Somatisation profonde

Discussions sur des sujets "sérieux" en rapport avec la course à pied.
Entrainement, physiologie, nutrition, blessures, gestion de course, ...

Messagepar Rag' » sa fiche K
» 18 Juin 2009, 13:33

Passe ton chemin, libidineux à l'esprit retors! La bave aux lèvres et la langue pendante, te voilà honteux et déçu.
Ce post traite bien de SOMATISATION et non pas de SONORISATION.

Il y a quelques jours alors que j'enfilais (non, ne rêve pas...) un marathon et 2700m de D+, c-à-d le trail Faverges, j'eus ÉNORMÉMENT (trop)de temps pour réfléchir à mes petits bobos de l'année, à ressentir des tiraillements çà et là. C'est ainsi que je vins à la conclusion que beaucoup de mes petits pépins survenant les semaines précédant une épreuve étaient en grande partie dus à une fâcheuse tendance à somatiser.

Les 15 jours avant la Bouillonnante ont été catastrophiques car, dès que je trottinais, une douleur apparaissait. Cet état de "somatisation aiguë" a atteint son paroxysme la veille de l'épreuve avec des douleurs vives au niveau des chevilles alors que celles-ci ne m'avaient jamais causé de soucis (et là, sans courir!). Pour le Trail Faverges, belote et rebelote, ouille le genou gauche, à l'extérieur, à l'intérieur, au-dessus, en-dessous, etc.
Alors que je n'aurais pas parié un Malabar sur mes chances de finir, ces épreuves se sont bien déroulées d'un point de vue physique. Aucune douleur ou gêne, ou presque... Sans commune mesure avec mes peurs!

J'imagine que beaucoup d'entre vous sont passés par là alors j'aimerais connaître vos expériences, vos réflexions ainsi que vos astuces (s'il en existe...) pour gérer cette fameuse somatisation.

Et ne me répondez pas que "la somatisation, c'est dur la première fois..."

Tiens, en bonus, une chanson de Gaston Ouvrard qui illustre assez bien le problème:

"Depuis que je suis sur la terre ,
C'n'est pas rigolo.
Entre nous, Je suis d'une santé précaire,
Et je m'fais un mauvais sang fou,
J'ai beau vouloir me remonter
Je souffre de tous les côtés.

J'ai la rate
Qui s'dilate
J'ai le foie
Qu'est pas droit
J'ai le ventre
Qui se rentre
J'ai l'pylore
Qui s'colore
J'ai l'gésier
Anémié
L'estomac
Bien trop bas
Et les côtes
Bien trop hautes
J'ai les hanches
Qui s'démanchent
L'épigastre
Qui s'encastre
L'abdomen
Qui s'démène
J'ai l'thorax
Qui s'désaxe
La poitrine
Qui s'débine
Les épaules
Qui se frôlent
J'ai les reins
Bien trop fins
Les boyaux
Bien trop gros
J'ai l'sternum
Qui s'dégomme
Et l'sacrum
C'est tout comme
J'ai l'nombril
Tout en vrille
Et l'coccyx
Qui s'dévisse

Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque,
Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant.

Pour tâcher d'guérir au plus vite,
Un matin tout dernièrement
Je suis allé à la visite
Voir le major du régiment.
A un méd'cin très épatant.
D'où souffrez-vous ? qu'il m'a demandé.
C'est bien simpl' que j'y ai répliqué.

J'ai la rate
Qui s'dilate
J'ai le foie
Qu'est pas droit
Et puis j'ai
Ajouté
Voyez-vous
C'n'est pas tout
J'ai les g'noux
Qui sont mous
'ai l'fémur
Qu'est trop dur
J'ai les cuisses
Qui s'raidissent
Les guiboles
Qui flageolent
J'ai les ch'villes
ui s'tortillent
Les rotules
Qui ondulent
Les tibias
Raplapla
Les mollets
Trop épais
Les orteils
Pas pareils
J'ai le cœur
En largeur
Les poumons
Tout en long
L'occiput
Qui chahute
J'ai les coudes
Qui s'dessoudent
J'ai les seins
Sous l'bassin
Et l'bassin
Qu'est pas sain

Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
D'être toujours patraque,
Ah ! bon Dieu ! qu'c'est embêtant
Je n'suis pas bien portant.

etc.


L'Rag'
Dernière édition par Rag' le 18 Juin 2009, 15:24, édité 1 fois au total.

Messagepar al27 » sa fiche K
» 18 Juin 2009, 14:59

Salut,

Pour moi il y aurait 3 pistes:
1. Tu es un angoissé et la CAP est un moyen pour toi de faire baisser l'angoisse mais, la compétition surajoute de l'angoisse qui ne peut plus être contenue seule par la CAP et donc tu somatises. Pour ça c'est un psy qu'il te faut (je te fais un forfait si tu veux)

2. Le corps anticipe des sensations (on a l'odeur de la crêpe quand on en voudrait une). Du coup l'échéance d'une compétition où il y aura de la douleur est anticipée par le corps. Là il n'y a qu'une solution : être bien entrainé pour avoir moins mal en compet et donc moins d'anticipation à la douleur sur la prochaine course.

3. C'est de l'anxiété d'avant course (d'où contracture nerveuse...Là c'est la préparation mentale, du yoga... etc qui pourrait diminuer les douleurs. Il ne faut pas négliger aussi la peur de la blessure qui pourrait annuler la course, d'où un changement de posture que le corps n'est pas habitué à gérer.

4. Nous sommes peut être plus à l'écoute de notre corps avant une course et une petite douleur habituellement peu perçue devient avant une compet un sujet d'angoisse.

Pour les autres raisons je laisse les spécialistes de la douleur parler.
A plus,
Al27

Messagepar olivier30 » sa fiche K
» 18 Juin 2009, 17:36

Tiens, Al, tu pourras peut être me répondre sur ce point : n'y aurait-il pas une possibilité de plus que j'appellerais

- l'illusion de l'excellence : En ayant des douleurs avant, on se crée un handicap pour le jour de la course, qui ne fera qu'augmenter notre fierté de l'avoir réalisé malgré le handicap.

J'avais lu un truc comme ça dans une des explications de la procrastination (tout remettre au dernier moment en glandouillant jusqu'à la drnière minute).
On se crée ainsi une valorisation supplémentaire, et une excuse en même temps (je l'ai pas fais super bien, mais je l'ai fait en 5 min)

si ça peut aider...
amicalement

Messagepar al27 » sa fiche K
» 18 Juin 2009, 17:53

Effectivement,
Sauf que remettre quelque chose au lendemain peut être aussi un symptôme dépressif ou de névrose de choix.

Mais je pense que l'accumulation de difficultés avant une course valorise d'autant plus la victoire. Ce qu'il faut aussitôt ajouter c'est que la douleur est là quand même et que donc on est effectivement plus méritant.
Cependant le Rag nous dit que lors de la perf la douleur n'existe plus, je ne pense donc pas que ce soit son cas.

A plus,
Al27

Messagepar sarajevo » sa fiche K
» 18 Juin 2009, 20:55

il faut dire que le Rag ... a fini en sprint le trail de Faverges ...(moi je marchais sur ma cheville valide)
Ses symptomes se terminent quand il se rend compte qu'il reste 200 mètres ... :lol: :lol:

a+
pierre

Messagepar Papillon » sa fiche K
» 18 Juin 2009, 21:45

Oui, il y a aussi le mec qui part en se disant "j'ai mal partout"... comme ça il se déculpabilise à l'avance d'une éventuelle contre-perf, j'ai déjà vu le cas.

Messagepar Rag' » sa fiche K
» 22 Juin 2009, 15:00

Merci pour vos réponses.

Déçu du peu d'enthousiasme qu'a suscité le sujet...

Suis-je le seul à somatiser?


Aïe, j'ai mal!

Ça m'apprendra...

Messagepar chokkomon » sa fiche K
» 22 Août 2016, 19:26

Bonjour,
je viens de découvrir ce post qui date un peu mais j'ai envie d'apporter ma pierre à cet édifice de la performance sportive.
Mon expérience m'a appris que la douleur a une fonction, et qu'il faut l'écouter.
Cela va à rebours de l'idée "plus je me fais mal meilleur je serais" mais toujours d'après mon expérience, tout d'abord il y a un point de non retour au delà duquel on est fracassé sans retour. Par ailleurs je crois qu'il faut apprendre à distinguer une douleur gérable qui fait partie d'un processus de développement quand on veut améliorer sa performance ou qu'on s'habitue à de nouveaux mouvements par exemple.
On peut pour commencer travailler sur l'amélioration de l'organisation corporelle, avec des mouvements plus justes, qui consomment moins d'énergie et sont plus efficaces. Cela passe par apprendre à prendre conscience de comment on bouge, voire carrément de certaines parties du corps ou de groupes de muscles. Le Feldenkrais est la meilleure méthode que je connaisse pour cela.
Si les douleurs sont chroniques ou suivent un schéma répétitif, cela peut être un signal d'alarme vis à vis d'une situation qui nous met mal à l'aise. Dans ce cas la médecine allopathique traditionnelle est impuissante puisque son credo est "revenez quand vous serez totalement cassé et on vous opèrera", ce qui ne règle pas la cause du problème.
Pour ma part j'ai bénéficié de l'approche chinoise. Pour donner un aperçu de leur idée de santé, imaginez qu'un médecin chinois affecté à un district dans la Chine ancienne (cad avant 1912) était payé aussi longtemps que les gens du village n'étaient pas malades; s'ils le devenaient, il cessait d'être payé! D'où 5000 ans de développement de pratiques visant à entretenir la santé tant mentale que physique, au lieu d'attendre d'être cassé pour s'en préoccuper. C'est l'autre différence fondamentale, le fait que l'humain est vu comme complet, cad physique, mental, émotionnel, issu d'une lignée et donc avec la mémoire du corps.
Personnellement, ça m'a permis de trouver le lien entre mon corps et mon mental, et de me débarrasser de pas mal de blocages qui me paralysaient littéralement. Le mouvement a pu reprendre, malgré quelques séquelles que j'ai appris à gérer.
J'espère que ce post sera utile.

Messagepar CAPCAP » sa fiche K
» 24 Août 2016, 20:19

chokkomon a écrit:...Le Feldenkrais est la meilleure méthode que je connaisse pour cela...


Bienvenu sur Kikouroù, chokkomon! 8)

Je ne connaissais pas la méthode Feldenkrais, ça doit pouvoir intéresser bien des gens. Merci pour ce partage. :wink:

D'autres Kikous connaissent et ont des avis sur la méthode? :roll:

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