Récit de la course : Ventoux Nigth Session 2010, par kikidrome

L'auteur : kikidrome

La course : Ventoux Nigth Session

Date : 13/6/2010

Lieu : Bedoin (Vaucluse)

Affichage : 1016 vues

Distance : 22km

Objectif : Terminer

4 commentaires

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une épreuve magique

Prologue : le contexte.

C’est par un mail de Patrice avec un lien vers cette épreuve un peu dingue que çà s’est décidé : faire l’ascension du Ventoux, de nuit, et arriver pour le levé du soleil ! C’est un truc qui me trotte dans la tête depuis l’an dernier. En juillet, nous étions allés au théâtre à Grignan et en sortant, il y avait un superbe clair de lune, pas de vent, et le Ventoux était magnifique. Ce soir là, j’avais regretté de ne pas avoir prévu le coup : j’avais envie de filer à Bedoin pour monter de nuit et attendre le lever de soleil. On a parlé avec les copines, on s’était promis de le faire. Alors là, l’occasion était trop belle ! Il a fallu auparavant demander de l’aide aux amies pour caser mes 2 filles car ce week-end là, Patrice sera en train de faire le Tour de Corse avec ses copains.

 

Acte 1 : Après l’inscription, j’avais enfin une source de motivation ! Depuis que je ne cours plus (plus de 6 mois), j’ai un peu de mal à me bouger pour faire du sport. Cette épreuve m’a bien boostée et j’ai 900 km au compteur la veille de l’épreuve. Arrivée vers 20h00 à Bedoin, je retrouve Sylvie et Tom du Club de course à pieds. Nous ne nous connaissons pas vraiment, nous avons juste échangé quelques mails et nous nous sommes saluées une fois ou deux. Coup de fil du Dingo de Kikourou qui vient avec Akuna, ils mangent avec des amis et on se retrouve sur le parking ce soir.

Avec Sylvie et Tom, nous récupérons les dossards et j’en profite pour canarder les vedettes de cette épreuve : Eros Poli (vainqueur en 94 de la XVème étape qui passait par le Ventoux) et Erik Zabel (6 fois maillot vert du Tour de France).

 

Sylvie demande à Erik Zabel si on peut faire une photo avec lui, il accepte volontiers et on va la faire encadrer cette photo :

 

On prépare les vélos avant de les déposer dans le parking et ensuite, on part manger à Bedoin. Pas facile de trouver une table, pas mal de restos sont complets. Beaucoup de cyclistes attablés…

Bonne ambiance. On regrette un peu qu’il n’y ait pas une pasta party. L’an prochain peut-être. On trouve une table, menu cycliste, impecc pour nous. Tom commande un demi et surprise, il a un demi litre :

 

On fait connaissance, on parle vélo (les beaux cols des Alpes, des Pyrénées, l’Ardéchoise), course à pieds (Tom va faire Marvejol-Mende et avec Sylvie, il va faire Marseille-Cassis). Sylvie dit qu’elle sent la pression monter…

 

On rentre sur le parking et on se sépare en espérant dormir un peu avant le départ (Sylvie est convoquée à 02h00).

 

Coup de fil du Dingo et Akuna : ils sont garés à côté de moi.

 

Et voilà, on fait connaissance, L’Dingo me présente sa mascotte :

 

Ils préparent les vélos, les posent au parking et on se souhaite bonne nuit.

 

Je me prépare en tenue de vélo pour être prête à 02h15. Comme il y a de la lumière sur le parking, je m’installe carrément dans le coffre de la voiture (un break, ouf) … Ce n’est pas très confortable et j’ai du mal à m’endormir mais je me repose et quand le téléphone sonne, c’est clair que je dormais profondément… Vite, je m’extirpe du coffre (pas facile car fermé de l’intérieur, on ne peut pas l’ouvrir, il faut ressortir pas les portes avant (derrière, y’a la sécurité enfant…)

 

Sylvie, Akuna et L’Dingo sont prêts, ainsi que tous les cyclistes de la première vague.

Enfin, Akuna il est prêt mais il pense 5 mn avant le départ qu"il faut mettre les chaussures de vélo :

 

 

Nous sommes environ 300 au départ, répartis en 6 vagues. Les moins rapides en premier (on devait donner notre temps de montée prévu à l’inscription), le but étant qu’on arrive tous plus ou moins en même temps au sommet pour le lever du soleil.

 

02h30, c’est parti… Un peu d’émotion en voyant les lueurs des frontales partir en direction de Bedoin.

 

Acte 2 : 03h00, à mon tour de prendre le départ. Nous sommes entre 30 et 40 dans cette vague. Je pars cool en me disant qu’il ne faut pas partir trop vite et qu’il ne faut pas se laisser larguer  non plus.

 

Comme je n’ai pas mes lunettes, je ne vois pas bien ce qui est écrit sur le compteur, je sens que tout va se faire « aux sensations » !

 

On passe par Bedoin et sur « LA Ligne », je remets le compteur à zéro. Ce n’est pas une course, il n’y a pas de chrono mais j’ai quand même envie de voir combien de temps je vais mettre.

 

Les premiers kilomètres passent vite, je lève la tête, regarde les étoiles, je pense à Luc, mon poste cycliste qui avait fait 1000 cols différents en vélo. Il n’a jamais fait le Ventoux. Il nous a quitté en janvier cette année. J’aurais aimé lui raconter cette ascension.

 

Virage de St Estève, « tout à gauche » et c’est parti pour 10 km d’ascension sans répit jusqu’au chalet Reynard. Le groupe s’effiloche, on voit passer une moto de temps en temps. Je dis « voit » car franchement, on ne les entend pas. Une discrétion remarquable. Je craignais un peu les motos et elles savent se faire oublier tout en assurant notre sécurité.

 

C’est curieux, la nuit, on ne voit pas ce qui nous attend. On « sent » la pente… Dans les jambes ! Quand on voit celui qui est devant se mettre en danseuse, parfois, on anticipe… Après coup, j’ai dit que la montée s’était bien passée, mais sur le moment, il y a quand même eu un peu de souffrance… De doute aussi. Et si je faisais demi tour, ce serait si facile de redescendre. Mais, non, pas cette nuit. Pas le droit. J’ai un peu de mal à digérer les spaghettis bolognaises d’hier soir… Ca ballonne… Du coup, je ne m’alimente pas, je bois peu.

 

Je double une fille avec un guidon plat, hé, mis c’est Sylvie !  Allez Sylvie, tout va bien ? Elle me répond que oui, je continue à mon rythme.

 

On passe l’épingle qui me sert de point de repère, on va sortir de la forêt, il reste encore de forts pourcentages mais on en a déjà mangé une bonne partie.

 

Supprimer la   légendeJe discute un peu avec un jeune qui a un accent connu : il est de Sochaux. Il me dit « on rattrape le mec devant ? » « heu, je te laisse faire hein, moi, je garde mon rythme, il reste encore du chemin »… Du coup, il reste avec moi jusqu’au Chalet Renard.  Ouf, quelques mètres de « plat », je regarde le compteur : 01:29.

 

Il reste 6 km. On voit le sommet après le premier virage qui suit le Chalet Reynard et on ne le quitte plus des yeux. Enfin, presque. Je me retourne pour regarder la file de frontales qui me suit. C’est magique. Dans la plaine, on voit les lumières des villages, de Carpentras. Le jeune sochalien s’accroche à un cycliste qui nous dépasse.

 

Cette fois, il ne peut plus arriver grand-chose. Une crevaison, ce serait vraiment la malchance. Une vieille douleur dans le pyramidal me ramène à la réalité et là, je me dis « ah non, pas maintenant, ce serait trop con ! ». Je serre les dents, çà reste stable et très supportable, ouf…

 

Je me fais dépasser par un cycliste qui a un sacré coup de pédale et qui est précédé par une voiture (il est filmé on dirait), je pense que c’est Erik Zabel. Peu de temps après, c’est Alain Prost qui me double à vive allure…

 

Enfin la stèle de Tom Simpson (le jeune sochalien a promis de s’y arrêter pour déposer un bidon, chose que j’ai faite lors de ma première ascension). Je sais que la pente s’intensifie et que çà va être difficile jusqu’au sommet. La lumière du jour arrive, les étoiles s’éteignent les unes après les autres.

 

Dernier virage, dernier effort, arrivée sous les applaudissements des organisateurs et bénévoles. Sentiment d’avoir accompli quelque chose de fort.

 

Je retrouve mes amis kikous, L’Dinfo et Akuna. Ils ont froids et L’Dingo est en hypo, à 4 pattes par terre. Une barre de céréales et çà repart. On fait quelques photos, je me change, mets une maillot sec à manches longues, le gilet (super beau) offert par l’organisation et le gilet jaune.

 

Je me balade un peu au milieu des cyclistes, on voit des sourires  sur tous les visages. Alain Prost est  la cible d’un petit attroupement, les fans veulent se faire photographier avec lui. Akuna immortalise ce moment inoubliable du champion de F1 entouré d’un Dingo et d’une kikounette.

Je commence à me refroidir. Je dis à l’organisateur que je vais commencer à descendre, pas envie d’attendre. Ou alors, je vais à la rencontre de Sylvie et je remonterai avec elle.

 

Acte 3 : Je commence la descente et je m’arrête au premier virage pour faire une photo avec mon téléphone. Et là, je me sens plutôt mal. Je grelotte, vite, faut descendre…

 

Je vois passer Tom dans le dernier virage (il est parti dans la dernière vague), je l’encourage. En fait, je ne sais même pas que c’est lui, je lui réponds poliment parce qu’il me dit quelque chose, mais je n’ai plus toute ma lucidité. C’est lui qui me racontera l’épisode en bas.

 

Je vois passer les vélos à des vitesses folles, moi, je suis à fond sur les freins, je pleure, c’est horrible. Là, je me dis que je ne pourrai pas accompagner Sylvie.

 

Je m’arrête au chalet Reynard, la tête posée sur le guidon. Je n’ai même pas fait le tiers de la descente et je suis congelée… Je pleure, je gémis. Et c’est là que mes 2 Saint Bernard arrivent : Akuna et l’Dingo. Ils me frottent le dos, m’encouragent, me font taper des mains, allez, c’est reparti. Un vrai calvaire, avec plusieurs arrêts. L’Dingo me donne une barre de céréales, çà va beaucoup mieux. En fait, je suis en hypo. Après St Estève, ça va mieux, il fait moins froid, la pente est douce, je peux lâcher les freins.

 

On arrive enfin au parking, changement de chaussures, et direction le petit dej. Un vrai réconfort, avec thé chaud, sandwich, jus de fruit, cerise, gâteaux…

 

Je retrouve Tom et Sylvie. Nous sommes attablés à côté d’Alain Prost.

 

 

C’est l’heure du départ, je dois être à 09h45 à la piscine de Montélimar où ma fille participe à un meeting de natation et j’ai envie de prendre une douche bien chaude avant d’y aller.

 

Epilogue : Je sens que çà va devenir une épreuve mythique, le bouche à oreille va fonctionner… En ce qui me concerne, j’ai vraiment beaucoup aimé : le parcours, l’organisation (même s’il y a des trucs à améliorer comme un ravito au sommet (thé, soupe) et des sacs vestiaires avec de quoi se changer, une pasta le soir), la météo (sur ce coup là, on a vraiment eu du bol). Et puis, des rencontres : Sylvie & Tom et puis mes 2 kikous sauveurs  L’Dingo & Akuna. Bon, j’avais annoncé sur Facebook que c’était mon jubilé, je ne suis pas du tout certaine de tenir ma parole ;-)

 

Pas de chrono, pas de classement, juste le plaisir d’arriver en haut ! Que du bonheur !

 

Un grand merci à Laurence & Christelle qui se sont occupées de mes filles pendant cette folle nuit, merci à Akuna et à L’Dingo pour leur extrême gentillesse, j’espère les revoir sur un off vélo ou ailleurs, merci à Philippe pour le réglage du vélo, merci à Sylvie et Tom pour la sympathique soirée à Bedoin. Et pour finir avec les politesses : merci à mon Patrice pour m’avoir suggérer cette idée géniale !

 

Les photos d’Akuna sont ici :

http://www.flickr.com/photos/akunamatata/sets/72157624142285869/

Mes photos sont là :

http://picasaweb.google.fr/kikidrome/VentouxNigthSession2010 ?feat=directlink

 Le récit d'Akuna est là :

http://kikourou.net/recits/recit-10707-ventoux_nigth_session-2010-par-akunamatata.html

 

 

4 commentaires

Commentaire de akunamatata posté le 20-06-2010 à 23:07:00

beau souvenir kiki !
vraiment une course insolite a faire ;-)

Commentaire de RogerRunner13 posté le 21-06-2010 à 09:39:00

La magie du Ventoux opère toujours..... merci pour ce récit sympa.

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 21-06-2010 à 21:27:00

Superbe !
Le Ventoux, je ne l'ai vu que de loin mais il m'impressionne...

Commentaire de philkikou posté le 17-08-2011 à 19:32:08

Je connaissais en vélo le Ventous de jour par Bédoin, Malaucène ou Sault, mais de nuit avec le lever de soleil en creise sur le Ventoux, ca doit valoir le déplacement... je le note pour 2012..; et apparement il faut sortir couvert tout là-haut !!!

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