisses, les chaussettes, le caleçon long, le tee-shirt manches longues, le tee-shirt manches courtes par dessus (c’est ma petite touche perso) sur lequel j’épingle mon 589, les chaussures, tout va bien. Je vérifie que tous mes gels sont dans le sac et les petits compartiments adéquats, que j’ai bien ma boisson isotonique, le profil du parcours, les gants au cas où, le coupe-vent parce que le temps n’est pas au plus beau. J’avale mon premier antioxydant de la journée et en route pour rejoindre la tente de départ où nous sont données 5 minutes avant, à Lionel, moi et aux quelques 420 autres trailers, les dernières consignes. Pas très emballantes d’ailleurs, les consignes : « Bon, jusqu’à hier, les sentiers étaient un peu trop secs et ça ne me plaisait pas trop. Heureusement il a plu toute la nuit, vous aurez donc de la gadoue tout le long ! Faites quand même attention à vous, c’est vraiment glissant par endroits. » Ok, on est prévenus !

Et c’est parti... Je déclenche mon Polar et on file à petites foulées vers la première difficulté, la montée au château de Montségur. Lionel y va cool, il n’est pas très en forme. Je décide aussi de partir prudemment, je ne veux pas me griller dans cette partie que je connais. Les quatre premiers kilomètres ne montent pas trop mais ils sont effectivement bien humides. On doit même faire attention à ne pas glisser pour ne pas se rétamer sur les fils de fer barbelés délimitant les parcelles agricoles.

Arrive le premier raidard au terme de ces 4 premiers kilomètres. Lionel est déjà derrière moi. Je grimpe en surveillant mon cardio, régulièrement, sans pousser. Ca ne m’empêche pas de dépasser nombre de coureurs mais je ne veux pas m’enflammer. Je temporise, la course sera longue, j’ai encore 36 km à parcourir.

6ème km, c’est la crête de Madoual puis les ruines de Péchiquelle. Une descente et là, pareil, je ne m’emballe pas. Il faut dire aussi que la descente, ce n’est pas mon truc. Le plus dur est à venir, la terrible montée vers Montségur, où je croiserai forcément les premiers à redescendre et à la descente les derniers à monter. Je regarde ma montre, j’ai l’impression d’être en avance par rapport à l’année précédente. Mais je ne connais pas mes chronos par cœur et je préfère en rester à mes impressions. Elles sont bonnes et me laissent optimiste quant à la suite des événements.

La montée vers le château depuis le col de Montségur est conforme à ce que j’en connais : technique par les rochers qu’il faut enjamber et délicate par toutes les personnes que l’on dépasse (des touristes espagnols, mais que font-ils là ??? Toute la péninsule ibérique ne sait-elle pas que le pays d’Olmes est envahi par 1500 fous le WE de Pâques ?) et tous les autres que l’on croise et qui redescendent (déjà ?). Comme l’année dernière, un premier pointage est effectué au pied des ruines du château, tout en haut, à 1200 m d’altitude. Et comme l’année dernière, la neige est de la partie. Je cours depuis 1h25.

Je redescends comme je peux, en dépassant pas mal de monde et, 4 à 5 minutes après, je croise Lionel qui monte. On s’encourage. Nous ne nous reverrons que 6 heures plus tard.

A partir de ce moment, c’est une longue descente par le sentier Cathare vers Montferrier où se situe le premier ravitaillement. J’y arrive après 1h57 de course, en 161ème position. (Mais ça, je ne le sais pas encore.) Je me fais biper et je ne m’éternise pas, comme souvent lors des ravitaillements. Deux verres de coca, deux tranches de pain d’épices, quatre carrés de chocolat et je repars.

Un coup d’œil au profil de la course et je sais que les 15 kilomètres qui me séparent du prochain ravito vont être assez casse-pattes. Un coup d’œil au Polar et deux constats :

1- sur 2000 m de dénivelée positive, je n’en ai grimpé que 800 pour le moment ;

2- sur 40 km de course, je n’ai parcouru que 8,26 km. Aïe, ce n’est pas normal... Il déconne ou quoi mon GPS ? Je regarde de nouveau 100 m plus loin et là l’évidence s’impose : oui, il déconne. Il déconne même drôlement : il n’indique pas le kilométrage parcouru mais me renseigne quand même sur ma vitesse de déplacement... Va comprendre. Pas grave, de toute façon ce n’est pas lui qui court, mais moi !

A ce moment, le sentier remonte en forêt au-dessus de Montferrier. Je me surprends à dépasser de nouveau des concurrents, ceux-là même qui m’avaient un peu distancé dans la descente avant le ravitaillement. Je garde confiance. Une nouvelle longue descente, bien boueuse, bien glissante, nous fait passer sous une route (celle empruntée plus tôt en Clio pour arriver à Lavelanet) par une passerelle. On est au km 18 environ et il faut encore monter, toujours en sous-bois, en forêt de Mondini. La redescente est rapide et on retrouve le Sentier Cathare, toujours autant... boueux.

On traverse rapidement une autre route pour rejoindre Roquefixade par une route goudronnée puis une piste. Ca dure vingt minutes pendant lesquelles j’ai le temps de me faire dépasser par un TGV qui n’est autre que le leader de la course de 71 km, parti 2 heures plus tôt que nous et qui a pourtant parcouru 31 km de plus ! Perso, je ne m’en suis même pas rendu compte sur le moment. C’est en entendant les commentaires des autres coureurs que je percute.

Je profite aussi de l’accalmie du terrain pour échanger mes gels : les vides vont dans le sac, les pleins viennent dans les poches pour être à portée.

Roquefixade, km 24. C’est avec beaucoup d’impatience que j’attends la montée au château éponyme. Je m’attends à un sentier similaire à celui de Montségur, aussi long et aussi technique. En fait il n’en est rien. Le sentier est souple quoique rude. Il est beaucoup plus bref également. Point de rochers saillants, point de marches. Une petite pluie fine s’invite au passage mais ne dure pas.

Je sème dans cette montée 4 des cinq coureurs de mon fugitif groupe, le cinquième partant devant. On dépasse le château, on se fait recenser par un bénévole et s’ensuit une belle descente vers le second ravitaillement. Dans cette descente, j’échange quelques mots avec un coureur pour qui c’est aussi la première participation à un trail aussi long. Il me dit qu’on est bien car le bénévole de Roquefixade lui a assuré une 135ème place à ce moment de la course. Je connais enfin mon classement. Cela me conforte dans mes sensations. Je sens que je suis toujours dans le coup et j’ai bien constaté que, depuis Montségur, j’avais dépassé pas mal de coureurs, en tout cas bien plus que de coureurs m’ayant dépassé ! Finir dans les 125 premiers devient réaliste. Bon ça ne m’empêche pas de me faire dépasser par le deuxième du 71 km, qui déboule, dans la descente, comme une balle.

Roquefort-les-Cascades, km 29, second ravitaillement. Je me fais biper et je regarde le PC pour avoir confirmation du classement. Tout va bien, mon collègue ne s’est pas trompé, je suis 133ème à ce moment de la course. Il est 12h01, j’ai donc réalisé ces 15 km en 2h04’. Je constaterai plus tard que j’ai effectué le 131ème temps de ce tronçon.

Une tranche de pain d’épices, trois verres de coca, quatre carrés de chocolat noir et je repars avec dans les mains deux autres tranches de pain d’épices. Je ne veux toujours pas m’attarder aux ravitaillements.

Le terrain devient plus plat : c’en est même long (2,5 km) et je n’ai pas la force d’admirer la petite rivière le long de laquelle je cours. L’eau est d’ailleurs étrangement claire et limpide en comparaison des flaques de boue du parcours. Je rattrape encore d’autres coureurs. Un me dépasse tout de même, mais je le dépasserai de nouveau plus loin. Une pause pipi près d’un pont pour aborder de nouvelles difficultés : les montagnes russes avant Raissac.

J’ai largué mon collègue de Roquefixade depuis longtemps et j’échange de nouveau quelques mots avec un autre concurrent qui a déjà fait le 40 km. Il ne sait plus trop où nous en sommes et se demande même à un moment si ce n’est pas la dernière grimpette.

Il se trompe. Et, je peux maintenant ajouter : comment a-t-il pu l’oublier, cette dernière montée ?

Nous voilà en effet arrivés à Péreille. Une habitante nous annonce qu’il ne reste plus que 6 km. Quelques mètres plus loin, je me retourne et j’aperçois un coureur revenir vite. Il porte le dossard n° 1, en rouge. C’est le double tenant du 71 km de 2008 et 2009, Patrick Bruni. Je m’écarte pour le laisser passer. Il me remercie, je l’encourage. Je ne le reverrai que sur le podium pour une belle 3ème place.

Après une courte descente, me voilà enfin à Raissac où un rapide pointage des coureurs est effectué. Je regarde vite fait le tableau du bénévole et je me surprends à la 126ème place. Tous les espoirs sont permis car devant moi il y a un petit peloton d’une dizaine de concurrents. Je suis toujours en jambes et ce classement m’encourage à m’arracher jusqu’au bout.

Puis ce sont les premiers mètres de cette fameuse dernière côte. Je l’avais vue sur le profil sans y prêter trop attention. Dès le début de la difficulté, un gars me dit : « Vas-y passe, fais-toi plaisir ! » Comment a-t-il vu que ça allait bien pour moi ? Mystère. En tous cas je passe devant lui, devant un autre et me mets « dans la roue » d’un petit groupe de 3 personnes. Je les colle sans souffrir puis décide de les dépasser. J’y arrive tout en haut de la côte, haute de 300 mètres. 300 mètres, ce n’est pas beaucoup, mais quand ce sont les 1800ème, 1900ème et 2000ème mètres de la matinée, on les sent un peu plus !

Toujours est-il qu’il ne reste plus aucune montée jusqu’à l’arrivée (un coup d’œil au profil me le confirme) et que je sais être maintenant dans les 120 premiers. Un parcours de crête plutôt descendant m’attend sur environ 3 km. Je décide de ne pas relâcher la pression et de courir. Le terrain est piégeux : beaucoup de roches calcaires affleurent. Elles sont glissantes et fort mal disposées… N’empêche. Au fur et à mesure je vois au loin une veste blanche et je n’entends personne derrière. Je ne me ferai pas dépasser, je le sais. Et je peux même espérer gagner encore une place. Je me mets donc en mode « cerveau débranché, jambes insensibles » et j’avance, toujours en courant, même dans les petites remontées de terrain. Et je fais bien car dans la dernière et mémorable descente, pleine de boue, je rattrape la veste blanche (en fait il s’agissait d’un concurrent !) et prends tous les risques pour passer devant. Mal m’en prend, je glisse et chute sur les fesses. Un « pute vierge » lancé à haute voix me relance, je le dépasse de nouveau et négocie prudemment le toboggan de l’arrivée. Un dernier sprint sur la place de Lavelanet et je franchis la ligne d’arrivée en 5h43’29”.

Je jette un coup d’œil autour de moi et je comprends que Lionel n’est pas là. A-t-il bifurqué là-haut, pour effectuer la boucle du 20 km ou a-t-il trouvé les ressources pour faire le 40 ? Je me dirige vers la salle et le ravitaillement. Toujours pas de Lionel… Du pain d’épices, du coca, du chocolat, du pain d’épices, du coca, du chocolat, du pain d’épices, du coca, du chocolat, toujours pas de Lionel. Je retrouve mon collègue de Roquefixade et on bavarde quelques minutes à propos de la course. Je pars me changer à la voiture, histoire de me mettre au sec et de retirer mes chaussures couvertes de la fameuse boue des Citadelles, celle qui fait sa réputation et qui manquerait si elle n’était pas là.

Je reviens à la salle, il est 14h30, toujours pas de Lionel. Quelques allers-retours entre la salle et la ligne d’arrivée (entre deux averses et deux rayons de soleil) mais toujours pas de Lionel. 15h, 15h15, rien… Je m’assois parce que franchement, je commence à fatiguer.

Et qui vois-je arriver ? Lionel ! Qui a bouclé son 40 km en 7h23. Il est plutôt bien, il a même le sourire. Il me dit qu’il a souffert, notamment sur la dernière partie, le parcours en crête.

On discute de la course, on regarde tous les podiums, on mange et on repart, bien fatigués mais bien contents.

Les classements ne seront finalement disponibles que le lendemain sur Internet. Je finis 113ème du scratch. C’est une très bonne surprise. Et l’analyse de ma course, grâce aux temps intermédiaires fournis par GeoFP, m’apprendra que j’ai bien fait de partir prudemment :

-         Du départ au 1er ravitaillement : 14 km, 1h57, 161ème chrono.

-         Du 1er au 2nd ravitos : 15 km, 2h04, 131ème chrono, 133ème au général.

-         Du 2nd ravito à l’arrivée : 11 km, 1h42, 83ème chrono, 113ème au général.

Quant à Lionel, ses 7h23 lui permettent d’accrocher une 321ème place sur 379 arrivants.

Au final, ce 40 km des Citadelles est véritablement une très belle épreuve. Le parcours est très varié et les points d’intérêts jalonnent bien agréablement le circuit. Et que dire de l’organisation ? Efficace, sympathique, toute à l’écoute des coureurs. Enfin, le balisage : tout simplement exemplaire. Pas une fois on se demande si on est toujours dans la course (enfin, si, parfois, quand on voit qu’on doit monter encore une côte, puis une autre, on se dit que non, c’est pas possible, c’est pas par là…).

Je ne sais pas encore si je tenterai un jour le long parcours mais je garderai un excellent souvenir du cru 2010.

3 commentaires

Commentaire de mic31 posté le 22-06-2010 à 15:56:00

Merci, pour ton récit qui nous replonge dans la boue quelques mois plus tard et pour les compliments sur l'organisation.
Et bravo pour ta course fort bien gérée et ton résultat.

Commentaire de Yvan11 posté le 22-06-2010 à 19:20:00

Bravo pour ta course et ton récit très précis.
Ta course ressemble beaucoup à la mienne en 2009, sauf que tu finis en meilleur état et que tu t'arrêtes moins longtemps au ravitos.
Au vu de tes sensations et sentiments, je ne peux que te conseiller de tenter le 73 km l'année prochaine...

Commentaire de Tomcat posté le 04-07-2010 à 21:01:00

Merci de vos commentaires et de vos encouragements. Ce trail est pour l'instant mon préféré et il est fort probable que je tente l'aventure du 73 assez vite...

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