Negative Split (lire Msg1)

Discussions sur des sujets "sérieux" en rapport avec la course à pied.
Entrainement, physiologie, nutrition, blessures, gestion de course, ...

Messagepar Nine14 » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 13:40

nonosuunto a écrit:
Nine14 a écrit:...
Le "Negative Split" se justifie actuellement par la physiologie (par exemple l'inertie du métabolisme aérobie)....
...
Moi ce qui m’intéresse ce sont déjà les développements relatifs à cette affirmation... Tu veux dire que le "négative split" est naturel ? Perso j'ai du beaucoup gérer pour y parvenir....

1) Non, ce n'est pas naturel.
    C'est pour cela que rares sont ceux qui courent avec cette tactique. Car se freiner au départ, alors que toute la troupe démarre au triple galop, c'est très difficile. Il faut l'avoir planifié d'avance et en être totalement convaincu.

2) Justifications physiologiques
    Le problème vient du fait de l'inertie du métabolisme aérobie, le métabolisme qui produit l'énergie (ATP) en consommant de l'oxygène. Ces métabolismes ont lieu à l'intérieur de la mitochondrie et ce sont les métabolismes "cycle de Krebs" et "chaîne respiratoire" qui sont concernés.
    L'inertie vient du fait que l'oxygène est amené aux cellules musculaires (donc aux mitochondries) par la circulation sanguine mue par le coeur.
    Et le coeur ne peut passer instantanément de FC 100 à FC 170 par exemple.
    Selon le coureur, sur 10 km, les FC's atteignent leur niveau nominal (par exemple les 170) après environ 2 à 4 minutes.
    Et pendant cette durée, toute l'énergie non fournie par le métabolisme aérobie est tout simplement fournie par le métabolisme anaérobie (la glycolyse) qui est performante, puissante, rapide mais a l'énorme inconvénient de produire de l'acidité musculaire.
    Plus vous démarrez vite, plus vous produirez de l'acidité (acidose).

    Et comme sur un 10K, on ne relâche jamais la pression (on ne ralentit que quand on est obligé car fatigue), cette acidose initiale ne peut être éliminée car vous êtes à la limite.
    Vous traînez donc cette acidose sur toute la course et vos grosses difficultés (grosse fatigue, jambes lourdes, ..) arrivent plus vite que si votre acidose initiale avait été plus basse.

    Pour pallier à cela, sur le premier km, démarrer plus doucement que l'allure moyenne que vous espérez, surtout sur les 500 premiers mètres.
    Perso, sur 10K, je lâchais entre 10 et 15 secondes au premier Km puis prenais l'allure moyenne à partir du km 2, en tentant d'accélérer très légèrement à partir de la 2 ième moitié de la course.
    Cela vous fait déjà de formidables courses ou vous pouvez pousser jusqu'au bout, et bien sûr, vous remontez des tonnes de concurrents.
    Très bon pour le mental, et surtout pour le chrono.

3) Spécificités par course
    Ce que je viens de décrire est vrai pour le 10K et le semi.
    Pour le marathon, c'est vrai également mais un autre point peut devenir critique : c'est votre stock énergétique (le glycogène).
    Pour cela, je préconise 30 Mn en dedans pour laisser une chance à la filière "Lipides" de monter en charge et donc de se mettre à l'allure marathon qu'après ces 30 mn.
    La réduction d'allure peut être entre 15 à 20 s au km.
    Donc un premier Km en-dedans pour l'acidose puis 5 à 6 km encore pour attendre l'activation progressive et complète de la filière "Lipides".

    En ultra, c'est surtout l'économie du glycogène qu'il fait viser.
    Pour repousser le plus loin le moment ou les jambes deviennent très lourdes.
    Plus facile pour le mental de finir 20 km dans le dur que 50.

    PS : il faut savoir que votre cerveau a une vision permanente de vos variables physiologiques (acidose, glycogène, température, hydratation, fréquence cardiaque, ventilation, etc ...) et est capable d'inactiver une partie des fibres musculaires actives (pour vous protéger et préserver votre intégrité, pour que vous n'alliez pas trop loin et ne mettiez pas votre vie en danger), ce qui provoque ces très très grandes fatigues, heureusement des fois.
    C'est la conviction des physiologistes NOAKES et MARCORA.
Dernière édition par Nine14 le 31 Oct 2016, 10:07, édité 4 fois au total.

Messagepar OderF_06 » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 14:09

bien interessant, et oui le tout est lié, altitude , % de vo2max, acide lactique etc.

Je persite et ajoute:

Sur un Ultra, si l'effort reste modéré avec une faible mobilisation de la VO2 max( autant dire que plus elle est elevé mieux c est) , alors la synthèse en glycogène peut se poursuivre (travaux de Huang).
Voilà pourquoi la peur panique de manquer de glycogène sur un ultra n'est pas fondée au regard de ce maintien de la synthèse en glycogène.

Messagepar jp75018 » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 14:42

Fredo2l_Esterel a écrit:bien interessant, et oui le tout est lié, altitude , % de vo2max, acide lactique etc.

Je persite et ajoute:

Sur un Ultra, si l'effort reste modéré avec une faible mobilisation de la VO2 max( autant dire que plus elle est elevé mieux c est) , alors la synthèse en glycogène peut se poursuivre (travaux de Huang).
Voilà pourquoi la peur panique de manquer de glycogène sur un ultra n'est pas fondée au regard de ce maintien de la synthèse en glycogène.

+1
Une étude, par exemple, a montré qu'après un 24H, le stock de glycogène était encore de 50% de sa valeur initiale (baisse largement insuffisante pour justifier une baisse d'allure), donc rien à voir avec le marathon! Le ralentissement sur un ultra a d'autres causes.

Messagepar nonosuunto » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 15:02

VOilà une bonne analyse très cohérente avec le MOOC trail que j'avais suivi au printemps. Ne pas tomber en filière anaérobie au départ !
Le facteur échauffement est donc aussi fondamental, car plus on sera chaud plus les filières aérobies se mettront en place rapidement.
C'est vrai qu'un "négative split" ça se planifie et ça force à garder le frein à main au départ quand tout le monde vous double ! Ensuite je confirme que j'ai bien du remonter 20 places avant de me retrouver à mon niveau et ne plus doubler ni être doublé.

Messagepar Nine14 » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 17:21

Fredo2l_Esterel a écrit:...
Sur un Ultra, si l'effort reste modéré avec une faible mobilisation de la VO2 max( autant dire que plus elle est elevé mieux c est) , alors la synthèse en glycogène peut se poursuivre (travaux de Huang)...


Merci.

Si tu as des articles ou des liens, je suis preneur.
V. Billat écrit qu'on ne peut pas digérer en courant.

Mais je ne suis pas d'accord avec elle.
Car, comme le dit JP75018, comment feraient les coureurs de 24H pour aller au bout de leur effort ?

Mais, moi-même maintenant coureur de 24H, je ne suis pas prêt à prendre le risque de ne pas partir sur une telle course sans être bourré de glycogène (idem sur 100 km).

Messagepar Vik » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 17:38

Nine14, Billat dit elle cela à propos des routards ou l'applique t-elle aussi au trail ?
Si ce n'est pas le cas, qu'est ce qui expliquerait que l'on puisse digérer en ultratrail ? Car même ne marchant en forte pente, on sollicite énormément le système cardiaque.
J'imagine que le problème de digestion est lié à l’irrigation du système digestif.

Dans mon cas, il est vrai que j'ai le temps de digérer, vu ma vitesse et mes longues pauses, mais quand je vois les perfs d'autres personnes, j'ai du mal a imaginer qu'ils puissent ne pas digérer sur plus de 30h, et pourtant leur effort est relativement constant, et important.

Messagepar jp75018 » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 17:46

Nine14 a écrit:
Fredo2l_Esterel a écrit:...
Sur un Ultra, si l'effort reste modéré avec une faible mobilisation de la VO2 max( autant dire que plus elle est elevé mieux c est) , alors la synthèse en glycogène peut se poursuivre (travaux de Huang)...


Merci.

Si tu as des articles ou des liens, je suis preneur.
V. Billat écrit qu'on ne peut pas digérer en courant.

Mais je ne suis pas d'accord avec elle.
Car, comme le dit JP75018, comment feraient les coureurs de 24H pour aller au bout de leur effort ?

Mais, moi-même maintenant coureur de 24H, je ne suis pas prêt à prendre le risque de ne pas partir sur une telle course sans être bourré de glycogène (idem sur 100 km).

A voir s'il y a une justification physiologique, mais ce que je pense c'est qu'en dessous du seuil aérobie (c'est à dire environ sous 80% FCM ou sous environ 4h30 d'effort), le taux de glycogène va se stabiliser, la filière lipidique étant prépondérante et l'alimentation pendant l'effort (essentiellement glucidique) étant suffisante pour "faire brûler les lipides", l'apport énergétique étant de 25% à 50% de ce qui est consommé, le reste provenant des lipides de l'organisme.
C'est pour cette raison aussi que les marathoniens les plus lents (4h30 et plus en gros) n'ont jamais de mur (au sens panne de glycogène), même s'il fournissent bien un effort maximal, mais pour eux il est plus proche d'un effort de type ultra (100 km).

Messagepar OderF_06 » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 17:52

http://ommolketab.ir/aaf-lib/5g2s72u8j4 ... f#page=172
400 pages :D
Mais va directement a la 172ieme

Messagepar jp75018 » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 17:55

Vik a écrit:Nine14, Billat dit elle cela à propos des routards ou l'applique t-elle aussi au trail ?
Si ce n'est pas le cas, qu'est ce qui expliquerait que l'on puisse digérer en ultratrail ? Car même ne marchant en forte pente, on sollicite énormément le système cardiaque.
J'imagine que le problème de digestion est lié à l’irrigation du système digestif.

Dans mon cas, il est vrai que j'ai le temps de digérer, vu ma vitesse et mes longues pauses, mais quand je vois les perfs d'autres personnes, j'ai du mal a imaginer qu'ils puissent ne pas digérer sur plus de 30h, et pourtant leur effort est relativement constant, et important.

C'est vrai que la problématique de la digestion est un peu différente en ultra trail et en ultra route, car sur route il y a davantage de régularité dans l'effort (FC voisine de 70% FCM par exemple), alors qu'en trail, la FC va grimper davantage en côte (donc pas facile de digérer), et sera plus basse en descente, mais la descente occasionnera des chocs peu propices à la digestion... Je n'ai pas trop d'expérience en trail, je suppose qu'il faut profiter des sections roulantes (plat ou descente facile) ou alors ralentir un peu en côte? Avec une alimentation assez liquide, on peut digérer assez vite avec une FC (relativement) élevée. Et encore une fois, la majeure partie des calories nécessaires provient des lipides stockés dans l'organisme.

Messagepar OderF_06 » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 18:34

En ultra c est quasiment impossible de bien manger sans s arreter qui plus est au dessus de 24h , meme les Meilleurs s arretent manger leurs purees persos, comme le dis Jp trop de facteurs defavorisants: chocs gastiques des descente, %fcm trop important en montee, bref en marchant careste possible mais l allure diminue drastiquement, autant prendre le temps de faire un vrai" repas".

Messagepar Vik » sa fiche K
» 25 Mai 2016, 23:49

Fredo2l_Esterel a écrit:En ultra c est quasiment impossible de bien manger sans s arreter qui plus est au dessus de 24h , meme les Meilleurs s arretent manger leurs purees persos, comme le dis Jp trop de facteurs defavorisants: chocs gastiques des descente, %fcm trop important en montee, bref en marchant careste possible mais l allure diminue drastiquement, autant prendre le temps de faire un vrai" repas".


non, manger c'est différent de digérer.
Tu t'arrête pour manger convenablement un vrai repas et tu repas, tu reste pas stoppé 2 à 3h pour digérer.
L'arrêt pour manger s'explique sur le fait qu'il soit difficile de manger correctement en courant (faire deux choses à la fois, mastiquer tout en respirant, chopper les aliments dans le sac ou je ne sais ou et les porter à la bouche en équilibre sur des pierres...), mais les meilleurs, même s'ils s'arrêtent pour prendre un peu repas solide, vont avoir une digestion en course, ou peut être pas de digestion et le bidou va tout garder tel quel (:D), mais ça va pas se régler à coup de pause de 11mn...

Messagepar OderF_06 » sa fiche K
» 26 Mai 2016, 06:56

Oui oui je parle pas de la digestion mais du fait de devoir s arreter a cause du systeme ventilatoire.
Le digestion est facilitée par le repas sous forme de "purée".

Messagepar Nine14 » sa fiche K
» 26 Mai 2016, 10:35

Vik a écrit:Billat dit elle cela à propos des routards ou l'applique t-elle aussi au trail ?...

Je lui avais posé la question sur son FB pour mes courses sur route. Je ne retrouve plus sa réponse mais elle parlait de molécules qui étaient produites à l'effort (adrénaline, glucagon), qui favorisent la déplétion de glycogène et qui empêchent sa synthèse. Mais sa réponse laconique ne m'a pas convaincu.

Je pense effectivement que chacun a son propre seuil de digestion.
Au-delà d'un certain effort, partir le ventre plein peut devenir un problème.

Perso, en préparation de mes courses ultra sur route, je m'entraînais à courir juste après les repas ou à m'alimenter durant l'entraînement (sur sorties en EF, AS100K ou AS24H).

Messagepar Vik » sa fiche K
» 26 Mai 2016, 17:12

Nine14 a écrit:Je pense effectivement que chacun a son propre seuil de digestion.
Au-delà d'un certain effort, partir le ventre plein peut devenir un problème.

Perso, en préparation de mes courses ultra sur route, je m'entraînais à courir juste après les repas ou à m'alimenter durant l'entraînement (sur sorties en EF, AS100K ou AS24H).


Je pense aussi que sur cet aspect, comme bien d'autres, les disparités sont importantes.

As tu été en mesure de constater, selon toi, une amélioration, suite à tes entrainements après repas ?

Messagepar Nine14 » sa fiche K
» 26 Mai 2016, 18:40

Vik a écrit:
Nine14 a écrit:Je pense effectivement que chacun a son propre seuil de digestion.
Au-delà d'un certain effort, partir le ventre plein peut devenir un problème.

Perso, en préparation de mes courses ultra sur route, je m'entraînais à courir juste après les repas ou à m'alimenter durant l'entraînement (sur sorties en EF, AS100K ou AS24H).


Je pense aussi que sur cet aspect, comme bien d'autres, les disparités sont importantes.

As-tu été en mesure de constater, selon toi, une amélioration, suite à tes entraînements après repas ?


J'ai préparé mes courses ultra sur une certaine durée (plus de 2 ans) car je revenais après plusieurs années d'inactivité et que j'ai besoin de m'entraîner longtemps pour acquérir l'aptitude d'endurance.

Comme je m'y suis pris doucement, et pour l'entraînement et pour tous mes essais d'alimentation et d'hydratation, j'étais assez satisfait du résultat en ce début 2016.

C'est vrai que j'effectuai beaucoup de km par semaine (des fois plus de 200) mais que je ne me sentais rarement très fatigué ( le plus souvent envie de recourir dès le lendemain matin; c'est un peu mon critère pour ne pas en faire de trop).

Maintenant, mettre cette bonne caisse au crédit de l'entraînement (surtout de l'endurance) ou de l'alimentation-hydratation pendant les sorties (je prenais toujours au moins 2 bidons de 75 cl, dosés sucre, malto et protéines), je ne pourrai pas te répondre.
Mais je pense que l'alimentation-hydratation pendant l'entraînement a joué un rôle significatif.

Actuellement, je suis entre 2 courses et je m'entraîne à la n'importe quoi.
Je fais au moins 4 fois moins de Km, je pars sans boisson et je suis plus (+) fatigué.

Quand je vais reprendre une prépa sérieuse, je reprendrai mon protocole sérieux (alimentation et hydratation pendant la sortie, alimentation saine en-dehors).

Messagepar Vik » sa fiche K
» 26 Mai 2016, 19:47

Nine14 a écrit:Maintenant, mettre cette bonne caisse au crédit de l'entraînement (surtout de l'endurance) ou de l'alimentation-hydratation pendant les sorties (je prenais toujours au moins 2 bidons de 75 cl, dosés sucre, malto et protéines), je ne pourrai pas te répondre.
Mais je pense que l'alimentation-hydratation pendant l'entraînement a joué un rôle significatif.

Actuellement, je suis entre 2 courses et je m'entraîne à la n'importe quoi.
Je fais au moins 4 fois moins de Km, je pars sans boisson et je suis plus (+) fatigué.

Quand je vais reprendre une prépa sérieuse, je reprendrai mon protocole sérieux (alimentation et hydratation pendant la sortie, alimentation saine en-dehors).


A l'inverse, pendant longtemps je me suis entraîné sans apport glucidique pour la plupart des séances (avec à l'inverse des repas complètement pas indiqué pour le sport (très gras, alcool) en plein milieu de grosses bambées, sans jamais de problèmes gastrique - j'ai de la chance de ce point de vue là, et, disons, j'ai entraîné mon organisme depuis longtemps), avec cette idée d’entraîner mon corps à gérer le manque, ne pas connaître l'hypoglycémie...
Alors c'est certain, c'est facilité par mes vitesses très faibles, et je ne saurais dire si ça fonctionne, un tel entraînement.

Par contre je te rejoint sur l'aspect fatigue: depuis que je prends de ma boisson/gel maison (agave, sel, acérola et cassis déshydraté en poudre, un peu d'eau (hyperconcentré mais je bois de l'eau pure à côté)), ma fatigue est bien moins importante, que ce soit sur de l’entraînement court répété ou du long (plus de jambes vides)

Cependant, pour revenir sur la digestion: une telle boisson semble suffire en terme d'apport mais pas pour l'estomac, qui vide, réclame quelque-chose, semble t-il. Quand cela m'arrive, j'ai des "air vomito", pas vraiment faim, mais je sens que c'est du solide que mon estomac réclame. Rien à voir avec une fringale.

ça me pousse à penser que tout de même, on doit être fait pour continuer à nous alimenter.

Messagepar Nine14 » sa fiche K
» 19 Jan 2018, 01:29

Un nouveau diagramme sur le Negative Split.

Ce diagramme présente le temps de soutien (en pourcentage du temps de soutien à une allure) par rapport à l'allure exprimée aussi en pourcentage, en pourcentage par rapport à une allure potentiel.

Un exemple pour clarifier.
Admettons qu'un coureur a un potentiel de 3H au marathon.
Peu importe comment le potentiel a été déterminé. Admettons-le.

Son allure est donc d'un peu plus de 14 km/h et son temps de soutien de 3H.
Sur le graphe, en abscisse, 100% représenterait donc 14 km/h, 110% environ 15,5, etc ..
En ordonné, 100% représenterait 3H.

Ce que le graphe veut montrer, c'est que si on court 10% plus vite que son potentiel, on perd environ 30% en temps de soutien.

Pour notre cas, si notre coureur démarre son marathon à 15,5 km/h, il réduit d'environ 1H son temps de soutien.

Ce graphe veut surtout montrer que la perte en temps de soutien (en qqe sorte le rythme de progression de la fatigue) n’est pas proportionnelle à l’accroissement de la vitesse de course mais EXPONENTIELLE.

Concrètement, 10% de vitesse en plus provoque environ 30% de fatigue supplémentaire, fatigue qui arrive 30% plus vite.
D’où la préconisation de ne pas partir trop vite sur toutes vos courses, 10K ou marathon.
Ou 24H.

Déjà 5% de vitesse en plus provoque une baisse du temps de soutien de 16% environ.
Dans notre cas, cela fait environ 0,8 km/h.
Un cas très fréquent.
Nombreux sont les marathoniens à partir 1 km/h plus vite que ce qu’il faudrait. Pour x raisons.
Et le regrettent après la course.
Ou le plus souvent, ils disent : « Et pourtant, j’étais encore bien au semi ». Quoique.

PS : Les coureurs convaincus par le NS sont rares.
Tenter d’argumenter en faveur du NS est difficile.
J’essaye depuis de nombreuses années.
C’est pour l’instant ce que j’ai trouvé de mieux, cette vertigineuse baisse du temps de soutien en fonction de l’accroissement de la vitesse.

Remarquez que les échelles sont strictement les mêmes, la grille du graphe étant composée de carrés.
L’allure de la courbe est donc parlante.
Pièces jointes
NS Temps de soutien v01.jpg
NS Temps de soutien v01.jpg (76.29 Kio) Consulté 1327 fois
Dernière édition par Nine14 le 20 Jan 2018, 11:24, édité 1 fois au total.

Messagepar Vik » sa fiche K
» 19 Jan 2018, 03:14

heu, ça sort d'où ces chiffres ?!

Messagepar Nine14 » sa fiche K
» 19 Jan 2018, 11:10

Vik a écrit:heu, ça sort d'où ces chiffres ?!


Par exploitation de la courbe bleue du graphe du premier message du fil : http://www.kikourou.net/forum/viewtopic.php?f=21&t=38415

Messagepar alpaco » sa fiche K
» 20 Jan 2018, 10:37

Bonjour.

Je ne fais jamais d'entraînement à la vitesse. Je cours pour courir, pour le plaisir, beaucoup (8-15h/semaine) mais lentement (8-11km/h).
Je suis capable de courir entre 14 et 17 km/h sur des distances entre le 10km et le semi (route et sans trop de D+). Je suis tenté par le NS et j'en devine l'intérêt mais l'expérience m'a montré que lorsque je me retrouve ralenti au départ d'une course (=<21km), je ne parviens plus à rattraper mon retard après puisque j'ai l'endurance, mais pas la vitesse. Je plafonne :roll:

Donc :
Est-ce que le NS est (vraiment) utile en-dessous d'un semi route ? (A partir de quelle distance le NS est-il intéressant ?)
Est-ce qu'il est nécessaire de lui adjoindre un entraiment à la vitesse (type 30/30) pour le rendre efficace ?

Messagepar Nine14 » sa fiche K
» 20 Jan 2018, 12:01

alpaco a écrit:Bonjour.

Je ne fais jamais d'entraînement à la vitesse. Je cours pour courir, pour le plaisir, beaucoup (8-15h/semaine) mais lentement (8-11km/h).
Je suis capable de courir entre 14 et 17 km/h sur des distances entre le 10km et le semi (route et sans trop de D+). Je suis tenté par le NS et j'en devine l'intérêt mais l'expérience m'a montré que lorsque je me retrouve ralenti au départ d'une course (=<21km), je ne parviens plus à rattraper mon retard après puisque j'ai l'endurance, mais pas la vitesse. Je plafonne :roll:

Donc :
Est-ce que le NS est (vraiment) utile en-dessous d'un semi route ? (A partir de quelle distance le NS est-il intéressant ?)
Est-ce qu'il est nécessaire de lui adjoindre un entrainement à la vitesse (type 30/30) pour le rendre efficace ?


Relis le premier message.
Le NS, ce n'est pas de démarrer au ralenti et de finir au sprint mais démarrer à la bonne allure, sans trop se charger d'acidose puis de courir jusqu'au bout sans faiblir .

Par exemple, pour ton cas, si tu peux courir le 10K à environ 17 km/h :
- le premier km à environ entre 16 et 16,5 km/h
- puis tous les autres Km à environ 17,1 km/h

Donc, ton 2 ième 5 km sera de qqes secondes plus rapide que le premier.
Sur 10K, la grande majorité perd entre une à 2 minutes entre le premier et le 2 ième 5K.

Entraînement : entrainement 10K classique, en fonction de tes convictions.
Il y a peu d'erreurs à faire à l'entraînement en prépa 10K;
Il n'y a qu'à prendre un plan des magazines, du web, des coach's ou entraîneurs.

Sur 10K, pratiquement, la seule erreur qu'on peut faire, c'est de partir trop vite.
D'ou le NS.

Le 10K ? La bonne course pour évaluer les "aptitudes de coureur de fond".
Dernière édition par Nine14 le 20 Jan 2018, 14:40, édité 1 fois au total.

Messagepar Marathonnerre » sa fiche K
» 20 Jan 2018, 13:49

Courir en negative split et en performance n'est pas facile.

Sur 10 km si l'on vise 40 minutes il ne faut guère être en plus de 20'15" au 5e km (on suppose un parcours plat). Cela oblige à gratter environ 20 secondes sur 5 km, soit 4 secondes au kilomètre, cela semble peu mais il ne faut pas mollir.

Nine14 a écrit:Sur 10 km, pratiquement, la seule erreur qu'on peut faire, c'est de partir trop vite.


Ou alors ne pas s'être entraîné correctement.

Sur marathon courir en negative split et en performance est encore plus difficile à réaliser, même sur un parcours assez uniforme. Je ne connais pas beaucoup de coureurs ayant réalisé un negative split de manière planifiée (j'insiste encore sur le fait de réellement le courir en performance, et non pas en 1h31 + 1h26 par exemple). On ne risque pas grand chose à essayer, uniquement d'être un peu déçu si l'on a tout de même coincé en fin de course (mais on ne saura jamais si cela aurait été pire ou pas en étant parti un peu plus vite).
Cela nécessite tout de même de bien se connaître et d'avoir de l'expérience sur la distance, car la différence d'allure est subtile. Et cela dépend aussi des tempéraments, certains ont du mal à se retenir sur marathon car l'allure est assez facile (on peut tenir 80 % de vma vers 2h50), on peut parler sans difficulté par exemple.

C'est peut-être sur 20 km et semi qu'il serait moins difficile de réaliser un bon temps avec léger negative split.

Quelques statistiques ici.

Messagepar Nine14 » sa fiche K
» 20 Jan 2018, 15:01

Marathonnerre a écrit:... On ne risque pas grand chose à essayer, uniquement d'être un peu déçu si l'on a tout de même coincé en fin de course (mais on ne saura jamais si cela aurait été pire ou pas en étant parti un peu plus vite). ....


Eh oui.

Sans base physiologique ou scientifique, la course à pied n'aura jamais de base solide pour se forger des convictions, à défaut de vérité.
Que ce soit en méthode d'entraînement, en gestion d'allure, etc ... .


Je veux dire par là que si on coince en partant prudemment, on coincerait encore plus (ou beaucoup plus) en partant plus vite.

Si l'acidose ou la courbe de soutien ou l'inertie de la filière aérobie ou l'inertie de la filière lipides ne vous convainquent pas, je ne peux pas grand chose de plus.

Tant mieux pour ceux qui courent prudemment.
Ils gagnent des tonnes de place.
Dernière édition par Nine14 le 11 Avr 2018, 16:39, édité 1 fois au total.

Messagepar Marathonnerre » sa fiche K
» 21 Jan 2018, 18:19

Nine14 a écrit:Tant mieux pour ceux qui courent prudemment.
Ils gagnent des tonnes de place.
Et sur toutes les courses, du 800 (Dave WOTTLE au 800m des JO de Munich) au 24H, en passant par le marathon (toutes les meilleurs chronos mondiaux sont souvent courus en NS).


Tu ne connais manifestement pas grand chose à l'athlétisme en incluant le 800 mètres dans la comparaison avec des courses de fond...

Le 800 mètres est du demi-fond court (certains parlent même de sprint prolongé pour l'élite) où la composante anaérobie est prépondérante : à haut niveau cela se court à plus de 126 % de vma avec un pic vers 135 à 137 % en début de course. On termine totalement lactique, c'est probablement l'épreuve la plus exigeante de l'athlétisme.
Si une course majeure sur cette distance a été remportée en negative split c'est plutôt fortuit, avec notamment un départ lent comme sur tous les 800 mètres olympiques.
Il suffit d'écouter les conférences de presse de Bruno Jager qui fut l'entraîneur de Pierre-Ambroise Bosse, d'entendre David Rudisha ou Wilson Kipketer parler de leurs courses ou d'assister à quelques entraînements de Pierre-Ambroise Bosse pour comprendre la spécificité de cette distance.

Sur 800 mètres le départ en couloir se fait très rapidement pour pouvoir bien se placer (entre 23" et 25" aux 200 mètres). Le second tour du vainqueur est toujours plus lent (à peu près 5 % de différence), exemples :
David Rudisha, record du monde 1'41'01 en 48"9 + 52"1. Son précédent record du monde fut couru en 49"1 + 52"0. Wilson Kipketer 1'41"11 en 49"3 + 51"8, Joaquim Cruz (1'41"77 en 49'7 + 5'0, Sebastian Coe 1'41"73 en 49"7 et 52"0.

Ci-dessous des exemples pour différents athlètes sur chaque tronçon de 200 mètres :

- David Rudisha est le plus régulier, il tient quasiment la même allure depuis les 400 mètres jusqu'à l'arrivée, il fait pour chaque 200 mètres 23"4 - 26"3 - 26"4 et 26"1
- Taoufik Makhloufi a la capacité d'accélérer un peu sur ses 200 derniers mètres : 24"5 - 25"4 - 26"6 et 26"1
- Clayton Murphy est celui qui a la plus grosse capacité d'accélérer sur ses 200 derniers mètres, étant même le plus rapide de tous sur le dernier demi-tour : 23"9 - 26"0 - 27"0 et 26"0
- Ferguson Rotich est lent au départ, mais il est également capable d'aller plus vite sur ses 200 derniers mètres : 24"7 - 25"6 - 26"9 et 26"4

Pour ces autres athlètes, les temps sur 200 mètres augmentent irrémédiablement :
- Wilson Kipketer est le plus rapide au départ, mais c'est lui qui faiblit le plus : 23"2 - 26"1 - 27"3 et 29"4 (200 derniers mètres totalement pourri selon ses propres dires)
- Boris Berian court à peu près comme W. Kipketer : 23"7 - 26"1 - 27"0 et 29"3
- Pierre-Ambroise Bosse a une perte de vitesse rapide de 200 m à 400 m puis il arrive à maintenir un peu mieux ensuite : 23"6 - 26"2 - 26"5 et 27"1
- Marcin Lewandowski ralentit faiblement mais de manière régulière : 25" - 25"7 - 26"3 et 27"2

Bref, si la victoire sur 800 mètres était réalisable en negative split, cela se saurait depuis longtemps...

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Pour en revenir au marathon, lors de celui de Chicago en 2016, parmi les 10 premiers, 50 % de negative split (aucune idée s'il s'agissait d'une stratégie délibérée), 10 % pour le top 100 du classement, 8 % pour le top 205, 14 % pour le top 500 et 15 % pour le top 1000.
Lors des US olympic trials, sur 108 arrivants, trois negative split (les trois premiers). Épreuve donnant qualification à la clé : course tactique avec départ lent.
Chez les femmes, sur 149 arrivantes, quatre negative split (1ère, 2ème, 9ème avec un stupéfiant gain de 230 secondes et 28e place).

Encore de la lecture (toujours en anglais).

Messagepar QuentinDRDC » sa fiche K
» 22 Jan 2018, 08:44

Marathonnerre a écrit:
Quelques statistiques ici.

Le problème de ces statistiques basées sur la stricte définition du negative split et du résultat final, c'est que plusieurs typologies de courses très differentes se retrouvent dans le même sac:
Le coureur parti prudemment mais ayant quand même calé sur la fin se retrouve comptabilisé en positive split. Celui parti dès le départ sur son rythme cible mais ayant accéléré sur les derniers 5km parce qu'il était dans un très bon jour et en avait sous la pédale se retrouve comptabilisé en negative split. Il me semble que la stratégie proposée par nine14 est surtout celle d'un départ prudent sur les tous premiers km, puis d'une course à l'allure cible voir juste au-dessus. Pour mesurer cette strategie, il serait plus pertinent de disposer des temps de passage au km 5, au km 37 et à l'arrivée sur marathon pour au moins déterminer si un départ prudent est fortement corrélé à une absence de mur, voir à une capacité à accélérer sur la fin, et pourquoi pas même à une vitesse moyenne sur l'ensemble de l'épreuve supérieure à celle de la section mediane.

A mon avis ça nous en dirait plus que le split à mi-parcours. Quelqu'un a une idee de course relativement plate qui mettrait à disposition de tels temps intermediaires?

Messagepar Marathonnerre » sa fiche K
» 22 Jan 2018, 09:46

QuentinDRDC a écrit:Quelqu'un a une idée de course relativement plate qui mettrait à disposition de tels temps intermédiaires?


Il suffit de consulter les résultats pour Berlin ou Chicago et d'éplucher les temps de passage tous les cinq kilomètres.
Mais météo pourrie en 2017 à Berlin, conditions de course difficiles.

Messagepar Nine14 » sa fiche K
» 11 Avr 2018, 16:40

Marathonnerre a écrit:Il suffit de consulter les résultats pour Berlin ou Chicago et d'éplucher les temps de passage tous les cinq kilomètres.
Mais météo pourrie en 2017 à Berlin, conditions de course difficiles.


Merci.

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